Un grand jour !

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Re: Un grand jour !

par Feen » 19 mai 2015, 17:47

Après une bien longue période de disette voici qu’enfin une journée se termine dans la cité des sables
en laissant les cœurs heureux et les ventres pleins. La foule affamée, qui réunissait en ce début
de journée plusieurs milliers de personnes, n’en est plus réduite qu’à quelques centaines, les derniers
sacs de grains sont distribués par la garde et le peuple désormais heureux voit enfin l’espoir renaître.
L’astre du jour est prêt à disparaître et chacun pense alors que cette date restera gravée dans
les mémoires comme un moment de liesse, d’amour et de confiance du peuple envers son Pharaon.

Soudain pourtant des cris s’élèvent d’un groupe d’hommes. Événement isolé au milieu du bonheur
ambiant aurait-on pu penser... mais bientôt les cris se propagent et la colère gronde. Un vent de révolte
souffle à nouveau sur Balanoum mais nul ne semble en connaître la raison. C’est finalement une foule
en colère qui se détache des plus affamés et se détourne de la distribution de nourriture pour se diriger
vers le pont du Mnevis en direction de la cité Sacré. Des torches s’allument, le pas est lourd, les voix
s’élèvent, entendus jusqu’au sein du palais !
Les citoyens oseraient-ils porter la violence jusqu’aux portes du saint des saints ? Le respect et l’amour
qu’ils ont pour leur guide saurait-il être effacé par la grogne populaire ? Ce jour du pain devrait donc
être rebaptisé la nuit sanglante...
Non, aujourd’hui encore, la déférence de la populace envers leur Pharaon, tels des enfants pour leur père,
ne saurait être effacé si facilement et c’est sur le pont qu’elle s’arrête.

Comme lors de la première émeute, la prêtresse s’interpose, tentant de ramener le calme afin d’éviter
tout bain de sang. Mais, si quelques-uns semblent réceptifs aux messages de paix qui leurs sont assénés,
d’autres au contraire y sont complètement rétifs et la jeune femme est bientôt débordée par ce flot de colère !
Armés de torches, c’est contre la cité que ces individus décident de tourner leur colère et bientôt
l’incendie fait rage, des groupes se détachent et propagent le feu aux quatre coins de la cité !

Finit la liesse ! Aujourd’hui Balanoum brûle !

Un grand jour !

par Lazuli » 03 avr. 2015, 15:24

Aussi loin que puisse remonter la mémoire d'un peuple, la vie est composée d'une succession de journées.
Certaines sont agréables et s'écoulent, du matin au soir, sans que l'on s'en aperçoive. Il y a les aubes de printemps
qui emplissent les coeurs de bonne humeur, les bons repas et les ivresses qui éclipsent les soucis, les idylles, les récoltes
abondantes... D'autres journées ont un goût plus amer et égrennent leurs minutes interminablement, comme un sablier qui contiendrait
à lui seul le grand Désert. Nous parlons de ces sombres crépuscules, annonciateur d'une longue nuit d'hiver durant laquelle le froid
s'insinue jusque dans vos os, de ces longues marches sur des chemins caillouteux, du labeur sous le soleil brûlant, de ces matinées
qui succèdent les soirées arrosées...

Toutes ces journées s'entremêlent et se répètent, les unes après les autres, dans ce cycle que l'on appelle la vie quotidienne.
A peine terminées, elles laissent leur place au lendemain et il ne reste d'elles pas plus de souvenirs que ceux d'une dune
déplacée par le vent. Et pourtant...

Pourtant, quelques rares exceptions se démarquent des autres et se fixent dans les mémoires. Ces journées là, on en parle de
génération en génération. Et c'est justement l'une de ces journées qui a commencé ce matin !

Dans le Chaudron, le quartier pauvre de Balamoun, un groupe de quelques hommes d'armes, menés par un supérieur de la Garde,
a pris possession des alentours du dispensaire.

Rapidement, un périmètre de sécurité a été établi et des tables ont été installées
dehors. Sur celles-ci ont été déposés de gros sacs en toile, plein à craquer de nourriture.

Parmi les gardes se tenait une jeune femme, prêtresse d'Horosis, pour superviser le bon déroulement des évènements.

Un homme est passé près d'elle, dehors, curieux, et il ne se passa pas plus d'une seconde avant que ses
yeux ne s'écarquillent devant un tel spectacle. Aussitôt, il en oublia son pas trainant, sa fatigue et
son humeur résignée pour partir, courant à toute jambe, clamer la bonne nouvelle :

"A MANGER ! LA NOURRITURE EST LA ! VENEZ TOUS ! A MANGER !"

Un deuxième homme apparu, suivi d'un troisième. Puis ce fut une femme. S'en vînt une seconde,
avec des enfants, et bientôt la place se remplit de pauvres hères, avec dans le regard une étincelle
d'espoir, un feu nouveau que la couleur terne des vêtements usés, des visages encrassés et de la souffrance
ne parvînt pas à étouffer.

On put entendre une clameur se lever dans les ruelles, dans les logements et sur les toits. Des cris, des chants,
des rires. Le quartier, jusque là si triste et silencieux, s'emplit d'une symphonie de voix. A tel point que cela
en devint assourdissant !

Le Chaudron se remplit, le Chaudron bouillonna, la distribution avait commencé !

Il s'est amassé là une multitude comme on en avait jamais vu auparavant. Les gens se sont pressés et bousculés, forçant
les gardes à redoubler d'efforts pour garder le contrôle de la situation.

Puis l'on vit la prêtresse bondir et filer telle une flèche pour disparaître dans la foule.
Des cris s'élevèrent, étouffés malheureusement par ceux de la foule et l'on ne saura jamais exactement ce qui s'est joué là.
Quoiqu'il en soit, des gardes finirent par se détacher de leur groupe pour créer une brèche dans l'attroupement et en extirper la jeune
femme, les vêtements salis et les cheveux en bataille. Cette dernière tenait dans ses bras une enfant décharnée à qui elle venait d'éviter
une mort certaine par piétinnement.

Le soir tombe à présent sur Balamoun et alors que le soleil rend les armes, on entend murmurer dans la foule quelques interrogations.

- Qui est cette prêtresse ?

- Vous avez vu ce qu'elle a fait ?

- Elle a sauvé l'enfant !

- Il parait que c'est elle qui a rassemblé la nourriture.

- Elle dit qu'Horosis marche à son côté.

Bientôt, c'est un prénom qui est sur toutes les lèvres, qui se parle, se crie, s'échange et se repète dans tout le quartier.
Les rues, d'ordinaire si calmes, étaient déjà devenues bien agitées depuis le début de la journée, mais ce n'est rien
comparé à l'effervescence qui survient à présent.

Cette fois les clameurs dépassent les limites du quartier et c'est dans toute la ville que l'on scande le même nom :

"Feen ! Feen ! Feen !"

Plus tard, c'est sur, il se dira que même Pharaon l'a entendu depuis son palais doré de la Cité Sacrée.

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