par Moloch » 11 oct. 2007, 14:36
La journée était grise, froide et humide, calme brouillardeuse et morne.
Les conversations des rares voyageurs, ombres indistinctes, se résumaient
à des monosyllabes péremptoires grommelées au détour d'un chemin.
Puis, la bruine s'était installée, tirant hermétiquement les rideaux du monde.
Le long des murailles du monastère, désormais boueuses, se faufilaient
des silhouettes grises et brunes, têtes rentrées dans les épaules d'un air de chien battu.
Le gardien était absent. Du feu accueillant que Brutus laissait habituellement flamber,
il ne restait que cendres froides, éparpillées.
C'était un jour pourri, rongé jusqu'au trognon par le ver de la morosité.
Demeurant un instant immobile entre les portes entrebâillées,
Moloch contempla d'un air sombre la place vide qu'occupait le Portier de son vivant.
« Tous les hommes naissent condamnés, disent les sages. Tous tètent le sein de la mort.
Tous s'inclinent tôt ou tard devant ce monarque silencieux. Ce souverain
des ténèbres lève un doigt; une plume volette et se pose à terre.
Nulle raison dans son chant. Les « bons » partent jeunes, les « mauvais » prospèrent. »
L'Equilibre ?
Moloch secoua la tête et se courba pour pénétrer dans l'enceinte du monastère.
Ses épaules supportaient l'invisible poids du doute et de la culpabilité,
l'indicible fardeau des « et si ».
Après un dernier regard en arrière, il se détourna du fantôme de Brutus,
laissant l'immense porte se refermer en claquant derrière lui,
sonnant le glas d'une époque désormais révolue.
La journée était grise, froide et humide, calme brouillardeuse et morne.
Les conversations des rares voyageurs, ombres indistinctes, se résumaient
à des monosyllabes péremptoires grommelées au détour d'un chemin.
Puis, la bruine s'était installée, tirant hermétiquement les rideaux du monde.
Le long des murailles du monastère, désormais boueuses, se faufilaient
des silhouettes grises et brunes, têtes rentrées dans les épaules d'un air de chien battu.
Le gardien était absent. Du feu accueillant que Brutus laissait habituellement flamber,
il ne restait que cendres froides, éparpillées.
C'était un jour pourri, rongé jusqu'au trognon par le ver de la morosité.
Demeurant un instant immobile entre les portes entrebâillées,
Moloch contempla d'un air sombre la place vide qu'occupait le Portier de son vivant.
« Tous les hommes naissent condamnés, disent les sages. Tous tètent le sein de la mort.
Tous s'inclinent tôt ou tard devant ce monarque silencieux. Ce souverain
des ténèbres lève un doigt; une plume volette et se pose à terre.
Nulle raison dans son chant. Les « bons » partent jeunes, les « mauvais » prospèrent. »
L'Equilibre ?
Moloch secoua la tête et se courba pour pénétrer dans l'enceinte du monastère.
Ses épaules supportaient l'invisible poids du doute et de la culpabilité,
l'indicible fardeau des « et si ».
Après un dernier regard en arrière, il se détourna du fantôme de Brutus,
laissant l'immense porte se refermer en claquant derrière lui,
sonnant le glas d'une époque désormais révolue.