De fer et de sang

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Un forgeron

De fer et de sang

Message par Un forgeron »

*** Ce texte peut choquer les âmes sensibles ***


CLING !
CLING !
CLING !


[ Un bruit assourdissant résonnait déjà à travers la lourde porte lorsque Albert se présenta devant celle-ci. il s'accorda quelques secondes pour reprendre son souffle avant d'entrer. Il avait couru aussi vite que ses frêles jambes le lui avait permis. Ses plantes de pieds nues le lancinaient, écorchées par la pierre abrasive du volcan durant sa descente.
Albert se décida à actionner la lourde poignée et entrouvrit la porte. Il fut accueillit par une plainte sourde résonnante au milieu d'une brume tenace, mélangeant suie, vapeur et sueur qui s'empressa de l'envelopper telle une tenaille.
Des esclaves livides et décharnés s'activaient frénétiquement, comme s'ils jouaient leur vie à chacun de leurs mouvements. La lumière chaude brillait, fugace, dans un des coins de la large pièce. Une ombre imposante se mouvait, cadencée et inlassable. Albert fit une petite moue avant de se munir de tout son courage pour franchir le pas de la porte. Dans sa tête, il se répétait une phrase inlassablement. ]


- Les mines... les mines sont pires...


CLING !
CLING !
CLING !


[ L'homme se tenait à ses manches loqueteuse et le métal de ses chaînes crissaient contre les dalles de pierres grises. Avançant à tâtons, il reconnut une des pointes du pentacle peint à même le sol. Il butta alors contre un seau de charbon qui se renversa à terre, vomissant son contenu noirâtre. Son visage se tordit comme si une flèche s'était planté entre ses omoplates au même instant. ]


- Non, non !


CLING...


[ Le bruit s'arrêta et l'ombre menaçante se figea. Une voix caverneuse trancha la brume de sa sonorité lourde. ]


- Mmmh, qui est là ?!


[ Albert n'eut pas le temps de se baisser pour ramasser le seau, que déjà d'autres esclaves s'étaient précipités pour effacer toutes traces de son méfait. Tous leurs yeux apeurés étaient tournés vers lui et l'observaient avec anxiété. Le petit homme s'avança de quelques pas et réunit son courage pour faire sortir un son de sa bouche. ]


-Alb... Albert, Maître.


[Après de longues secondes qui semblèrent interminables, l'ombre se déplaça en sa direction, la silhouette se précisa, et lorsque ses yeux le distinguèrent, Albert en vint presque à regretter les mines. Une voix forte vint alors le rappeler à la réalité.]


- Ah Albert ! Parle, des nouvelles des extractions ?!


[ Albert rassembla le peu de force qui lui restait et déblatéra d'une traite son texte. ]


- Un puits s'est effondré dans les mines, des esclaves sont morts et avec eux le minerai. Ceux qui en ont réchappé s'activent pour retrouver les chariots, Maître.


[ Un silence de cathédrale s'installa quelques secondes, même le crépitement du feu semblant se taire. Finalement un râle contrarié se fit entendre. ]


- Mmmmh...
Bande d'incapables, dois-je moi-même aller chercher ce minerai !
Vous n'êtes qu'un ramassis inutile, qu'ai-je fait pour mériter ça ? Je ne peux me permettre de ralentir la cadence.

- Vous avez raison Maitre, nous récupérerons le minerai, soyez-en sur.

- bien sur que oui. Vous, ou vos propres cadavres animés le feront.


[ La brume s'était quelque peu dissipée, laissant Albert fasse à une montagne de muscle. Un marteau d'une dimension incroyable, tournoyait dans sa main droite. L'outil devait au-moins peser son propre poids, se disait-il. ]


- Je ne peux me permettre de ralentir, la cadence doit être maintenue, tu comprends !
Ce n'est pas les mages qui vont m'aider ! Leur magie a disparue, ils accourent à mes pieds maintenant, ils ont besoin de moi !
MA magie, elle, n'a pas disparut. Au contraire !

- Maître, de quelle magie parlez-vous donc ?


[ Albert s'en voulait déjà de sa curiosité. Mais en lui vivait encore l'espoir de s'échapper, de fuir, de retrouver l'armée du Sud. Alors il dévoilerait le plus d'informations qu'il aurait récolté dans cet enfer. Lorsque votre vie ne compte plus, on s'accroche aux rêves les plus fous, dit-on.
Le géant ne sembla pas outragé par la demande, il en vint même à dévoiler sa dentition et afficher un sourire plus qu'étrange. ]


- Qu'elle-est donc ?! Ah ah, dément, tu ne manque pas d'audace !
Mes arcanes sont rassemblés dans mon marteau et mes muscles, Albert.
Les métaux chantent sous ma masse, il se plient à ma volonté et se figent lorsque je leur demande. Les braises flambent de mon regard et rougissent en voyant ma virilité ! Je frappe, je cogne, donnat forme à la mort elle-même.
Martels, haches, lames sont les noms de mes acolytes qui sèment le désespoir et le malheur dans tout Odyssée ! Je suis le commandant de cet armée, froide, logique et sans état d'âme. Je la crée, la façonne et la rend de jour en jour plus mortelle.
Ne suis-je pas moi non plus magicien, Albert !?


[ Albert acquiesça nerveusement, soulagé d'avoir encore la tête sur les épaules. Le marteau dans la main du géant s'arrêta alors de tournoyer et se dirigea vers la tête du petit homme. La masse froide de fonte caressa alors la joue d'Albert, figé. ]


-Le métal ne ment jamais. Lorsque je le travaille, je peux sentir les hurlements de tes compagnons qui l'ont extrait des entrailles de la montagne. Cette souffrance le rend plus dur et plein de haine. Chaque coup que je lui porte, chaque fois que je le place dans les braises sont autant de tortures qu'il n'oubliera jamais. il fera payer son prix. Le sang est sa vengeance, son dû !
Regarde autour de toi, mon armée se fourbit, assoiffée et exaltée. Elle n'attend qu'un signe pour se lancer à l'assaut des plaines du Sud et de ce qu'il reste de tes amis.

Et là...

...Et là, tes magiciens sudistes préfèreront s'étrangler de leurs propres mains, que de gouter mon œuvre !


[ Le forgeron retira sa masse délicatement et la fit à nouveau tournoyer entre sa paume. Sa peaux de suie et son regard flamboyant faisait brûler Albert d'un seul coup d’œil. Son torse de taureau était bâti par les flammes et le fer. Ses mains, cuir épais et ravagé, reflétait tout son art.
La brume s'était désormais totalement dissipée et lorsque le forgeron s'en aperçut, il se retourna et agrippa le premier esclave qui lui passa sous la main, telle une poupée de riz. Serrant le pauvre diable au niveau de la carotide, il le rapprocha de sa propre face. ]


- Les flammes se meurent imbéciles ! Je ne vous ai pas dit d'arrêter de souffler ! Que puis-je faire sans mes flammes !?


[Le forgeron reposa l'esclave et agrippa le poignet de ce-dernier, qui commençait déjà à se confondre d'excuses et de lamentations. Comme si cela pouvait encore servir à quelque chose.
Il plaqua la main de l'esclave sur l'enclume froide et le marteau dessina une courbe d'une célérité incroyable laissant à peine le temps à Albert de fermer les yeux.]


SCHROUTCH !


[ Un hurlement glaçant parcourut la salle pendant quelques secondes, mais déjà les effluves de vapeurs et de suie reprirent possession de la pièce, étouffant le cri désespéré.
Albert en profita pour rejoindre la porte et une fois celle-ci refermée, il se figea contre le bois et se mit à pleurer. Les larmes salées coururent le long de ses joues creuses et finirent par se détachées pour s'écraser dans une petite gouille à ses pieds. De ses froques, un mince filet liquide alimentait la flaque grandissante. ]


CLING !
CLING !
CLING !



***
La Fournaise souhaite un joyeux noël à tout les gens du Sud ! Nous espérons que vous réussirez à apprécier votre dinde ou votre gigot le soir du réveillon sans trop d'anxiété... Mais lorgnez à vos fenêtres de temps en temps, les guerriers du Chaos pourraient s'inviter à la fête !
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YAUM
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Enregistré le : 19 sept. 2010, 15:38

Re: De fer et de sang

Message par YAUM »

Yeahh. Classe mister forgeron. Great story !
Joyeux noel chaotique !!
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