[RP] Bréviaire du jeune Sectaire

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Shanys
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[RP] Bréviaire du jeune Sectaire

Message par Shanys »

[HJ]Il y a de nombreuses façons de jouer un(e) Sectaire, tout en respectant le RP de la classe. Ceci n'est qu'un exemple, un exercice de style. Le texte de Shanys est sensé faire partie d'un manuscrit regroupant les opinions de divers Sectaires. Ces autres écrits n'existent pas, pour préserver la liberté de jeu de chacun.[/HJ]

PARTIE IV. Le manuscrit de Shanys

A l'heure de son ordination, le jeune Sectaire entr'ouvre sans le savoir une porte derrière laquelle l'attend une tâche colossale et d'autant plus gratifiante. Tout à la joie de mettre sa foi au service de son Dieu, de son souverain, de sa cité et de ses concitoyens, le novice ne mesure pas forcément les difficultés à venir ni les moyens dont il dispose pour en venir à bout.

Et cependant, sans s'en rendre compte, il a déjà en main tous les outils nécessaires à l'accomplissement de ses devoirs. Par la grâce d'Hôrosis, louée soit sa sagesse, tout est déjà écrit en sublime simplicité et clarté. Le Sectaire doit :

-Accomplir diverses cérémonies pour le Dieu,
-Faire des recherches sur le passé de la Pyramide,
-Répandre la parole d'Hôrosis de par le continent,
-Veiller à la sécurité de Balamoun et des ses habitants, ainsi qu'au respect de sa culture.

Et il doit le faire en obéissant aux Commandements d'Hôrosis, qui sont :

- Agis toujours de manière responsable et sage.
- Respecte la Mort et fait la respecter, c'est la seule chose qui soit commune et égale pour tous.
- Ne porte pas de jugement sur ce que font les autres, le Bien et le Mal sont des notions relatives, seuls les dieux peuvent juger en toute équité.
- Aide la Pyramide à retrouver son ancienne gloire en assistant tous ceux qui y vivent.

De par ce qui précède, l'oeuvre du Sectaire consiste en une subtile alchimie entre le sacré et le profane, entre le divin et l'humain, en se servant de l'un pour sublimer l'autre. Parfait équilibre, totale symbiose. En un mot : harmonie.

Le choix d'un qualificatif artistique n'est pas le fruit d'une plumitive divagation, ni de la recherche d'un effet de manche creux et vaniteux.

Le Sectaire se doit d'être comme le peintre devant la toile vierge. En tête, l'enseignement du Maître et la pratique de l'art. En main, la palette des couleurs, et il n'est point besoin d'en avoir cent. Les trois couleurs primaires, le blanc. Ni plus, ni moins.

A partir de ce peu, l'artiste sait faire naître le bois, le métal, la chair, le verre, la pierre, l'étoffe, la plante, la lumière et l'ombre, le regard et l'émotion, qu'il restituera en une parfaite composition.

De même le Sectaire, à partir des simples Commandements d'Hôrosis et de la liste des tâches qu'il a à remplir, saura t-il composer une oeuvre qui servira tout à la fois son Dieu, Pharaon son souverain, et ses frères et soeurs du peuple de la Pyramide. Servir est bien la clé de tout. Servant, et non point servile, ce qui rend sa noblesse au serviteur, et il doit en être ainsi, en toute vérité et humilité.

Le jeune Sectaire se gardera de l'orgueil. Il progressera non pas par ambition, mais parce que meilleur il sera, mieux il servira. Il aura constamment à l'esprit l'Oeuvre Commune, s'intéressera aux talents des autres acteurs de la Pyramide, et veillera à ce que son travail complète et enrichisse le leur, au lieu de rivaliser stérilement. Il partagera, sous réserve du respect des lois et l'approbation de ses Maîtres, ce qu'il aura appris et réalisé. Il laissera témoignage de son travail.

Et ce disant, le novice n'oubliera jamais que d'aucuns, plus sages et avisés que lui, ont décrété que certains lieux et certains savoirs ne sont accessibles qu'aux seuls membres du clergé. En attendant de comprendre pourquoi, il mettra ses pas dans ceux de ses ainés. Prudence et silence seront ses alliés. Ses Maîtres sauront pour lui ce qui doit être dit et ce qui doit être celé.

Ainsi me sont apparues, par la prière et la méditation, les bases sur lesquelles j'ai commencé mon travail. Ces quelques lignes, et celles qui suivront, ne prétendent pas être exhaustives, ni contenir toutes les vérités. Elles peuvent être entachées d'erreurs dues à l'inexpérience. Nos faiblesses humaines nous font souffler par mégarde la plupart des flambeaux qu'Hôrosis nous tend pour nous guider sur notre route. Mais le chemin qui mène à la perfection est si étroit qu'une petite chandelle suffit parfois à l'éclairer...
...et la petite fille semblait née l'instant d'avant, pétrie d'argile blonde, modelée d'une poignée de désert
Shanys
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Re: [RP] Bréviaire du jeune Sectaire

Message par Shanys »

...alors viendra la première difficulté du noviciat : par où commencer ?

Le soir de son ordination, le jeune novice sera bien inspiré de choisir une haute terrasse, de laquelle son regard embrassera toute la ville, et de méditer dans la fraîcheur vespérale.

Les Commandements d'Hôrosis et la liste des tâches qu'il a à accomplir ne sont que les bornes du chemin. Il a toute liberté, à l'intérieur de ces limites, d'oeuvrer. Il faut avoir conscience que tout, ou presque tout, reste à faire.

La Pyramide émerge à peine d'un abandon de nombreux siècles. Un tel sommeil ne se chasse pas aisément. Autour de l'édifice sacré s'est bâtie une ville, dont il faut faire prospérer la culture, tout en tâchant de tirer de l'oubli l'obscure culture des Anciens. C'est une renaissance. Que le novice ne compte que sur lui-même, et ne soit pas surpris d'entendre jérémiades et railleries venant d'esprits forts qui parcourent les rues en se pinçant le nez, bien qu'ils aient choisi de s'établir là, et que personne ne les y retienne.

Il ne s'arrètera pas non plus à la condescendance des visiteurs. Ils ont contemplé ailleurs des choses plus glorieuses et trouvent pathétiques les progrès timides qui sont les nôtres. Ils n'ont ni la patience, ni l'humilité que le Désert nous apprend. Ils ne sont pas du Sable. La plupart d'entre eux ne comprennent rien à Balamoun. Ils sont comme l'idiot qui se penche sur un puits, voit le reflet des pierres sur l'onde, et en déduit que le puits est à sec. La patience est une vertu indispensable, et tout particulièrement quand les étrangers s'inventent à propos du travail des prêtres d'Hôrosis un savoir qu'ils n'ont pas et débitent une litanie d'âneries.

Aussi faut-il prendre sur soi, garder à l'esprit que notre cité est réputée pour sa tolérance. Ceci explique d'ailleurs cela. Les fâcheux font les fâcheux chez nous parce qu'ils y trouvent la liberté de le faire. Ailleurs, ils ont la prudence de se taire, sâchant ce qui peut leur en coûter de faire les coqs. Nous qui savons qu'ils comparaitrons devant le Dieu dépouillés de tout ce qui avait pu faire leur fierté et leur pouvoir, soyons indulgents.

Toi, le novice qui me lit, chasses de ton esprit toutes ces futilités. De ta terrasse, dans la pénombre du soir, écoutes le vent qui t'apporte les fragrances poivrées du Désert Eternel et les notes de musique de celui qui joue du rebec pour son amoureuse. Sens dans ton ventre le coeur de Balamoun qui bat.

Apprends à voir ! Cette lueur tremblotante, c'est le feu que la mère active pour le souper. Autour, il y a le père et sa fatigue d'un jour de labeur, et les enfants qui regardent les flammes, et la promesse du conte du Pêcheur et de l'Effrit qu'on leur racontera s'ils sont sages.

Ce trait de fumée au dessus du caravansérail, ce sont les houkas des nomades qui attendent en silence le verdict du plus ancien d'entre eux, à qui ils ont confié l'arbitrage d'un litige. Lui prends son temps. Sa peau est tannée et recuite comme le pain. Ses yeux sont deux diamants dans un visage de cire. Il a vu se lever des milliers de soleils.

Cet éclat de voix lointain, c'est la femme qui houspille son époux. Le sable et la poussière entrent et s'insinuent partout. La porte va t-elle se fermer toute seule ? Là encore, ces deux silhouettes furtives qui marchent. Lui prend une voix grave, rassurante, murmure des mots doux, pose une main sur sa taille. Elle, se dérobe pour le plaisir de le voir essayer encore, secoue ses longs cheveux en faisant non de la tête, mais lui coule de biais de petits regards et sourires encourageants. Ils vont s'aimer cette nuit dans l'ombre complice.

Mais suis-je sûre d'avoir bien vu ? N'était ce pas plutôt deux marchands, dont l'un presse l'autre de régler une dette ? Ou deux détrousseurs complotant un mauvais coup ? Je ne sais plus. La ville m'envoie un million de voix, un million de bruits, un million d'odeurs. Ce vénérable vin qui me tourne la tête abat mes défenses et tout Balamoun maintenant y tourbillonne, enivrante, palpitante de vie, prête à se livrer comme une amante qui attend juste qu'on s'intéresse à elle, et qu'on l'aime.

Elle est là, étendue devant moi, nonchalante. Ses grands yeux noirs sont soulignés d'un trait de khôl. Les paumes de ses mains sont marquées d'arabesques. Ses hanches sont pleines comme les dunes. Des bracelets brillent au dessus de ses petits pieds nus. A moins que ce soit mon amante, tout près de moi, qui sourit de ma légère ivresse. Qu'importe. En aimant l'une, j'aimerai l'autre, et les servirai toutes deux.

Toi qui me lis, tout est là : aimer pour servir. Le Mnevis coule paisible. Le blé lève dans l'échiquier délicat des parcelles. Les voix des ancêtres somnolent dans la bibliothèque et n'attendent que toi pour les écouter. Tout ton travail est un acte d'amour pour ta Terre et ceux qui y vivent...
...et la petite fille semblait née l'instant d'avant, pétrie d'argile blonde, modelée d'une poignée de désert
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