Un nouveau départ...

[Kerl]

Le voyage avait été long et difficile. Les montagnes étaient rudes et revêches, toujours prêtes
à achever l'imprudent qui se laissait aller à tomber dans l'un de leurs pièges. Les vivres que Kerl
avait emportés avaient été rapidement épuisés, et il ne réussit jamais à rattraper ceux qu'il suivait.
Pourtant il ne se découragea pas, poursuivant sa route, et observant ce qui l'entourait. Les tracas
du quotidien qui mobilisaient toutes ses pensées auparavant avait libéré son esprit dès son départ.
Il pouvait enfin se concentrer sur des choses moins terre à terre...

Autour de lui, la roche fourmillait de vie. Proies et prédateurs se livraient une lutte farouche, à
tout les niveaux de la chaîne alimentaire. Chaque mort permettait à une autre vie de se poursuivre,
qui elle même allait être sacrifiée quelques heures ou jours plus tard. Au premier abord, les
prédateurs semblaient avoir l'avantage, mais en y regardant de plus près, on comprenait qu'ils
étaient dépendants de ceux qu'ils attaquaient. Sans proies, ils n'avaient plus qu'à mourir de faim...
De ces observations simples, Kerl réfléchit à l'équilibre complexe qu'avait créé les dieux dans ces
montagnes. Tout en marchant, il s'interrogeait sur le rôle des Hommes dans cet environnement. Faisons
nous parti de cet ensemble, êtres vivants condamnés à se nourrir ou à être mangés ? Ou avons nous été
créés pour veiller à ce qu'il perdure ?

C'est avec cette question en tête sans avoir pu la trancher que Kerl finit par poser les yeux sur les
murs du Monastère, au loin. Le batiment se tenait devant lui, dans toute sa Majesté. Le jeune homme qui
n'avait jamais quitté son foyer ni rien vu d'autre que la cahute dans laquelle il avait vécu en eut le
souffle coupé. C'étaient réellement extraordinaire... Incroyable...

Une fois la surprise passée, Kerl prit quelques minutes pour réfléchir à la force et à la volonté que
devaient avoir eu les batisseurs du Monastère, avant d'aller remplir sa gourde à un ruissau qui coulait
non loin de là. Après avoir bu une gorgée d'eau fraîche, il se remit en route, heureux de voir arriver la fin
de son voyage. Alors que le chemin qui s'ouvrait devant lui promettait milles merveilles à découvrir, la vie
qu'il avait laissé derrière lui s'effaçait déjà de sa mémoire...