Un peu de lecture

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Re: Un peu de lecture

par Phemt » 19 sept. 2004, 20:44

bump

Re: Un peu de lecture

par Isatys, seule et unique Répurgatrice ... » 31 août 2004, 16:45

on reconnait ta conscience professionelle

toujours à animer ce forum avec des trucs super intéressants et qui ont un rapport avec l'océan ...

merci pour la lecture !

Un peu de lecture

par Phemt » 31 août 2004, 00:30

[Dans un coin de la taverne on pouvait trouver épinglé
au mur un vieux parchemin manuscrit par un aède de
passage:]


"Or, par cette nuit glaciale d'hiver, lorsque le
Péquod piquait sa cruelle proue dans les vagues
rusées, que vis-je, debout au gouvernail ?
Bulkington ! Je contemplais avec une respectueuse
sympathie cet homme qui, en plein hiver, débarquant
à peine, après un voyage dangereux de quatre ans,
pouvait de nouveau, sans repos, se mettre en route
pour une randonnée tempétueuse. La terre semblait lui
brûler les pieds. Les choses les plus merveilleuses,
on ne peut jamais en parler. Les souvenirs les plus
profonds n'ont point d'épitaphes; ce mince chapitre est le tombeau sans pierre de Bulkington. Laissez-moi
seulement dire qu'il en advint de lui comme du
vaisseau battu par la tempête, lequel se fraie
péniblement un chemin sous le vent, vers la côte. Le
port voudrait lui porter secours; le port est plein
de pitié; dans le port il y a la sécurité, le
confort, le foyer, le souper, des couvertures
chaudes, des amis; tout ce qui est bon à notre
faiblesse mortelle. Mais, dans la tempête, le port,
la terre, représentent le plus grand dangerer pour ce
vaisseau. Il lui faut fuir toute hospitali-té. Un
frôlement du rivage, même s'il ne faisait que raser
la carène, l'ébranlerait tout de son long. Il doit
déployer toutes ses voiles et donner tout ce qu'il
peut pour s'éloigner de la terre et, ainsi, lutter
contre les vents mêmes qui voudraient le pousser vers
le refuge. Il lui faut retrouver les grandes mers
ouvertes, toujours loin de la terre, car son seul
salut est de piquer désespérément dans le danger, son
seul ami, son amer ennemi. A présent, Bulkington,
sais-tu? Crois-tu avoir quelque peu entrevu cette
mortelle et intolérable vérité? Sais-tu que toute
réilexion profonde et sérieuse n'est que l'effort
intrépide de l'âme pour garder la pleine liberté de
la mer, quand les vents les plus sauvages du ciel et
de la terre conspirent pour te rejeter sur la côte
traîtresse et esclave? Mais puisque, seule, dans le
détachement de la terre réside la vérité la plus
haute, la plus illimitée — aussi illimitée que Dieu —
il vaut donc mieux périr dans cet infini hurlant que
d'être ignominieusement rejeté aux terres sous le
vent, même si elles sont sûres! Oh! qui voudrait
ramper lâchement sur la terre comme un ver ?
Terreurs terribles! Auras-tu connu ces agonies en
vain? Courage, courage, ô Bulkington! Durcis-toi,
demi-dieu. De l'écume de la mort océane s'élèvera ton
apothéose."

Sir Melville

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