[Roman]Carnets de Routes

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La Mano
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[Roman]Carnets de Routes

Message par La Mano »

CARNETS DE ROUTES

Préambule:

Salut à tous, et surtout à toutes. Ceci est une première, un ouvrage racontant la vie d'un menestrel. Peut être pas le plus grand, mais surement le plus original.

Il était une fois un aventurier moderne, coureur de jupon, blanc bec, arrogant pompeux, héros de la plèbe, menestrel argotique, fils de pécore, chansonnier des bas fonds, riche mécène de Brumevent, hédoniste, opportuniste ultime, humoriste, prestidigitateur, mage redoutable, manipulateur mesquin, gouailleur grivois, adorateur de Shanya, amoureux de la femme, j'en passe des pires comme des meilleures....

Donc il était une fois moi, Dragan Doria, connu dans tout Odyssée sous le nom de La Mano. Ce récit n'a aucune prétention. C'est un doux fatras de mes notes de voyages. C'est pourquoi il s’appelle "carnets de route", et il est composé de quelques morceaux choisis, qui je l'espère feront la joie des conteurs et lecteurs de tous horizons....

Il est dédicacé à toutes les femmes qui ont illuminé ce chemin....Alynhoa, Saevitia, Flamme, Hélène...et à mon plus fidèle ami, Ardin, dixit massif central.

Toute ressemblance avec une personne existante est pas du tout fortuite.

I. Premiers Pas:

Ou mon intronisation?

Je m' approché des portes d'un pas nonchalant, l'air oisif comme souvent. Je suis étonné de l'état des lieux, et finit par me retrouver presque nez à nez avec le garde. Je me racle la gorge et lui postillonne dessus avec verve quand il m'interpelle:

-"Qui que v'la? C'est ce bon La Mano mon brave, musicien de mon état.Je viens quérir audience auprès de Dame Orphandilia, afin de devenir un barde aussi émérite que le fameux Azelun, ni plus ni moins! J'espère ne point trop vous importuner dans votre tache si passionnante mon cher ami, mais pourriez vous me faire entrer?"

Putain, j'en fais trop, mais il faudra au moins ça devant la Comtesse. Wilfried me détaille de pied en cap...il doit pas se rappeler ma gueule quand il m'avait arrêté pour vol. J'étais moins bien sapé faut dire.

Une chevalier passe sur son destrier, le bruit des sabots sur la pierre et le clinquement de son armure nous avertissant de son arrivée. Elle nous salue d'un signe de tête et d'un coup de bride, fais partir son cheval au galop vers la passe de Hurlevent.

Je l'ai reconnue, c'est Merewynn, talonnée de près par Léoctania. Ces deux femmes sont plus rugueuses que le roc, avec un caractère trempé dans l'acier de Pelytenas. Qui sait si sous ces armures de plate, bat un cœur glacé de faible femme qui ne demande qu'à fondre. Un jour peut être je m'y risquerais..mais pas aujourd'hui, ni demain, j'ai pas encore la carrure. Je suis assez lucide pour savoir qu’elles ont plus de couilles que moi.

Finalement, ce rustre de soldat m'indique que j'ai qu'à escalader cette tonne de gravas pour entrer au castel. C'est une farce ou quoi? Devoir monter sur un tas de roches pour rentrer dans l'enceinte.....si encore c'était récent....mais non.

Quelques badauds croisés dans la cour, et je me paume dans l'enceinte. Pour atterrir chez le vieux Kalimshan, qui me secoue:

-"Ca ressemble drôlement à un cabinet particuliers de comtesse, ici, hein ? Faut demander aux gardes à l'entrée pour s'y rendre, ici c'est pas un moulin, dans le donjon, y a soit ses appartements, soit la salle du trône, alors bon s'en faut d'y aller et d'éviter de raconter saladeries et autres rimaillages, ici, on travaille..."

Sans blague? il m'a pris pour qui la vieille branche à me parler comme un maraud? Un jour il arrêtera de me regarder de haut.

Je me ballade un moment dans ce dédale de pierre qu'est le donjon, et fait irruption sur le seuil de la salle du
trône en fredonnant. Parcourant attentivement l'assemblée qui me fait face, j'adopte un air sérieux, et m'avance d'un pas décidé face à celle qui assise sur son trône, doit être la maitresse des lieux. Exécutant ma plus belle révérence, je m'incline largement, avant de reprendre contenance un instant, et de dire, d'un ton hésitant:

-"Bien le bonjour, je suis celui qu'on appelle La Mano, humble musicien et prestidigitateur. Veuillez m'excuser de venir troubler la quiétude de votre assemblée, mais je suis ici pour quérir vôtre assistance, Ô Dame Orphandilia, comtesse des Brumes. Je souhaite devenir un barde émérite, et j'ai ouïe dire que c'est auprès de vous que je devrais m'adresser pour réaliser ce rêve....."

C'est la première fois que je croise un futur collègue. Kleberscow, dont la réputation a franchit bien des vals....

-"Oui, mon ami, c'est bien ici. La comtesse va t'écouter des qu'elle t'appellera. Prépare ta prestation et sois toi même."

Me tournant un instant vers le barde, je prend un air de défi, fort d'un sourire malicieux, et lui répond après avoir incliné la tête:

-"J'ai perdu ma sœur mandoline, mais fort heureusement ma langue est encore bien pendue. Je suis prêt..."

Mon tour viendra plus tard ...c'est comme ça à la cour faut être patient. Et je me tais dans mon coin en observant les débats. Kleberscow et un certain Lorak Merillin se livrent une joute verbale, et je sens une certaine agressivité de la part de mon précédent interlocuteur. Quant à Lorak, visiblement comme moi, c'est un prétendant pour rejoindre le cercle.

Dame Orphandilia coupe la discussion d'un ton sec:

-"Conteur Kleberscow, vous êtes par trop sévère et trop intolérant envers ce jeune homme. N'oubliez pas qu'il y a encore peu, vous n'étiez reconnu, alors, que comme un jeune troubadour, et non pas un conteur affirmé comme vous l'êtes aujourd'hui. Auriez vous réussi à persévérer dans cette voie si pour toute critique, vous n'aviez eu que cela? Quant à moi, je ressens du talent et une volonté certaine de bien faire chez ce jeune homme, et sa musique, comme ses vers ont su me toucher. Certes, ces quelques vers étaient courts, et, il est vrai, messire Merrilinn, il vous faudra savoir garder un tel niveau de verbiage tout en allongeant la longueur de vos poèmes pour apparaître aux yeux de tous comme un barde de talent.

Mais, pour le moment, je décèle en vous un talent certain pour la voie que vous avez emprunté, et je souhaite vous voir continuer dans cette voie. Vous avez ma bénédiction pour faire partie des troubadours du castel. Allez donc trouver l'aède Azelun d'Aexarn, et exprimez votre talent devant lui. Puis, quel que soit son avis, revenez en ce castel et racontez moi les expèriences que vous avez pu vivre sur la route. A ce moment, nous rediscuterons de votre avenir parmi les bardes du comté."

Et vlan, dans les dents. Visiblement elle a pas finit de le découper en morceaux:

-"Messire Kleberscow, je crois que vous devriez vous remémorer certains faits, et une certaine philosophie des troubadours. Les faits d'abord: Azelun d'Aexarn est, certes, l'aède le plus fameux de ce continent, mais il n'est pas, en revanche, ni le seul, ni le premier. La philosophie ensuite: un artiste, à mon sens, ne devrait être inspiré que par son esprit, son imagination, et sa liberté. Vous semblez vouer une admiration sans borne à l'aède Azelun, mais cette admiration ne doit pas devenir un lien entre vous et lui. Prenez votre indépendance, et jugez comme vous le pensez, et non pas comme vous pensez qu'Azelun jugerait, et, s'il est certainement vertueux et instructif de vous inspirer de ses vers et de sa pratique, ne dépendez point trop de lui.
Bien sur, cela n'est qu'un conseil, et non un ordre, mais peut être devriez vous y réfléchir..."

Elle aurait du rajouter: Et ce n'est qu'un conseil, fermez votre grande bouche. On peut dire qu'elle lui a mis les points sur les i, et les barres sur les t.
Jeu, point et match....au moins je sais une chose, elle est habile pour deviser, comme le veut sa réputation. J'ai intérêt à pas commettre d'impair si je veux pas finir humilié comme nôtre cher ami.

Merde alors, elle se tourne vers moi! Respires Drag'..respires. Oh merde elle me sourit. J'ai besoin d'air....

-"Il semblerait que les temps soient propices à ce que de nouveaux
talents se révèlent au sein de ce comté. Allez y, jeune homme, nous écoutons vos vers."

-"Je.."

Kleberscow me laisse pas en placer une, et tente de se défendre piteusement. Il a l'air surpris d'avoir pris un tel coup, les yeux écarquillés:

-"Comtesse, je ne pense pas être sévère et, encore moins, intolérant. Je suis comme vous, Lorak a du talent par ses vers et du cœur par sa réponse. Pour Aède, Barde, conteur et Troubadour, je n'oublie pas Les œuvres d'Aenor, de Sifare, de Shana.... La liste est bien longue. Et si j'admire Azelun d'Aexarn, je n'en suis pas moins indépendant."

Son sourire sonne faux, il se force:

-"Comtesse, si vous me le permettez, je souhaite me retirer pour l’étude que je vous ai soumis en privé."

Je pense qu'il fait bien de mettre les voiles, avec la volée qu'il vient de prendre en public. Bref, ça y est, c'est à moi!

-"Merci Comtesse. Malheureusement je n'ai plus de mandoline...mon instrument de prédilection, mais cela ne m’empêchera pas de vous interpréter cette chanson, en votre honneur, et en celui de toutes les dames ici présent...."

Je m'éclaircis la voix. A capella j'ai pas droit à l'erreur...


"Il y a cette musique pour les filles, des jolies notes pour le son
Des répliques en banderilles, mots qui claquent à l'unisson
Il y a cette musique pour les filles, des paroles pour séduction
Et tant que le soleil brille, je vivrai pour cette chanson...

Pour les combler de bonheur
Un jour t'es tu demandé
Si c'était un dur labeur
As tu seulement essayé

Ne dis pas que de malheur
Pour un rien tu l'as frappée
Tout ça pour une petite heure
A présent elle est brisée

Elle te regarde elle a peur
Oui ça y est c'est arrivé
Même en lui offrant des fleurs
Est ce qu'elle va te pardonner

Aurais tu trop de pudeur
Pour ne serais ce qu'essayer
Pour reconquérir son coeur
N' y a t il rien à espérer....

Il y a cette musique pour les filles, des jolies notes pour le son
Des répliques en banderilles, mots qui claquent à l'unisson
Il y a cette musique pour les filles, des paroles pour séduction
Et tant que le soleil brille, je te donnerai pas raison...

Des goujats il n'y a que ça
Tous les mêmes le dit elle
Tu l'as trompée plusieurs fois
Et méprise les donzelles

La pauvre a perdu la foi
Elle se prend que des gamelles
Tout ça à cause de toi
Et pourtant elle est si belle

Tu a voulu faire ta loi
De force lui rouler une pelle
Tu a voulu faire le roi
Lui tripoter les mamelles

Maintenant tu n'as plus le choix
Tu vas devoir faire appel
A qui quoi prendre quelle voix
Tu as pensé à ta cervelle....

Il y a cette musique pour les filles, des jolies notes pour le son
Des répliques en banderilles, mots qui claquent à l'unisson
Il y a cette musique pour les filles, des paroles pour séduction
Et tant que le soleil brille, je te donne une leçon

Primo apprends galanterie
Qualité pour la faire fondre
Secundo la repartie
Des poèmes tu devras pondre

Être à nouveau bon mari
Pas question de se morfondre
Quand elle te dira chéri
Tu sauras quoi lui répondre

Résolutions si jolies
Faudra pas que ça s'effondre
Et pour son anatomie
Ses désirs y correspondre

Elle sera abasourdie
D'avec son prince te confondre
Et redeviendra ta mie
Pas question de la contondre...

Il y a cette musique pour les filles, des jolies notes pour le son
Des répliques en banderilles, mots qui claquent à l'unisson
Il y a cette musique pour les filles, des paroles pour séduction
Et tant que le soleil brille, je te donne la solution

Mais il ne faut pas mentir
Et trouver la conclusion,
Tout ça c'est beau de le dire
Faudra passer à l'action

En premier lui faire plaisir
Ne pas fuir la discussion
Tes manières les assouplir
Arrêter d'être grognon

De joie la faire défaillir
Le faire telle une oraison
Tout un monde à découvrir
Si grisante est la passion

Au plumard la faire jouir
Il y a pas trente six solutions
Tout pour la reconquérir
De mille et unes façons....

Il y a cette musique pour les filles, des jolies notes pour le son
Des répliques en banderilles, mots qui claquent à l'unisson
Il y a cette musique pour les filles, des paroles pour séduction
Et tant que le soleil brille, j'en ferais mon diapason...."


Je m'incline, et pose un genou à terre, avide d'avoir le verdict. J'avais cru que Kleberscow avait débarassé le plancher, mais il s'écrie à l'autre bout de la salle:

-"J'adore ton style ! Certains diront que c'est moins poétique que Lorak mais personnellement, j'adore et j'adhère !"

Ca me fait sourire. Et t'as encore rien vu mon grand....un rival admiratif, ça promet. On se reverra, peut être même qu'on deviendra proches, qui sait? J'ai rien contre la concurrence si l'émulation reste positive.
Les deux autres artistes éloignés, Dame Orphandilia me donne enfin son avis:

-"Jeune homme, votre style correspond fort peu au mien, je dois le dire. Je suis plus comblée par un style chevaleresque et épique que par un style comme le votre, peut être à mon gout quelque peu trop festif, pour ne pas dire parfois grivois!
Néanmoins (et sa voix resta en suspens quelques instants), par delà mon appréciation personnelle de votre musique, je dois reconnaître que vous ne manquez pas de talent. vous avez du culot, de la verve et du verbe, et pour ces raisons, je souhaite vous voir continuer dans cette voie. Je vous donne ma bénédiction pour poursuivre dans la voie des troubadours, quelque puisse être votre gout, et quelque puisse être le mien. Après tout, l'important est d'exprimer son art avec talent, qu'il plaise est une autre affaire, l'important est qu'il soit.
Allez donc maintenant parcourir ce continent à la recherche de l'aède Azelun d'Aexarn, et soumettez lui votre...ode. Puis revenez, et alors, vous serez paré des atours des troubadours."

Ouf..j'ai du retrouver des couleurs, par contre trouver un troubadour ambulante? Ça risque de pas être du gâteau même si c'est une légende vivante.

-"Trouver ce bon Azelun.... ma foi où peut il bien se trouver, je me le demande. A travers tout Odyssée, il se pourrait que je parte à la recherche d'un fil dans une pelote de lin. Mais j'ai bien envie de voir du pays, et le jeu en vaut la chandelle. Je marche.

Avant de partir, je vais voir si les mages du coin pourraient pas m'enseigner quelque sortilège utile, et puis j'irai boire un coup à la taverne avant de prendre mes clics, mais on va éviter les claques..."

J'ai pas trouvé mieux à répondre....et finalement, dehors je retrouve Lorak, qui me dit que l'Aède était à la Baie y a peu. Il doit encore s'y trouver selon lui....parfait. La providence est peut être avec moi. Il décline mon offre de voyager ensemble pour une femme. Tulipe, pas terrible ..et pourquoi pas Marguerite aussi? Pas le temps de bavasser, en route mauvaise troupe!
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La Mano
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Re: [Roman]Carnets de Routes

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II. A la recherche de l'Azelun perdu

Trouver un barde constamment en vadrouille, me voilà bien avanvé. Si jamais j'ai pas le cul bordé de lentilles, ça peut prendre des mois cette affaire...j'en ai conscience. Mais Shanya va me guider jusqu'à lui, faut savoir voir le verre à moitié plein. Entre tous les chants qu'il aura éructés, les ribaudes qu'il aura dépucelées, les litrons de vinasse qu'il aura vidés, et les baffes qu'il aura récoltées, il aura bien laissé quelque trace! Mmmm sauf que j'ai oublié une chose...tout le monde ne pratique pas le culte de Shanya à ma manière.

Du coup je me suis mis en route avec Tulipe et Lorak. J'ai fait une piètre tentative avec elle:

-"Votre sourire est une clef secrète qui ouvre bien des cœurs, gente damoiselle. Aussi le fou furieux que je suis ne voit aucun inconvénient à partir lorsque tel sera votre souhait."

Le début était pas mal. Toujours moins lourd que mon "Mademoiselle, vous êtes boulangère? Non parce que vous avez de très belles miches." Ce genre de tirade, c'était bon quand j'avais pas de poil aux pattes. Maintenant je vaux mieux que ça. Mais pourquoi je suis allé parlé de fou furieux?
Elle a fait mine d'ignorer cette réplique. Tant pis, au moins elle nous guide jusqu'à la Baie sans souci. Un voyage sans encombre....j'avais jamais dépassé les abords du Fort...voilà qui est fait!

J'ai pas arrêté de poser cette fastidieuse question en route, à tous les pelloys que j'ai bien pu croiser....où est Azelun? Jusqu'ici pas plus de précisions.....c'est pareil à la porte sud, si ce n'est que tout le monde me conseille d'aller voir à la biche d'or, chez Jaahl. Toute façon, marcher autant, ça m'a donné soif. Et comme je parle trop, je vous dis pas! Je recroiserai surement là bas mes compagnons de route....

Première foi que je vois la cité blanche. Je suis impressionné par sa taille, ça me change de Brumevent. Toutes ces boutiques aussi...j'ai pu y trouver une mandoline pour quelques piécettes. Une bouse qu'il faudra remplacer dès que je pourrais, par un vrai instrument digne de ce nom. Tout le monde ne parle que d'une chose, l'Alliance du sud a occis un dragon qui aurait attaqué sans raison la ville. Ceci explique surement cela, la place est bondée par l'armée du Fort. Aerox.....
Le général est connu de tous dans Odyssée. Je l’aperçois brièvement, flanqué de ses meilleurs lieutenants. Je leur pose ma sempiternelle question, mais visiblement, répondre à un jeune troubadour, c'est trop compliqué pour eux. Faut pas trop leur en demander, en même temps.....

-"Pas très loquace la soldatesque, je l'aurais parié...."

Me détournant de l'attroupement militaire, je sort ma mandoline et joue un petit air en fredonnant:

"Ce matin comme d'habitude, rien à glander d'la journée
Y m'reste une seule servitude, et c'est celle de bouffer!

J'ouvre ma sacoche y a plus rien, ni vinasse ni viande ni grain
Bordel je crève déjà de faim, j'vais m'bouffer du pain ça y en aaaaa

Le lundi du pain sec, le mardi du pain sec, mercredi du pain sec
aussiii
Le jeudi du pain sec, vendredi du pain sec, le samedi du pain sec
aussiiii
Et le dimanche, jour d'Ashura, ouah quelle joiiiiie, avec des p'tits
pois!

Avec le pain sec c'qui est pratique, c'est que ça bourre l'estomac,
Trempé à l'eau ou bien cuit, ouais j'aime bien, je m'en lasse pas,
Quand j'ai des pièces d'or, j'fais des sandwich, avec d'la viande
c'est plus bien,
Mais comme j'ai plus de ratiches, à cause du scorbut ça craiiiint...


Le lundi du pain sec, le mardi du pain sec, mercredi du pain sec
aussiii
Le jeudi du pain sec, vendredi du pain sec, le samedi du pain sec
aussiiii
Et le dimanche, jour d'Ashura, ouah quelle joiiiie, avec des p'tits
pois!


Merde y en a plus ça c'est con, faut qu'j'passe un coup au marché...
Mais en chourrant du jambon....
Pas d'bol!
J'me suis fait gau-ler!
Ils vont m'envoyer au trou, en m'disant ça s'ra sympa,
Ca m'changera du tout au tout, avec mon pote on bouffera....

Le lundi du pain sec, le mardi du pain sec, mercredi du pain sec
aussiii
Le jeudi du pain sec, vendredi du pain sec, le samedi du pain sec
aussiiii
Et le dimanche, jour d'Ashura, ouah quelle joiiiie, avec des p'tits
pois!"


Tout en jouant sur la place, je me suis avancé sur la place, repassant devant les soldats. J'ai repéré un aventurier...du moins, un type qui semble en avoir la dégaine.

-"La Mano te salue bien bas, brave homme. Pourrais tu m'indiquer où se trouve la taverne du coin, histoire de faire ripaille, et avoir quelques nouvelles du célèbre Azelun d'Aexarn?"

Lorsque je m’approche de lui, il me considère avec une pointe d’étonnement, mais il demeure néanmoins immobile, tenant un tricorne d’une main, non sans adresse. D’une voix tranquille, il répond poliment à mes diverses interrogations:

-"Hm. La taverne ? Il me semble bien qu’elle soit fermée, la taverne. Enfin, je crois. Oui, fermée… Quant-à votre Azelun Aexarn, la dernière fois que je le croisai, je crois que c’était à Brumevent… Ou peut-être en forêt."

Pensivement, il lève les yeux au ciel, comme s’il cherchait quelques souvenirs égarés dans les tréfonds de sa mémoire chancelante.

-"Enfin, toujours est-il qu’il n’est pas à la Baie, du moins il ne me semble pas."

Mais le voilà qui se penche vers moi pour me murmurer:

-"Hmmm, je suis plutôt charmé par votre belle voix, peut-être serait-il envisageable que vous composiez une chansonnette sur mon auguste personne, et naturellement, afin de la conter à qui voudra l’entendre…
Contre une rémunération généreuse cela va de soi ! Il faudrait parler de mon beau chapeau ! Oui ! Et puis, de mes innombrables faits d’arme que je n’ai pas accomplis, de ma façon d’écraser les fleurs devant les jeunes elfes, de ma course sûre lorsque je traverse la campagne de… Enfin, de tout ça ! Jarm le vagabond ! J’entends cela d’ici ! Enfin, si vous avez le temps, bien entendu… Votre prix sera le mien !"

Tiens donc, je l'avais pas vu venir celle là. Si je lui demande trop, il va jamais vouloir. Mais si je lui demande trop peu, il va m'escroquer......mmmm. C'est là qu'un type encapuchonné vient lui susurrer qu'il voudrait lui parler dans une ruelle. Celui là, il a la gueule de l'emploi....entre un voleur et un assassin, mon cœur balance. Mais il s'éloigne déjà. Un rustre gueule alors:

-"Faites-moi taire ce piou-piou sur pattes ! Ou alors il pourra plus bouffer de pain sec avec les dents qu'il lui restera !!! On s'entends plus réfléchir là..."

La réplique est ponctuée par les rires gras d'une assemblée de gros balourds en armure, pour la plupart déjà bien avinés. Je préfère les ignorer, surtout ne pas entrer dans leur petit jeu à la con. En plus c'est Krumpf qui m'a balancé ça. Lui je le connais de réputation. Un rustre...je n'ai que faire de pareil barbare qui m'allongerait d'une seule droite. Puis si je lui répond, je risquerais de l'instruire...
Je préfère répondre à Jarm:

-"Pute borgne, pas de taverne? Bordel mais ils veulent notre mort? Pourtant le garde m'a parlé d'une fameuse taverne, avec son civet, et sa blonde inimitable, raaa moi qui en salivait d'avance. A moins qu'il
y ait une autre taverne digne de ce nom d'ouverte? Bon bon bon...ma foi, Jarm, mon ami, j'ai pas un rond sur moi, au fond de mes poches là il y a que de la poussière qui me pique les yeux, et comme je comptais les remplir à la taverne, ainsi que mon auguste gosier, votre offre m'intéresse.
Et puis z'avez de l'humour à revendre, et une bonne tête qui me revient, alors je roule.....
Mais vous dites que mon prix sera le vôtre? A voir votre accoutrement, on pourrait penser que vous avez pas les moyens pourtant, je me trompe? Quoi qu'il en soit, je suis tout à fait capable d'une telle
prouesse. Que pensez vous de 20 pièces d'or? La moitié du paiement d'abord, l'autre quand l’œuvre est achevée.
Mmmm...j'allai oublier, effectivement je suis occupé, mandaté par la comtesse Orphandilia, à la recherche avec Lorak, un compagnon amuseur public, d'Azelun d'Aexarn, pour devenir officiellement barde, et pour
le surpasser par la suite pardi! Beau projet hein, on peut toujours rêver! Bref, on m'avait dit que je pourrais le trouver ici, mais pas une putain de trace pour l'instant. Donc je pense que je vais continuer d'interroger la plèbe par ici pour trouver une piste. Ça vous intéresse de m'accompagner? Rien ne m'empêche de composer sur la route, au contraire je dirais. A moins que des obligations ne vous retiennent ici, avec vôtre ami? En tous les cas...je pense que je vais pas moisir sur la place, on dirait que j'ai excité les molosses, et je suis pas assez fou pour me les farcir seul de face."

Il me considère un instant en biais, et réponds:

-"Effectivement, je ne roule pas sur l’or, toutefois votre offre me semble raisonnable. Vingt pièces d’or, c’est une offre honnête. Toutefois, vous accompagner risque d’être délicat, quoique c’eût été
fort plaisant, mais c’est que j’ai quelques affaires à régler qui risque de prendre… Un certain temps."

Sur ces mots, Jarm acquiesce lentement la tête : il est visiblement d’accord avec lui-même, ce qui est un bon début, qu’on se le dise. Il reprend ensuite, avec un sourire léger.

-"Pourtant je suis honnête : je vais me débrouiller, et demain, je vous retrouverai à la place du tribunal, et les vingt pièces, rutilantes. J’vous fais confiance pour la chansonnette, et puis je suis souvent à la Baie, si vous y passez à l’avenir, y’a des chances pour m’y croiser. Et puis, dans la pire des cas, n’hésitez pas à emplir les oreilles de vos auditeurs de cette œuvre poétique que j’imagine chantante ! Enfin, je vous retrouve demain donc, je vais retrouver cet ami peu civilisé qui me quémandait… "

Nous allions nous quitter sans prendre de rendez vous précis.....ce sera finalement dans la cour du tribunal juste à côté, dans quelques minutes. parfait. Après tout faut que je cherche un peu partout nôtre Azelun. Je pose un instant mon cul sur lesm arches, écoutant les soldats. ils 'écartent pour laisser passer un certain Wodah, qui aurait des choses importantes à dire au général. Ce dernier, la lance à la main, domine la foule et lui répond, l'air songeur:

-"Bois Doré...Des corrompus... Hmmm....Ce sera peut être notre prochaine destination soldats! Merci pour ces informations Wodahs. Que compte faire le temple à l'annonce de tout ceci? N'allez vous donc rien tenter en ces lieux?"

Je me demande bien de quoi il parle. Surement des engeances pas très sympathiques. C'est alors qu'il me regarde avec insistance, et s'avance vers moi et grogne:

-"Azelun...? Il doit être en train de récupérer des richesses de par le continent. Trouvez un trésor et vous attirerez le barde."

Charmant.....et après ils s'étonnent qu'on peut pas les blairer. Avec tout ça, je me casse pour le tribunal.....j'avais cru un instant que Jarm était une fripouille, et qu'il honorerait pas nôtre accord, du moins la première partie, mais le voilà finalement, avec la somme convenue. J'en ai un peu marre de traîner mes guêtres en ville, du coup je vais faire à l’intérieur même du tribunal....justement y a un procès.
Le juge appelle un certain Deem à s'avancer. Ce dernier fait signe à un type attaché de venir à ses côtés.

-"Votre Honneur, je présente ce jour devant vous le dénommé Ruy-ai. Le prévenu a été arrête par nos soins après s’être rendu coupable des faits suivants :
- Port d’arme prohibé au sein de la cité ;
- Refus d’obtempérer à quatre reprises ;
- Deux délits de fuite ;
- Cruauté animale envers la Chouette du Temple ;
- Violence envers les forces de l’ordre ;
- Rébellion.
Il a finalement été mis aux arrêts par nos soins, son arme a été confisquée et confiée à votre assistante Dame Elinor. Le prévenu s’est néanmoins confondu en excuses après avoir été mis aux arrêts, et à ce moment seulement, il s’est rendu compte que ses actes étaient indignes et irresponsables. Si vous le souhaitez, nous nous mettons à votre disposition pour tout compléments d’informations nécessaire au bon déroulement de cette enquête. Je tiens par ailleurs à vous informer si cela ne l’a déjà été fait que j’ai été désigné pour accompagner Dame Elinor à Boisdoré."

J'ai faillit pouffé de rire quand il a énoncé la liste d'accusation longue comme le bras. Quand on se fait pincer, mieux vaut faire profil bas que la ramener. Cet oiseau là va écoper du gros lot. Il a gagné sa semaine, que dis, son mois au minimum..... même s'il a l'air de répondre en montrant patte blanche.
Je croque une pomme avachit dans le fond, ça va être l'heure de la sieste, mais j'attend le verdict avec impatience, quand tout à coup , un type me bouscule d'un coup de coude, doublé d'un grand sourire:

-"Azelun d'Aexarn, et tu dois être la Mano......non ne dis rien, j'en sais déjà pas mal sur toi héhé. Car il parait que tu me cherches. Pour dépasser le maître ? Mais qui te dit que je te prendrai pour élève,
non, excuses moi qui te dit que tu pourras suivre le maître ! Chacun sa façon, vois tu, je n'ai jamais eu la prétention d'être ce barde dont tu parles, cette... légende, je suis juste mes envies, l'inspiration vient en composant et...
Alors un conseil, ne cherche pas à me surpasser, soit toi même et excelle dans ton art, tu as choisi la bagatelle ? La grivoiserie, le pamphlet ? Soit, à tes risques et périls ! Mais saches une chose, avant d'envoyer du bois et de faire du gras à tout va, apprends le monde qui t'entoure, comprends-le et imprègne t'en. La critique, la farce et les bouffonneries ne sont vraiment efficaces lorsqu'on sait où taper, justement, critiquer le Fort c'est d'une telle simplicité, des rustauds, des bâtards à l'allure peu glorieuse, une vision du monde très restreinte et simpliste, un général dont fort heureusement le génie stratégique est à l'opposée de sa jugeote, mais..."

Il sourit et enchaîne:

-"Parce qu'il y a un mais. Sans cette compagnie de rustres et de bouchers sans cervelle, tout ceci ne serait pas, ou plus depuis des lustres. Vois tu, à une époque, l'hégémonie du nord était telle qu'une formidable bataille eu lieu aux pieds de ces murailles, la NegraDextra... A cette époque, les elfes sombres, l'Ordre Noir et les légions démoniaques, déferlèrent sur la cité blanche. Sans le Fort, je ne sais pas ce que le Sud serait devenu. Alors oui, tu peux y aller, faire des choux gras sur leur potentiel cérébral, sur une jugeote relative, mais n'oublie pas ce qu'ils sont et pourquoi..."

Il me fixe d'un œil amusé et reprend sur un ton plus léger :

-"Quant aux femmes, je te laisse sans aucun remords le titre, va, amuses toi, et surtout ne tombe jamais amoureux ! Mais est ce que la comtesse t'as tout de même rappelé notre raison d'être, la recherche
de la beauté en ce monde ? Si tu t'arrêtes juste au cuisseau d'une pucelle, tu risques de vite te lasser, mais je perçois que tu dois avoir l'envie et le panache de vouloir simplement les avoir par ton charme ! Tiens un vrai challenge, mon ami, va séduire une amazone !"

Le voilà qui se marre, et l'audience s’interrompt un instant, les têtes se tournant vers nous. j'ai trouvé plus bavard que moi, fais chier:

-"Il aurait fallu que Sifare LongueVoix soit encore sur les routes, là aussi, j'aurai bien rit ! Mais pour redevenir sérieux, sache aussi une chose, c'est un terrain tout aussi périlleux que celui de la critique facile, je dirai même pire, car si tu connais le monde, tu remarqueras que les femmes le gouverne et que les retours de bâtons sont toujours désagréables, mais à quoi bon t'en empêcher, c'est rajeunissant et ça vous fait le cuir plus coriace"

C'est moi où il louche sur le postérieur de la lettrée? Nan nan, il se gène pas, limite il est pire que moi....

-"Pour l'heure, il me manque encore des réponses, tes préférences et au delà de vouloir me dépasser, tes réelles motivations. Ne t'arrêtes donc pas à juste la bagatelle et les pamphlets, si c'est le cas. Pourquoi pas, en fait, mais les voies pour accéder au panthéon des Grands doivent être multiples. Je vais peut être te décevoir, mais tu vas avoir beaucoup de mal à me suivre, que dis je c'est presque impossible. J'ai sans doute perdu beaucoup de ta légèreté, de ta liberté et de ton enthousiasme, mes candides années sont loin et j'ai... J'ai traversé beaucoup de choses, si tu ne t'ai arrêté qu'à ma réputation, sans réellement t'intéresser à mes textes, te vouant plus à ma notoriété qu'aux différents témoignages que j'ai pu laissé derrière moi, alors effectivement, tu ne peux le comprendre, cependant, je ne vais pas t'en vouloir pour autant j'ai commencé pareil, peut être moins acerbe et titilleur, J'ai un fond romanesque et fleur bleu. Alors pour l'heure, je n'ai guère plus de temps à t'accorder et surtout à batifoler, un ami est revenu d'entre les Halls d'Horosis, il me faut le rejoindre, il neige à Boisdoré et tu dois ressentir en toi, comme une sorte de soif permanente, n'est ce pas ? Et je dois encore et toujours courir après le temps ! Mais... Mais si tu te sens prêt à relever un tel défi, alors peut être que je pourrais t'accorder plus de temps. Est ce que tu te sens capable de courir après le monde ? D'en tirer sa beauté et rattraper ce que j'ai mis des années à bâtir seul ? Le seul avantage c'est que je serai là. D'un autre côté tu peux grandir sans moi, j'ai bien pu le faire, et comme tu veux me faire valdinguer de mon piédestal, ça serait l'occasion !"

Il sourit et posant une main fraternelle sur mon épaule :

-"A toi de choisir !"

Ça y est je vais p'tet enfin pouvoir enfin en placer une. Je sais pas qui lui a dressé ce tableau aussi juste de mon auguste personne. Je l'aurais bien coupé, mais bon, quand les vieux parlent, des fois faut les laisser causer sans pour autant s'endormir. Si c'est lui mon supérieur, tant mieux. Je pense qu'on va bien s'entendre....

-"Certes certes, je sais bien que les méchants d'aujourd'hui furent les gentils d'hier. Ainsi va le monde, et ça ne m'empêche pas de faire la part des choses. Ceci dit c'est pas pour ça que je vais fermer mon claque merde pour autant héhé. J's'rai plus moi même justement! Mais t'inquiète j’assume mes conneries et les risques encourus! Toute façon j'ai choisit cette voie plus ou moins depuis toujours. Pour ce qui est de l'élève et du maitre, c'est une expression! La Mano reste lui même, cela va de soit oh que oui! Mais certes, je ne renie pas ce que tu as pu entendre de mes intentions Je persiste et signe."

Tiens, si je lui récitais celle là...par cœur, de tête?

-"Si toi, ami voyageur, tu te sens capable de parcourir ce continent de long en large, d'être témoin et rapporteur des haut faits de ce monde, si tu te sens capable de supporter un invétéré bavard, si tu n'as pas peur de ce que tu verras et si la joie toujours habitera ton cœur, si tu es ému par la Beauté, si tu aimes la poésie, alors viens avec moi, je me ferai plaisir de partager ma route avec toi - ...ça te rappelle rien ça?"

Héhé, ça a l'air de l'amuser, on a qu'à se tutoyer, merde....

-"Comme j'aime à dire, on verra bien où le vent me pousse, et où mes sabots me portent, mais diantrefosse, accompagné d'un joyeux luron avec autant de bouteille...ça me plairait bien, pour sur, et pourquoi
pas jusqu'à Brumevent, où tu parlais de retourner un de ces quatre matins?!"

C'est vrai qu'elle a un joli derche cette Elinor.....

-"En tout cas je note pour l'amazone. J'ai toujours aimé les défis ambulants, surtout avec des formes généreuses héhé!

Sinon...qu'est ce qu'on disait...ha oui mes motivations! La rançon de la gloire ça, de vouloir te dépasser, et je te rassure, j'ai bien compris ton état d'esprit! Je pense comprendre...un jour probablement
je serai à ta place. Mais bref, à côté de ça, je dirai simplement que depuis toujours je suis un vrai bon vivant, amoureux d'un bon vin qui vous retourne le teston, accompagné d'un bon claquos et d'une tranche de gibier, si possible assis sous un vieux chêne en regardant la rivière s'écouler, et les truites gober ces saloperies de moustiques.....tu sais là, ces merdouilles volantes qui sont là que pour rendre malades les pauvres,
et pour faire chier les riches au bord de leurs bassins!"

Je peux pas m'empêcher de me faire rire tout seul, que voulez vous?

-"J'en reviens à mes moutonnes. Hummmmmm je vis aussi pour les parties de guibolles au ciel, à déguster le p'tit abricot d'une jolie damoiselle. Pas vraiment une motivation ça? Cuistre! Si si je le pense!

Grosso merdo, je vis pour des moments mémorables, du plus petit détail inaperçu au grand spectacle offert par Te Dannan, pour m'émerveiller à travers tout Odyssée de sa beauté, des créations de l'homme, pour dessiner des sourires sur les visages des gosses quand je réussis mon tour de passe passe, pour foutre un peu le boxon avec mes chansons, pour vivre de ma musique, ma passion. J'avance poussé par la curiosité, le gout des autres, des aventures tant rocambolesques que romanesques...peut être aussi pour avoir un jour des légendes à raconter dans le fond de mon verre à la taverne, pour épater les blancs becs de la dernière averse, quand mes jambes me porteront plus. Mais d'ici là...... pour moi demain c'est loin. Pas de prise de tête bordel à cul, je cueille le jour présent sans me poser de questions, et ça me va très bien! Loin de moi les idées et les projets tous faits sur ce monde, ils viendront à moi en temps voulu, et bien assez tôt pardi.

Bon, j'espère que le juge va se bouger le fion, tout ça va finir par m'assécher le gosier, et ô scandale, la taverne est fermée putain. Tu crois qu'une requête est possible ici pour sa réouverture? Boarf je me
ferai envoyer bouler, en tout cas j'ai la mandoline qui me démange, et un petit duo des familles avec toi, ça pourrait être du tonnerre!"

Dommage qu'on ait pas une gueuse à siroter. On dirait deux vieux copains, lme voilà qui me bourre le dos d'une nouvelle tape amicale:

-"Ben je ne sais pas si tu te rends compte dans quoi tu t'engages, mais je pense que je vais compter sur de la concurrence supplémentaire! Par les galbes de Shanya, te voilà ci fait, troubadour ! Tu aurais du commencer par là, nous aurions gagné du temps ! Diantre, j'ai l'impression de rajeunir de plusieurs années. Mais le soucis, c'est qu'est ce que je vais faire de toi, quand je dis que tu auras du mal à me suivre, ce n'est pas une métaphore, hein... Mais l'avantage c'est que même si tu musardes, tu sembles alerte et disponible et dans ces terres où la nonchalance et l'indolence semblent maîtresses, ces qualités me ravissent au plus haut point ! Alors d'accord, partages quelques bouts de routes... Seulement....

Il fixe le juge:

-"S'il pouvait m'accorder juste un instant... Une réponse et nous serions déjà parti. Quant à la taverne, sais tu pourquoi elle est fermée ? Mais... Mais et Jaalh ? Pfff toute façon je n'en ai guère le temps. Bon, pour BrumeVent... Oui sans doute, mais pas pour le moment, j'ai deux choses à faire rapidement, et j'ai des impératifs et qui plus est, j'ai un peu laisser une damoiselle féline aux mains d'un de sa race. Parce que
ça fait une éternité que je n'ai pas pris du bon temps et que... Je me demande si je pourrais encore en séduire une ou deux pour un tour dans les blés ! mais je suis trop connu maintenant, j'ai une sacré
réputation qui m'a bien pourri ces derniers temps et puis, et puis parfois, il faut savoir choisir le diamant dans les minerais à concasser ! Mais pour l'heure, j'en ai une à libérer et j'aurai aimé que ça se fasse aussi vite que de savoir exactement ce qu'elle est."

Il s’interrompt un instant, se gratte le bouc:

-"Sinon j'ai besoin d'une plante, de l'aloes, un truc qu'on trouve dans les terres arides, mais j'ai surtout besoin de savoir qui est une certaine... Solenita. Tiens, imprime ce nom dans ton esprit, peut être que je ne m'en souviendrai plus, un jour, et à ce nom, tu devras me rappeler un chant qui est noté quelque part dans mes notes, je te le chanterai, plus tard, mais pour l'heure, que faire de toi ? !"

Il marmonne pour lui même :

-"Je dois rejoindre un ami, Ascorium, rôdeur de son état, à l'Oratoire de la forêt, un autre ami, Willy à des soucis, il neige à Boisdoré, je dois récupérer de la sécrétion de dendrobate et cette plante, et je dois introniser un troubadour ! Ecoutes, voilà ce qu'on va faire, j'ose espérer qu'il se sorte les doigts, le juge, parce que l'information que j'attends, merdasse, ça peut se donner en deux trois coups de cuillère à pot, mais bon, c'est ainsi. Si je n'ai rien d'ici là, nous descendons sur la place, et tu sais quoi ? Je vais chanter, et toi, derrière tu vas le faire et tu vas gagner ta vie pour ça, parce que mine de rien, un troubadour ça sait vivre de son talent, tu as du talent, l'ami ? ! Va falloir te montrer à la hauteur, sinon, t'auras les bourses pleines et la tienne vide. Autant faire d'une pierre deux coups, donc, p'tite parade de circonstances, ça te permettra d'entendre et d'écouter la raison pour laquelle tu as toujours cette impression de soif, et pourquoi les soldats faut savoir les ménager un peu. Quoique peut être faudrait mieux que ce soit toi qui commence, histoire de. Sinon, avec le chant que je réserve... Ca t'évitera de prendre la barre avec des gens déjà lassé. Bref, on va ainsi t'introniser et puis tu auras déjà ça en poche, ensuite, nous aviserons, te sens tu une âme de cueilleur ? De messager ? Ou tout ça en même temps ? !"

Il sourit puis se grattant la nuque :

-"Si ce soir, pas de réponse, alors on laissera tomber, ça m'aurait bien aidé mais bon..."

Je le coupe...y a des fois faut qu'il se taise bordel!

-"Aller droit au but...hmmmmmmmm??? Il parait que plus c'est long plus c'est bon, non? J'aime faire durer le plaisir pour bien des choses, dont les préliminaires font partie."

J'aime les métaphores, et on se bidonne tous les deux. C'est ni le lieu ni le moment, mais on s'en fout.

-"Va pour aller chanter sur la place, en espérant que le sergent Krumpf et toute sa clique aient pris leurs clacs, car ma musique les indispose. Surtout si je leur chante ma dernière ritournelle.....je risque de devoir apprendre la définition de courir vite héhé. On verra qui est présent, au pire je la garde pour un comité restreint."

Ma mandoline en main, j'affiche un air de défi:

-"J'aime pas me jeter des fleurs, je préfère quand ce sont les pucelles qui le font, mais oui, je pense pouvoir dire que du talent, j'en ai deux trois brins à revendre.Je compte bien en vivre, et à ce propos, faudra que j'écrive cette chanson sur Jarm, qui m'a fort bien payé pour écrire les exploits qu'il n'a jamais accompli. Mais je peux bien le faire en route.

Pour ce qui est de cueillir, faire le messager ou je ne sais quoi, avec plaisir! Je suis pas pressé de rentrer à Brumevent, alors je te suis, et puis découvrir Bois Doré pays de bombance, et la Forêt terre
ancestrale de dame Nature, c'est tout un programme qui ne se refuse point!

Oh pécaillreeee j'allai presque oublier Lorak, qui te cherche aussi pour devenir barde. J'espère pour lui qu'il est encore en ville. Avant de mettre les voiles, j'irai fureter pour voir s'il est toujours dans
l'coin."

Il ricane encore, satisfait de mon engouement?

-"Ecoutes fait comme il te semble le mieux pour toi et pour nous. Lorak dis tu ? ! Décidement... A une époque je nous comptais sept ménestrelles et ménestrel, à part Kleberscow qui a longtemps musarder à pas grand chose, il n'en reste personne, mort, disparition, retour au pays, ils et elles n'ont pas continuer à profiter des muses, ou alors l'ont fait pour eux. Ceci dit ce n'est pas une perte majeure, car restera toujours la mémoire collective et l'espoir de revoir un bardillon dans la boucle !"

Il marque un silence puis reprend :

-"Tu seras la relève, hein ? ! Bon, pour l'heure voilà ce qu'on va faire, prends ton temps, je serai ce soir ou demain matin sur la place, faut que tu y sois, hein ! Puis je vais m'absenter un certain temps plus ou moins long. Je ne pense pas que je repasserai alors à Baie. Par contre, tu seras libre et livré à toi même, je pense faire un bond vers l'Oratoire retrouver mon ami Ascorium, je pense que ce serait le plus rapide pour toi, te demander de monter vers les plaines désertiques et sablonneuses de Balamoun pour y cueillir de l'Aloes, ça risque de te faire perdre un temps fou ! Ca te va ? Pour ce qui est de Lorak, informe le, mais je ne resterai pas une éternité..."

Héhé, faut que je lui montre qui je suis.....

-"Une relève fraiche, talentueuse et motivée pardi! Bon bon bon....De mon côté, je recapépète dans l'ordre: Ritournelle sur la place direct, j'y tiens avant de partir, en plus c'est la volonté de la dame Orphandilia, et puis j'ai la mandoline qui me démange, hummm...oui.... comme ça chacun peut partir de son côté, je choppe Lorak en vitesse, j'écris la ritournelle en route, et on se retrouve à l'Oratoire de la Fôret, ou au pire à Bois Doré. Ca te va? Au fait c'est pour quoi faire cette plante? En attendant, tout façon je t'attend sur la place héhé."

On se quitte là dessus, et Azelun vient me retrouver sur la place, où je me tapais la sieste sur un banc à l'ombre:

-"Désolé que ça ait pris tant de temps ! Mais bon, j'avais besoin de cette information !"

Jolie harpe.... Il pince quelques cordes et déjà le son que l'instrument dégage, attire sûrement les regard. Il continue de jouer machinalement et ajoute :

"Bon, chaque chose en son temps, malheureusement, je ne vais pas pouvoir rester bigrement longtemps et dès que je t'aurai présenté, il te faudra retourner à BrumeVent, je suis sûr que la comtesse aura quelques petites choses pour toi"

Il joue un air cristallin :

-"Malheureusement, je n'ai guère le temps non plus de jouer quelque chose de grandiose... Alors voilà ce que nous allons faire. Ascorium m'attends à l'Oratoire, mais moi je dois aller faire une petites chose
à l'Arbre, connaissant les raccourcis, je pourrai revenir à l'Oratoire, prestement, donc, deux possibilités s'offrent à toi, aller directement à l'Oratoire et lui transmettre mes amitiés, soit tu vas directement à Brumevent, tu flattes la Comtesse et tu sera équipé de pied en cap. Une dernière chose, si je vais à l'Oratoire, j'y serai je pense très rapidement"

Et puis il hésite un instant :

-"Merdasses, mais ça ressemble à quoi, une dendrobate ? ! Bon, vraiment pas le temps, faut que je lui demande"

Il reprit le son cristallin alors et regardant la place et alors ferme les yeux et s'écrie, montant sur le banc où je pionçais:

-"Oyez ! Oyez ! Public fidèle depuis des lustres, ce jour j'aimerai vous présenter un fier concurrent qui aimerait me faire manger mes notes, me prendre mes damoiselles et avoir la notoriété que vous m'avez fait honneur de flatter !"

Il éclate de rire, quelques badauds aussi, grrrrrrrrrrr :

-"J'ai nommé La Mano au style particuliers qui saura, j'en suis sûr vous faire voir la Beauté d'une façon différente. Je me fais garant de son succès et vous invite à vous délecter de ses mots, vers et autres joyeuseté, La Mano,.."

Redescendant de son promontoire:

-"Je m'en vais de toute façon à l'oratoire, je ne saurai reconnaître une dendrobate et je n'ai pas le droit à l'erreur. Moralité, et je m'en excuse réellement, je ne pourrais assister à ton triomphe, comme ça, tu pourras facilement me prendre la place du piédestal !"

Il me fait un clin d’œil, la mélodie cesse, si fine, si légère si envoûtante qu'elle aurait pu plus captiver s'il en avait voulu, un autre jour peut être...Il se leve alors, range d'un geste habile l'instrument et se dirige
vers une ruelle....
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La Mano
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Re: [Roman]Carnets de Routes

Message par La Mano »

III. L'As de Cœur:

Dommage qu'Azelun m'ait présenté à la foule mais s'en soit allé, car j'ai décidé de balancer à la foule ma dernière création, peut être la pire ou la plus belle, pour sur pas piquée des hannetons. Grace ou à cause d'Azelun qui a pris la poudre d'escampette, tous les regards sont braqués sur moi.......je monte alors sur le muret attenant au banc, clamant haut et fort, accompagné de ma mandoline:

-"Y a eu Kleberscow avant moi,
y a eu Azelun avant lui,
après moi qui que voilà?
Il y en aura d'autres aussi.
On les a bien repris,
Mais là moi j’envoie du bois,
Voici la plume de bibi,
Un p'tit pamphlet d'bonne aloi.

J'ai chanté 10 fois, 100 fois,
j'ai dansé pendant des mois,
fredonné sur tous les toits,
ce que je pensais de toi,
Odyssée, Odyssée,
c'est moi que v'là.

J'ai foulé bien des pavés,
traversé bien des patelins,
partout on vit pour le blé,
partout ça sent le sapin.
J'ai vu envahie la ville,
par le Fort en uniformes,
soldats pas vraiment virils,
ces gars qui s'prennent pour des hommes.

J'ai braillé 10 fois, 100 fois,
j'ai hurlé pendant des mois,
balancé sur tous les toits,
ce que je pensais de toi,
Odyssée, Odyssée,
c'est moi que v'là.

J'ai vu pourfendre un dragon,
j'ai vu l'eau qui s'évapore,
dans les champs bien des pebrons,
suintant la sœur du pécore.
J'ai vu ce que tu faisais,
à la plèbe toi sans foi ni loi,
j'ai connu la liberté,
jamais tu m'la reprendra.

J'l'ai écrit 10 fois, 100 fois,
bourlingué pendant des mois,
asséné sur tous les toits,
ce que je pensais de toi,
Odyssée, Odyssée,
c'est moi que v'là

Demain, fais gaffe à tes fesses,
Finit le temps des p'tits rois
Va au temple qu'il te confesse,
Te Dannan reprend ses droits,
Et en attendant, je siffle,
et j'te te pisse à la raie,
cette petite chanson qui gifle,
dans tes esgourdes à la Baie

J'ai rué 10 fois, 100 fois,
seriné pendant des mois,
psalmodié sur tous les toits,
ce que je pensais de toi,
Odyssée, Odyssée,
c'est moi que v'là....."


J'esquive une pierre qui siffle près de mes oreilles. Ouf. Certains me huent, d'autres applaudissent. Une bagarre éclate entre deux camps non loin de moi. J'ai foutu la merde et je suis mort de rire intérieurement! Chanson sans équivoque pour les uns, hilarante pour les autres, provocatrice sans aucun doute, choquante pour la soldatesque....j'ai pas résisté à la tentation de l'interpréter! Je salue la foule de maintes courbettes, et sourit d'un air malicieux. J'ai de quoi être satisfait non? Mais suis je pas allé trop loin, comme je le craignais un poil?

Pas trop envie de le vérifier, je lève l'ancre.....mais trop tard. Ce qui semble être...la lieutenant de la milice, ou quelque chose comme ça, me barre la route, bras croisés. Et merde.

"Peut-être, voyageur, souhaiteriez-vous présenter vos condoléances aux familles brisées et rendre hommage aux nombreux morts, pauvre mendiants et autres badauds innocents, tombés sous l'assaut dévastateur de ce si gentil dragon, qui a de son propre chef attaqué nos terres, massacré nos femmes et nos enfants, et détruits nos édifices, et contre qui soldats et hommes de la Baie n'ont fait que se défendre? Vous devriez prendre garde à vos propos, troubadour...
Certes, la Baie a eu quelques démêlées avec les soldats du Fort, mais ils demeurent nos alliés, et les protecteurs injustement spoliés des peuples libres. Le peuple de Te Danann ne serait d'ailleurs plus depuis des lustres, si le Fort ne l'avait également préservé de l'ennemi séculaire de toute peuplade: la Fournaise. Pensez-y, en foulant ces terres où vos pas sont assurés, en traversant plaines et champs verdoyants, en contemplant le magnifique paysage du comté des Brumes et son splendide castel. Pensez-y, durant vos pérégrinations, où, guilleret, il vous est possible de vaquer ça et là sans craindre pour votre sécurité. Pensez, pendant vos sonates effrénées, à ceux qui chaque jour combattent, souffrent, et meurent, pour que ce droit reste vôtre."

La jeune femme en armure finit par hausser les épaules. Gnagnagnagna, on dirait une prétresse d''Ashura avec un ballet dans l'oignon. Elle m'agace.

"J'encourage les arts, ménestrels et troubadours ont toujours fort bon accueil en ces murs, et leur présence est appréciée, mais je vous conseille vivement de mesurer vos propos: c'est sur les terres du Sud
que vous vous trouvez. Nul ne vous oblige à croire en leurs valeurs, mais respectez-en l'intégrité, je ne le répéterai pas."

J'ai pas envie de retirer mon petit sourire qui doit la faire bouillonner. Elle osera pas m'en coller une. Allez, j'ose:

"Les jolies damoiselles auraient elles perdu tout humour lorsqu'elles mettent leur armure? C'est qu'elle serait presque énervée! C'est fort dommage. Je conçois que ma chanson puisse être un brin piquante, mais sachez que je ne suis pas un barde conventionnel, pas une pale copie d'Azelun ou de Kleberscow.

Mes paroles sont sans doute moins souvent romanesques ou traditionnelles, car mon truc à moi c'est la provoc, la liberté, faire marrer la populace, mais c'est comme ça, je changerai pas. Toute façon, on peut pas plaire à tout le monde, j'assume parfaitement...
A propos du gros lézard, je doute franchement qu'il ait attaqué sans raison, et en le tuant, l'eau s'est raréfiée sur le continent, créant un sacré déséquilibre. L'essence de la vie mise en péril, je trouve ça plus
inquiétant qu'une attaque sur une cité, je vous invite à mon tour à méditer là dessus avec le recul."

Et là tu répond quoi? Bon, c'est pas tout ça, j'en rajoute une couche où...oh oui!

"Pour avoir chanté en ce même lieu quelque chose de bien plus guilleret, je n'ai reçu comme accueil de votre fameuse armée qu'une invitation des plus....convaincantes, à fermer ma grande gueule, et je
crois pas avoir vu un seul des miliciens, pourtant présents, intercéder en mon auguste faveur. Ha et puis vous savez quoi, après ça ils sont partis envahir Bois Doré, qui serait soit disant un pays de corrompus. Les méchants hobbits!? La belle affaire n'est ce pas? Vous devriez aller leur dire à eux aussi qu'ils doivent s'incliner devant la soldatesque. Mais je ne suis pas tout à fait assez stupide pour continuer mon manège, aussi mademoiselle, promis la prochaine fois, je vous chanterai une ode à votre sévère beauté dans cette rutilante armure!"

Allez, ma plus belle révérence, voilà.....avec un sourire enjôleur. Plus c'est gros mieux ça passe c'est bien connu. Tiens, une jolie minette qui m'a applaudit, voilà ma porte de sortie.....je me dirige vers elle.

"Mademoiselle...."

Lui prenant la main sans lui demander son avis, j'y dépose un baiser.

"Permettez...Je n'ai pas m'empêcher de remarquer que je vous ai séduit avec mes modestes vers. Mais j'en oublierai presque les convenances. On m'appelle La Mano, barde, à vôtre service. Mmmmm que d'émotions, je pensais retourner auprès de la comtesse pour être officiellement intronisé dans mon nouveau métier, mais avant de partir, j'aurais souhaité visiter cette fameuse taverne du port. Pourquoi pas en votre charmante compagnie, si le cœur vous en dit?"

Oh qu'elle est mignonne, elle rougit comme une tomate!

"Je suis Alhynoa mon cher, et vos vers en effet m'ont charmée. Je dois avouer que vos ne manquez pas de verve, mais comprend bien les désapprobations de certains, notamment du lieutenant Garius. Nous avons tous beaucoup souffert, ici a la Baie.... tout le monde tente de se reconstruire. Ce ne serait pas possible sans la milice, et nous ne serions plus sans l’armée du fort. Pourtant je doit dire que pour ma part, il est agréable d'entendre une chanson si peu conventionnelle qui gentiment se rie de nous tous. Un peu de rire en ces heures sombres, de quoi redonner du cœur a l'ouvrage. Quant à aller faire un saut a l'auberge, et bien, je vous y accompagnerai avec joie, si vous nous y honorez d'une autre de vos créations. Par contre je vous conseillerai de ne pas trop jouer la provocation en ces murs, car notre bon Jaahl n'approuverait sans doute pas que cela parte en bibine dans son établissement."

Dans mon dos j'entend Wodah qui dit:

"Ne prend pas trop au sérieux ce jeune, Garius, ce sont les premiers à venir se cacher derrière nous lorsqu'il y a l'ombre d'un combat. Ils croient avoir tout vu, mais ne connaissent rient aux atrocités qui se commettent à chaque jour......hey......Baragan attends..."

Je me crois tranquille, et fait mine de m'éloigner avec la demoiselle, mais un nain trapu, encore un milicien si j'en crois son uniforme, vient se planter devant moi. Oula, il dégaine son épée, rein que ça, la bave au lèvres, rouge de colère:

"Ecoute moi bien gamin! Que tu charmes les jeunes femmes avec tes vers je m'en fiche. Que tu choisisses de provoquer plutôt que de copier, la encore je m'en fiche. Par contre je ne te le demanderait pas deux
fois. Tu t'excuses tout de suite pour tes propos complètement déplacés envers mon lieutenant sinon mon épée ira faire vibrer tes cordes vocales.

De même, parle de ce que tu connais. La corruption j'en vis les tourments actuellement. Et je dois dire que si Vénéra ne m'avais pas donné un but, j'écouterai bien cette petite voix en moi qui me dit de
te découper en rondelle comme tout ceux ici présent. Toi tu en connais quoi ?

Je sert cette cité depuis longtemps et j'aimerais bien savoir quelle effet aura ta chanson sur toutes les femmes et jeunes filles qui ont été violées par les forces du chaos. Chante également pour la mort du dragon. Tu viendra me dire comment un rôdeur de ta si chère forêt l'a trouvée ! Il a été soufflé par le dragon alors qu'il a tenté jusqu'au bout de le raisonner avant d'admettre qu'il était une menace pour tous! A partir du moment ou même les rôdeurs s'allient à l'armée du sud, je pense qu'on a bien fait de tuer ce monstre ! J'y étais moi et j'ai vu à quel point les bardes ne sont que des couards lorsqu'il s'agit de se battre. Sans vrai héros il n'y aurait pas la moitié d'un vrai barde! Donc avant de cracher sur ces héros tu ferais bien de réfléchir à deux fois !

Maintenant utilises vite ta langue bien pendue pour formuler des excuses si tu ne veut pas que je raccourcisse certaines excroissances chez toi. J'espère simplement pouvoir me retenir de commettre ma première bavure..."

Ce nabot ne plaisante pas, et vu sa rage, des bavures il a déjà du en commettre me dit mon petit doigt. Cette fois faut la jouer finaud.....pas avant qu'il me raccourcisse à sa taille:

"Messire nain, je suis surpris que la milice qui est là pour faire respecter l'ordre soit prête à tuer pour quelques mots déplacés. Alors je le répète, je sais bien qu'hier, l'armée du sud a botté le cul de la Fournaise, et sans cette victoire, tout serait différent. Le dragon a également semé la mort, je ne renie pas. J'en disais juste à votre lieutenant que la mort du dragon a aussi provoqué un déséquilibre arcanique, d'après ce que j'en ai entendu des mages de Brumevent. Depuis, l'eau se fait rare...et c'est quand même assez préoccupant vous en conviendrez non? Et puis l'armée serait partie chez les hobbits! Ça ne vous fait rien ça non plus?"

Surtout....rester calme et bien choisir mes mots:

"Que sais je du malheur? Oh certes vous me prenez surement pour un petit con insouciant, et vous aurez pas tort, mais le fils de simple paysan que je suis en a aussi connu des vertes et des pas mures, vous
pouvez me croire. Quant à ma bravoure...comme j'ai coutume de dire, chacun son métier. Sans les héros je ne serais pas là certes, mais si les bardes n'étaient pas là, qui chanterait leur gloire, je vous le demande."

Une bonne bouffée d'air, jouer la pacification....

"Bon allez, je suis peut être un jeune arrogant, mais je suis pas assez fou pour me prendre une branlée par un nain en armes. La loi du plus fort est souvent la meilleure, et n'ayant aucune expérience au
combat, le résultat est écrit d'avance. Donc je m'excuse platement si je vous ai choqué.....à l'occasion, promis je vous paye un verre pour oublier cet incident."

Un nain si on le lance pas, on peut boire un coup avec lui pardi!

Encore une petite révérence vers la milice, ça mange pas de pain. Il s'écartent sans un mot...pfiouuuu.....je suis curieux de savoir si la damoiselle y a vu de la faiblesse tiens. Elle est mignonne, allons y....

"Très chère Alhynoa, je suis ravi qu'au moins une personne, charmante de surcroît, ait apprécié ma chansonnette, et que vous acceptiez mon invitation. N'ayez crainte, j'ai retenu la leçon que je viens de prendre. A jouer trop longtemps avec le feu, on se brûle, donc je saurai faire ripaille, bombance, et puisque vous m'y invitez, démonstration de mon répertoire moins polémique, le tout avec grand plaisir...."

On se donne rendez vous au port, dans une taverne blindée de soiffards. La biche d'or. J'espère qu'elle viendra. Les odeurs sont fortes, le brouhaha incessant, l'endroit est mal famé, j'adore! Je retrouve Tulipe et Lorak....qui a droit à un petit exposé de mes dernières pérégrinations en ville. Mais plutôt que retrouver direct Azelun, il nous joue de la flûte. Tant pis pour lui.

Une belle rousse dans un coin, me regarde depuis un moment avec un sourire gourmand. Quoi, je sais en reconnaître un quand j'en vois un. Je discute avec mes compagnons de voyage, mais elle finit par se rapprocher et se présente.....Roxanne. C'est la catin le plus célèbre du port.

"Une chanson pour mon ami Jarm? Voilà qui doit être captivant à entendre. J'espère avoir le plaisir d'en profiter un jour. À moins que je ne vous engage pour m'en composer une. Je parie que nous pourrions faire d'excellentes affaires ensemble."

Elle rit et me balance un clin d’œil. Je lui rend un regard équivoque. Fille de joie certes, mais pas banale! Et la voilà qui me propose des affaires, non en fait elle le harponne littéralement? Tel est pris
qui croyait prendre?

"Et pourquoi pas ce soir ma belle tout feu tout flamme? Lorak vient de lancer les hostilités. Je lui laisse de l'avance, je suis beau joueur, mais je te l'interprète rien que pour toi tout à l'heure, tu m'en dira
des nouvelles, mais pas avant que j'ai finit de l'humecter la langue de cette fameuse roteuse! Pour les affaires...mmmmm, pourquoi pas?! Mais nous verrons cela plus tard si tu veux bien."

Ici je suis dans mon élément, comme un poisson dans l'eau. Tapant du pied en cadence, je reprend un nouvel air de flute de Lorak en cadence en frappant des mains, en attendant ma bibine de pied ferme.

Roxanne acquiesce à mes paroles, toujours malicieuse:

"Fort bien, joli barde. Je te laisse à ta bière, mais comme tu m'as promis de m'interpréter la chanson du vagabond, permets-moi de t'offrir quelque chose en retour."

D'un geste rapide, presque théâtral, la demoiselle se lève et bondit sur la table avoisinante. Suivant le rythme de la musique de Lorak, elle lève les bras pour battre des mains, alors que ses reins se
cambrent sensuellement. Roxanne tournoie sur elle-même, lentement d'abord, puis de plus en plus vite, alors que sa jupe se lève paresseusement pour dévoiler,l'espace de quelques instants fugitifs, le galbé parfait de ses jambes. Sa chevelure de feu semble jeter des éclats rougeoyants autour d'elle alors qu'elle s'abandonne à la musique, ne faisant qu'un avec elle. Ce faisant, elle garde un regard brûlant sur moi, un petit sourire au coin des lèvres.

Alhynoa choisit bien son moment pour faire son entrée.....ceci dit, elle me tient pas rigueur de mon probable regard de merlan frit sur les formes de cette déesse de feu.

"Dis moi, tu sais y faire pour t'attirer des amis, ils vont pas te lâcher de l’œil ceux qui ont assisté a ton petit concert de tout à l'heure... "

J’acquiesce, et lui fait signe de m'attendre un instant. La sublime catin a terminé, je lui glisse avant de m’éclipser avec mon rendez vous du soir:

"De ta danse incendiaire, il a fallu que tu embrases, des hectares de mon être-forêt...Mmmm...toi tu ne payes rien pour attendre....."

Pas pu m'en empêcher! Je suis un bourreau des culs. La musique continue...je me présente devant elle droit comme i, puis m'incline comme un véritable gentleman, lui prenant délicatement la main:

"Mademoiselle, m'accorderez vous cette danse endiablée?"

Elle me donne sa main, relève un pan de sa robe et commence au son de la musique à se déhancher devant moi:

"Une danse ? Certes ! "

De son épaule glisse la tunique qui la couvrait... et tout en dansant elle s'agrippe à moi pour mieux souffler dans mon cou. Pfff la température monte, je m'attendais pas à une telle proximité!

"Fais moi danser, juste un moment La Mano, entraînes moi dans ta danse"

Un moment, je la mène d'une main ferme. Mes gestes sont surs, j'ai pas oublié les danses traditionnelles de ma jeunesse. Tour à tour, j'exécute des petits pas travaillés, fait tournoyer ma cavalière, la tient à bout de bras, avant de la ramener vers moi, lovée dans mes bras....

Son joli minois se relève et nos regards se croisent:

"Pourquoi tiens tu tant à attaquer les soldats du fort et tout ceux qui portent les armes ? "

"Je ne tiens pas plus que ça à attaquer des hommes en arme ou des soldats. Je ne suis qu'un simple trouvère provocateur, qui s'amuse avec les mots très chère, et cette leçon que j'ai reçu sur la place, je l'ai bien comprise....Mais dites moi qu'ont dit les miliciens après mon départ? Que comptent ils faire à propos de moi?"

Elle m'a fait changer de sujet, mais je perds pas le nord...allez, j'ose, et dépose un baiser dans son cou...

"Ils ont dit qu'ils vous garderaient a l’œil, et qu'au moindre faux pas, on vous ferait arrêter. Je peux vous assurer qu'ils n'ont pas le sens de l'humour, vous avez pu le constater par vous même. Mais je me dois d'insister sur un petit détail.. Vous êtes un merveilleux danseur, mais je vous serais gré de ne plus m'embrasser "

Ce disant elle me regarde intensément dans les yeux, les siens pétillent, et ses joues sont rosées de plaisir. Il est évident pour moi qu'elle a même aime ce baiser. D'ailleurs elle m'a même pas calé une mornifle, elle continue de me sourire, et danse de plus belle. Son teint est pivoine, c'est déjà gagné?

On finit par s'arrêter de danser, elle se love contre moi, et je lui murmurre:

"Me voilà au moins prévenu... mais oublions les soucis. Pourquoi nier cette évidence? Vous avez aimé recevoir ce baiser, comme j'ai adoré vous le donner. J'ai envie de vous connaitre, petite fleur de la baie, de faire un bout de chemin en vôtre charmante compagnie. Accepteriez vous de faire plus ample connaissance sur les quais après la fête?"

Mon index vient d'écarter cette mèche de cheveu rebelle en lui caressant la joue d'une manière très tendre. Mon regard si clair la dévore certainement en cet instant.

Elle ose pas me répondre, rougit comme une pucelle, et m'invite à boire un coup pour répondre à mon invitation de danse. ma foi pourquoi pas? Quand je lui propose une promenade nocturne sur les quais, elle a accepté avec timidité, mais sans protester. Vraiment charmante....
Mais avant d'y aller, une promesse est une promesse, j'interprète ma chanson sur Jarm à Roxanne:

"Ce jeune homme au teint halé, habillé de haillons,
Je l'ai croisé à la Baie, c'est Jarm le vagabond,
Sur la place interpellé, il m'a filé trois ronds,
J'ai pas pu y résister, lui dédie cette chanson,

Où va-t-il ? D'où vient-il ? Qu'importe !
Suivant le hasard qui l'emporte
Il chemine de porte en porte.

En Forêt croise une elfette, il lui tend un bouquet,
Lui conterai bien fleurette, mais elles étaient fanées,
Rien à foutre de sa boulette, il l'invite à danser,
Lui déchire sa jupette, lui marchant sur les pieds

Un jour il toise un démon, et lui coupe une corne,
La met pour décoration, sur son beau tricorne,
Il parait que les dragons, disent qu'il dépasse les bornes,
Depuis sa démonstration, face à cinq licornes

Où va-t-il ? D'où vient-il ? Qu'importe !
Suivant le hasard qui l'emporte
Il chemine de porte en porte.

Parait qu'a la Pyramide, ils s'en souviennent encore,
Sur cette foutue terre aride, avec son folklore,
Lorsque notre héros avide, sortit sa claymore,
Provoqua un génocide, et piqua leur trésor,

En passant au monastère, il va voir les moines,
Leur enseigne comme un père, la valeur de leur patrimoine
Mais les bonzes l'exaspèrent, il leur colle une avoine,
Leur apprend les bonnes manières, une éducation idoine,

Où va-t-il ? D'où vient-il ? Qu'importe !
Suivant le hasard qui l'emporte
Il chemine de porte en porte.

Je te prie bien de me croire, c'est un homme bon,
Invite le donc à boire, c'est Jarm le vagabond,
Rend hommage à ses victoires, et paye l'addition,
Après tout cette gloire, vaut bien un ch'ti canon"


La chanson a plu, les applaudissements fusent. Quelle soirée! Roxanne a aimé, ça l'a convaincue de faire affaire avec moi.....

"Ton offre mon convient, mais j'ai une autre proposition à te faire. J'aimerais... bonifier notre marché."

La belle appuie son menton sur sa main, se penchant légèrement vers l'avant. Ce faisant, son décolleté se dévoile davantage, d'un mouvement si naturel qu'il semble être inconscient. Cette impression est évidemment bien vite démentie par le regard de la courtisane.

"Vois-tu cher ami, mon emploi chez Jaahl m'engage à demeurer en ville pour m'occuper des visiteurs et des passants. Je n'ai malheureusement pas le loisir de voyager pour faire profiter les habitants des contrées plus lointaines de mes services. Et je suis certaine que tu conviendras tout comme moi que cela est bien triste... pour eux."

Elle se mordille la lèvre, coquine.

"Or, il se trouve qu'un barde aussi talentueux que toi doit bien évidemment avoir à se déplacer souvent. Si je ne peux venir jusqu'à eux, peut-être pourrais-tu leur transmettre l'envie de me rendre visite grâce à cette fameuse chanson?"

Son regard pétille, se remplit de promesses.

"Voici ce que je te propose. Vingt pièces pour la chanson, et pour la promesse de faire la promotion de la plus grande courtisane du continent, je t'offre gratuitement mes services. Aussi longtemps que tu respectes cet engagement, évidemment."

Roxanne ajoute, à voix plus basse, complice.

"Maintenant, je vois que tu es en pleine conquête de cette petite. Ne t'inquiète pas pour cela. J'emporterai mes secrets dans la tombe..."

Elle se redresse, l'air entendu.

"Tu es libre de refuser mon offre, évidemment. Mais si cela pouvait t'encourager à l'accepter, je serais prête à respecter mes engagements dès ce soir."

Quelle offre....trop tentante pour refuser!

"Hummmmm, de toute façon j'ai pour habitude de chanter mes créations à travers tout le continent, donc cela ne me pose pas de souci, au contraire même. Quant à gouter au nectar de ton joli petit abricot, et à tâter de tes deux jolies poires qui me font de l’œil, c'est pas l'envie qui m'en manque. Dès que je t'ai vu, tu as su me séduire....
Mais tu as bien remarqué, je suis déjà occupé avec la p'tite fleur, donc je me dois de décliner ton offre de services pour ce soir, enfin..... pour l'instant. Car nous verrons comment tourne ma ballade. C'est bien possible que je repasse plus tard pour te trousser jupon. Au pire ce sera la prochaine fois, en te contant fleurette avec ma chanson, qui tu peux me croire, aura fait le tour d'Odyssée. Bien, je prend les 20 pièces pour l'instant, je fais ta promotion, et pour ton joli postérieur on verra plus tard. Tope là?"

La jeune femme rit, enchantée de l'arrangement.

"Marché conclus, très cher. Bonne chance avec ta fleur, mais si les choses ne tournent pas comme tu le souhaites, je serais ravie de voir si tes doigts savent faire vibrer autre chose que des cordes de luth."

La courtisane rit de plus belle et me lance une bourse lance avant de se lever. Passant près d'Alyhnoa, elle adresse un sourire à la jeune fille:

"Et voilà... Il est tout à vous!"

La garce...aussi belle que perverse, j'adore....
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La Mano
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Re: [Roman]Carnets de Routes

Message par La Mano »

IV. Tout ça pour ça

Avec tout ça, je sais que dalle de la damoiselle. Elle s'est assise face à moi, j'épatte la galerie en jonglant avec trois pièces, c'est pas bien compliqué, mais ma curiosité me pousse à lui poser la question:

-"Vous dites que vous en savez si peu sur moi, pourtant vous connaissez grosso merdo mon caractère de jeune insolent, insouciant, bon vivant ou encore joyeux luron, ainsi que mon métier, qui va pour ainsi dire
de pair avec.....par contre moi, je ne sais rien de vous, mis à part que vous êtes un joli brin d'fille...Parlez moi de vous, je vous en prie...et je me dévoilerai à mon tour."

Un haussement d'épaules, suivit d'un soupir dans un second temps...et finalement:

-"Qui suis je ? Je suis une fille aux rêves fanés à peine éclos, et qui espère les voir renaître au printemps, une fille des rues, de ces rues de la Baie... Mes pieds ont tant couru ces pavés qu'il en connaissent chaque forme, chaque irrégularité. Mais ce ne sont pas ces rues, ces magasins, ces visages...... toujours les mêmes que je voyais, non, je partais sur les pans d'abruptes montagnes, j'escaladais des falaises surplombant des
cascades. Ce ne sont pas les merdes des chiens que j'évitais mais des nids de créatures maléfiques à ne pas réveiller, et sur le rebord des fontaines, je naviguais vers l'horizon, là où le monde se termine, espérant découvrir une île merveilleuse...
Ou bien encore je montais dans le clocher du temple, et me penchant le plus possible au dessus du rebord, je fermais les yeux, étendais les bras, et soudain survolais des forêts majestueuses, apercevant en bas, des nains, elfes, ou encore des hobbits vacant à leur quotidiens... Mais surtout, en allant près des échoppes, en passant devant celle du forgeron, sentant la chaleur qui s'exhalait de son four, je voyais un dragon, un dragon si grand qu'on ne pourrait le voir d'une seule fois, et je sentais son haleine, chaude, brulante... Il couvait son trésor comme une poule pond ses oeufs, et je m'approchait de lui,doucement, pour
lui caresser la gueule... il grognait de plaisir... Il avait des yeux comme les tiens, chauds, et si clairs, si intenses, si dangereux... et je n'avais pas peur... qui je suis... Je suis une fille qui rêve, et
qui pourtant n'a jamais quitté la Baie... J'ai entendu tant de chansons, d'aventures, d'histoires d'ailleurs dans ma taverne, et je n'ai jamais eu le courage de partir seule."

Elle soupire à nouveau, ses yeux luisent et minaudent en se noyant dans les miens. J'ai rien perdu de ses paroles que j'ai bues jusqu'à la lie, et lui rétorque:

-"Voyez vous ça, une rêveuse invétérée? J'aime....quoi de plus normal que s'en aller sous d'autres cieux plus cléments, même illusoires, pour échapper à la grisaille du quotidien qui nous rattrape. Cela me rappelle mes rêves de gosse. J'ai grandit comme fils de paysan du côté de Brumevent, et le dur labeur des champs n'était pas fait pour moi....je rêvais beaucoup moi aussi, de faire ripaille à ma guise, vivre de belles aventures, m'extasier devant les beautés de ce monde, être heureux par monts et par vaux. C'est peut être arrivé un peu tôt, lorsque mon pater m'a foutu à la porte alors que j'avais juste trois poils aux pattes. Faut dire pour ma gouverne que je l'avais pas volé.
Alors j'ai vécu comme je pouvais, petit prince de la débrouille, de rapine de pacotille à droite à gauche pour survivre, et au fil de mes mauvaises fréquentations, j'ai appris à gagner ma vie aux dès, aux cartes, comme un bon roublard qui se respecte. C'est ainsi que j'y ai gagné mon surnom... La Mano. Puis ce fut la musique, au départ pour séduire les jolies damoiselles, avant qu'elle ne devienne ma passion.
Alors je me suis dit il y a peu, pourquoi pas en faire ton gagne pain en voyageant? Ainsi je pourrais joindre l'utile à l'agréable?"

Pourquoi j'ai envie de plus avec celle là, plutôt qu'une autre? Oh et puis merde, j'ai qu'à lui proposer:

-"Certes je n'ai rien de la force d'un chevalier, pas plus que la richesse d'un nobliau de bonne aloi, quoique ça ça pourrait changer hahaha.....mais la fougue, l'improvisation, la fête, ou encore l'aventure
sont miennes."

Rapprochant mon visage du sien dangereusement, je lui souffle:

-"Laissez moi vous arracher à ce destin qui vous cloue seule ici à la Baie....le printemps est peut être arrivé, que la p'tite fleur éclose enfin....devenez ma muse...."

Elle me coupe:

-"Notre histoire se ressemble, moi aussi mes parents m'ont mise à la rue, enfin, ils ne m'ont pas vraiment donner le choix, c'était cela ou... enfin, Brumevent, j'en ai tant entendu parler, de ses terres
noyées dans le brouillard, un lac que l'on nomme dans les chansons. La fougue, l'improvisation, la fête, l'aventure, c'est bien plus que ce dont j'ai pu rêver. Les jours se ressemblent ici à La Baie. Arrachez moi à mon destin, cueillez moi donc à l'instant... "

-"Jolie fleur, es tu éclose? C'est l'heure, petite rose Comme ton sourire, Tu dois t'épanouir."

Banco! Y a pas à dire quand je veux je suis bon! Mais dans quoi je me suis fourré? Une donzelle à mes basques. C'est vrai qu'elle a un truc en plus, mais ça me ressemble pas!

Une ritournelle plus tard sur les femmes, la demoiselle me demande:

-"Une chanson charmante et triste, A quel affreux goujat vous referiez vous dans les deux premiers couplets ? "


-"A qui? Euuuu laissez moi réfléchir...à moi?"

J'éclate de rire et poursuit:

-"Plus sérieusement, je ne fais référence à personne en particulier. Je crois pouvoir dire que chaque damoiselle y verra midi à sa porte.

Quand à vous conter fleurette...je suis un incorrigible baladin. Des gifles, des baffes, des tartes, des mandales, des beignes, j'en passe et des pires, j'en ai déjà pris mon comptant pour moins que ça héhé! Et même des pots de fleurs, de la vaisselle en porcelaine, une fois même une poule....ouais ouais.... sur le coin de la gueule pour avoir un peu trop claironné au balcon, au sens propre comme au figuré. Une collection de râteaux à vous en faire pâlir le jardinier de la comtesse!

Mais faut croire que j'aime ça.... haha. Faut dire que ça se passe pas toujours comme ça! Et puis, y a toujours ce petit gout de reviens y! J'assume..."

La coquine me rejoins sur les genoux. Que je sois un joli coeur ne lui fait pas peur, ce serait bien la première tiens! On en reparle à la prochaine que je reluque un peu trop!

C'est alors qu'une inconnue fait son entrée dans la taverne. Je l'entend poser une question à une table voisine, pour se rendre à Brumevent, et lui explique le chemin avec galanterie. Elle s'appelle Yalyhra. Une autre demoiselle , déjà présente dans la taverne, s'approche d'elle et tente de la...peloter? Ou la voler. Une gifle retentissante retentit!

-"Non mais ça va pas bien ? Enlevez vos mains de là tout de suite !!!"

Ça c'est de la beigne de compète! Ooooohhhhh! Va y avoir du sport, et moi je reste tranquille.

-"Une bataille entre nanas, ouaiiiis!"

Ma réplique fait marrer la galerie, bon public. J'aurai tort de pas en remettre une couche!

-"Très chère Alyhnoa, je sais que tu aimes pas les jeux d'argent, aussi je ne me permettrai guère de prendre des paris avec mes piécettes, tu as vu comme je suis attentionné hein. Alors...mmmmmm...je parie un chaste baiser sur la donzelle giflée, une petite gâterie de ton choix sur la donzelle en bleu, un gros câlin comme tu veux si intervention de la milice, et une nuit entière à ton service si le taulier se réveille et nous règle cette affaire! Qu'en dis tu? Tu ne risque pas de perdre!"Tiens si on pariait sur le motif de la mornifle? Je penche entre une tentative de vol caractérisée ou une main baladeuse dans la culotte."

-"Hahaha, j'adore! Si tu gagnes, va pour le baiser chaste, si Je gagne, tu ... écris une chanson sur moi, et la nuit entière, c'est seulement si tu gagne, car si c'est moi s'en sera plus d'une !"

Voyez vous ça? Elle est pire que moi? Parfait!

Yalyhra fronce les sourcils devant tout ces ce public de malappris. Son regard flambe,elle bouillonne c'est clair. Et alors qu'Alyhnoa termine son petit expose, elle se retourne vers Miralia, et ses mains fines se glissant derrière son cou, elle embrasse sur la bouche la jeune femme qui n'a rien vu venir. Aussi prend elle un air faussement hautain, et déclare:

-"C’était une main baladeuse, peu en effet résistent a la perfection de mes courbes "

S'ensuit un léger coup de coude a l'attention de Miralia.

-"N'est ce pas très chère ? "

Laquelle répond bien fort:

-"Voilà qui s'arrange comme tu le voulais, finalement ? Avoue que tu n'as pas pu résister, toi non plus, à mes lèvres... si... sensuelles et appétissantes ?"

Elle ne peut s'empêcher de se tourner vers moi et me balancer:

-"Toi qui parle plus que quatre femme réunies tu en as eu pour ton argent ? Ou tu aurais aimé autre chose ?"

Je suis mort de rire par la situation qu'ont pu provoquer mes conneries:

-"Ma douce et tendre, je crois qu'on a un peu trop ouvert notre claque merde, si bien qu'on m'offre la victoire sur un plateau hahahaha. Pas très convaincante la mistinguette hein, mais bon, même si c'est pas juste, j'ai gagné....nananèreuuu...."

Saisissant fermement Alyhnoa dans le dos, le jeune homme l'embrasse avec fougue.

"Rooo on avait dit chaste ce baiser! Vraiment, aucune tenue ma p'tite fleur! Quant à tes fesses, elles perdent rien pour attendre...."

Alyhnoa proteste sur un ton faussement outré, alors que Jarm et Kleberscow font leur entrée à la taverne. je devise avec eux quelques instants, ne les attendant pas de sitôt.

Miralia, victime de Yalyhra, se croyait tranquille, mais j'ai bien envie de la clouer sur place et lui répond avec un peu de retard:

"Pourquoi pas un effeuillage en règle de vos frusques, en duo sur le comptoir, avec ta nouvelle copine?"

C'en est justement trop pour sa copine, qui semble lui lancer des éclairs avec ses yeux. outrée devant l'hilarité générale à leur dépens, elle se lève, et s'en va. J'aurai voulu foutre la merde que j'aurai pas fait mieux hahahaha.
Finalement, les conversations vont bon train, la bière coule à flot, et je me noye au fond de mon verre. me souviens juste que la petite a dit qu'elle devait faire son sac, et que Kleb' a mis les voiles. Je me réveille avec la pâteuse, un imprimé des aspérités de la table tatoué sur mon front. Putain la cuite, ça faisait un bail! Me faut quelque temps pour me remettre d'aplomb.....contre toute attente, je suis bien inspiré pour Roxanne, et avant de m'en aller, je lui joue ma dernière création:

"J'voudrais vous chanter, la rouquine d' la Biche d'or,
Née pour dévergonder, gare à la sauvageonne,
Sur toi les yeux rivés, plus belle qu'une amazone,
Guindée dans son corset, maitresse qui te dévore,

Trogne marquée par le sel, marin tu la courtise,
Chez toi c'est naturel, empreint de convoitise,
Rev'nant d'un archipel, envie d'une paillardise,
Quelque chose de charnel, avec la dame exquise,

On l'appelle fille de joie, la putain à soldat,
Ne sois pas si grivois, c'est une vraie diva,
Sûr son joli minois, du plus bel apparat,
T'aura laissé pantois, t'en perd ton charabia,

J'voudrais vous chanter, la rouquine d' la Biche d'or,
Née pour dévergonder, gare à la sauvageonne,
Sur toi les yeux rivés, plus belle qu'une amazone,
Guindée dans son corset, maitresse qui te dévore,"

Sautant à pieds joints juste devant la damoiselle, il fit une
révérence et reprit, avec un sourire carnassier:

"Roxanne la libertine, y a du monde au balcon,
Gravissant ses collines, un rêve de p'tit garçon,
Lorgnant sur sa poitrine, en pleine exaltation,
Sur place tu prend racine, et fond comme un glaçon,

Roussette crinière de feu, princesse des catins,
Pour elle ce n'est qu'un jeu, de main ou de vilain,
Tu lui fais des aveux, au creux du baldaquin,
Sur tes envies au pieu, question de baratin,

J'voudrais vous chanter, la rouquine d' la Biche d'or,
Née pour dévergonder, gare à la sauvageonne,
Sur toi les yeux rivés, plus belle qu'une amazone,
Guindée dans son corset, maitresse qui te dévore,

Dépuc'llant le moutard, fils à papa coincé,
Contentant le vicelard, qui rêve de la fessée,
Ou bien le vieux briscard, pour une brutale virée,
Pour elle c'est tout un art, pour toi c'est confirmé,

Mais viendra un beau jour, un lendemain qui chante,
Arrivera l'amour, comme une fée bienveillante,
La belle sans détour, s'en ira émouvante,
Plus question de retour, pour la reine des amantes!

J'voudrais vous chanter, la rouquine d' la Biche d'or,
Née pour dévergonder, gare à la sauvageonne,
Sur toi les yeux rivés, plus belle qu'une amazone,
Guindée dans son corset, maitresse qui te dévore..."


Saluant les quatre coins de la salle, alors que je me rajuste, je lance à la principale intéressée, tout sourire:

-"Alors, heureuse?"

-"Ah, La Mano, tu es bien à la hauteur de ta réputation! Je m'incline devant ton talent..."

M'adressant un signe de tête reconnaissant, la rouquine se redresse sur sa chaise, plutôt fière d'avoir inspiré une si jolie chanson. Son regard de braise me dévore, c'est un peu tôt pour lui faire honorer son accord, pourtant c'est pas l'envie qui m'en manque. Ma p'titre fleur pourrait revenir d'un moment à l'autre.....et justement, je la retrouve juste devant la taverne! Sur le chemin, elle m'explique son passé, qu'elle a eu maille à partir avec la justice, et me demande de la laisser faire un saut au tribunal.
Si elle savait combien de fois j'ai pu avoir ce genre de problèmes par le passé, pas sur qu'elle me suivrait.

Et alors qu'on recroise Lorak, je me permet une petite grivoiserie avec ma muse:

"T'as pas oublié ce que tu me dois dans la nature j'espère! Hahahaha!"

-"Quoi?!"

-"Tu sais très bien de quoi je parle ma p'tite fleur....mais attendons donc de trouver une botte de foin!"

Un instant elle reste bouche bée, puis pointe un doigt menaçant sur moi, les sourcils fronces, le nez plissé par la colère :

-"Non mais quel culot mon ami !!! La délicatesse d'un geôlier allié à la tendresse d'un boucher avec une pièce de viande. Alors, quoi? Pourquoi s'ennuyer de belles phrases ou de romance quand il suffirait
juste d'une main au cul et d'une botte de foins pour charmer la Dame ? Est ce dont toute l’idée que vous avez des jeunes filles de La Baie ? Est ce de cette façon que vous emmenez les femmes dans votre couche a
Brumevent ? Pourquoi se barder de belles paroles quand on connait la réputation de ces filles de peu de vertu ? Et il s'agirait en plus de quelque chose que je vous dois ? QUE JE VOUS DOIS ? Si il y a parmi nous une seule personne qui DOIT quelque chose, il s'agit bien de vous, de me présenter des excuses. Non mais de m'appeler votre muse, ou votre petite fleur, puis de se faire traiter comme une catin de bas quartiers, et devant votre ami en plus ? C'est embarrassant, c'est abassourdissant... c'est... C'est odieux !!! Sachez que j'avais une bien plus haute estime de vous, et que vous venez de la réduire a néant ! "

Bras croisés, le port altier, elle fulmine et attend ses excuses. Ça c'est bien les femmes! La veille un coup dans le nez, ça s'offusque pas et ça vous invite gaiement. le lendemain, au pied du mur, ça joue les saintes nitouches, et ça assume plus rien. Pffff!

-"Si on peut plus rigoler deux secondes....mais mademoiselle a peut être envie de savoir que je suis qu'un pauvre hère fils de pécore, dev'nu gamin dans les bas quartiers par le mauvais sort qu'il a lui même provoqué?
Alors mes manières elles sont ce qu'elles sont, et des fois je suis loin d'être un chevalier Brumois, c'est comme ça. Par ailleurs je ne faisais référence qu'à mon pari gagné à la taverne...."Si j'étais ce réel goujat dépeint avec tant de sévérité, je me seraisencanaillé avec la belle Roxanne. Pourtant je l'ai pas fait, Shanya sait que j'en ai eu l'occasion, et pour pas un rond."

Ca elle était pas censée le savoir, mais ça m'a échappé! Oh tiens, j'ai qu'à prendre cet air de châton

-"Désolé d'avoir froissé la damoiselle avec mes manières de rustre, j'en serais quitte pour me la mettre doublement derrière l'oreille. Lorak...tu m'excusera toi aussi hein pour ce lavage de literie sale en
famille."

Et maintenant, je passe en mode femme qui boude dans mon coin, avec un air triste joué par ma mandoline.....elle pourra pas me résister.

-"Ah c'est donc cela... le jeune homme fait vœux d'abstinence a la prostituée, et je devrais en être flattée... Ah, c'est donc cela, il a été élevé chez les bouseux et donc je devrais tolérer ses odieux traitements... Pardonnez moi mon cher mais si je me souviens bien, de ce fameux pari, le prix en fut un chaste baiser, qui par ailleurs fut grandement rendu... Si je peux vous le rappeler, je n'ai pas été élevée par des marquises, et c'est a ce genre de comportements qu'il m'a fallut survivre, chaque jour, dans une taverne malfamée, d'ivres ordures pour me faire une respectueuse place... J'ai été traitée comme une catin, menacée de viol, demandée en mariage. Je peux vous dire que mon cul a mémé été mis en vente par mes propres parents! De complices caresses, de secrétés promesses de galipettes nocturnes, entre nous c’était prometteur, tentant même, et je vous aurais suivit et servit, par monts et par vaux... Mais d’indiscrètes mains au panier, et de vulgaires promesses de tringle, j'en fait Fi !!! Je ne suis ni une pute de quartier, ni une récompense, un affreux trophée a brandir a chaque autre mâle !!! Je suis une femme, une femme qui vous aime, et qui vous aurait donne son corps si vous l'aviez un peu plus respecte !! "

Elle va s'étouffer si elle se calme pas. Je sais pas quoi lui répondre, cette fois elle m'a eu...ou pas, car là voilà qui s'agenouille face à moi:

-"Si je suis ta muse, traite moi comme telle... je te donnerai mon corps, mon âme même, mais n'en fait pas un prix de foire. Ne fais pas de moi ce que je ne suis pas. Je peux te suivre, t'aimer.. Mais si tu
brises mon cœur, si tu brises ma dignité, je peux aussi te briser Toi! Je te demande de t'excuser, devant ton ami. Pour m'avoir traitée comme une putain. Je t'avais prévenu, les fleurs ont aussi des épines."

Grmbl......fait chier.

-"Je m'excuse."

Ça m'a arraché un poil de cul, mais je l'ai fait. Nous restons silencieux un moment, alors que je lui fais découvrir la route du sud qui mène vers le Fort. Finalement nous retrouvons peu à peu nôtre bonne humeur après l'orage. Mais finalement en vue du Fort, Alyhnoa me lance:

-"Il y a quelque chose qu'il faut vraiment que je te dise, car depuis que nous avons quitte la Baie, cela me taraude. Je me sens coupable de laisser mes parents. Il faut que j'y retourne...Je pourrais toujours te retrouver après, ou que tu sois. Si notre amour est vrai, il survivra cette séparation. Il faut que tu me comprenne, en partant maintenant, ce n'est pas toi que j'abandonne, mais c'est ma mission que je termine. Parce que si a cause de cette escapade, je perds leur trace pour toujours, je m'en voudrais à mort... Tu comprends ? Je sais que que je te retrouverai."

Ou pas? J'ai pas vraiment le choix, et proteste mollement. De belles promesses de son côté fusent, on doit se retrouver plus tard à Bois doré. Mais elle ne viendra jamais.....et à ce jour je n'ai jamais su ce qu'elle était devenue. Triste. Tel est pris qui croyait prendre, je suis tombé amoureux d'un fantôme. J'ai longtemps porté un pendentif qu'elle avait sur elle , une pierre bleue, ciselée , avec une clé gravée dessus. Mais ça n'avait plus de sens, alors j'ai finit par l'offrir Dame Orphandilia. Mais ça c'est une autre histoire.
Modifié en dernier par La Mano le 28 mai 2017, 19:20, modifié 1 fois.
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La Mano
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Re: [Roman]Carnets de Routes

Message par La Mano »

V. Le luthier des Brumes

Une fois revenu au castel, pardi j'ai été promu. Me voilà troubadour, armé d'un nouveau sort, et d'un bâton, tremblez...euuu.. les gobelins! Bref, après moult conversations à la cour, j'en suis repartit. J'ai bien envie de m'améliorer dans les arcanes, mais pour l'instant je suis encore une buse dans le domaine. Et aussi, de me faire un instrument de musique unique en son genre. Faudrait que je rejoigne la Forêt aussi, Azelun veut parait il m'y retrouver, mais chaque chose en son temps...J(allai oublier Aenor, une comparse barde, qui voudrait m'entendre chanter, et à qui j'ai donné rendez vous à la taverne du coin.
Je commence par aller trouver l'archimage:

-"Bien le bonjour messieurs dames, je suis la Mano, nous nous sommes déjà croisés il y a un moment. Dame Orphandilia m'a intronisé barde officiellement, aussi...je viens quérir un peu d'aide auprès de vous avant de lever l'ancre une nouvelle fois. J'aimerai savoir s'il est possible d'apprendre quelque sort à vos côtés, plus particulièrement dans les arcanes du feu et de la pensée."

Mais j'ai oublié que le vieux est pas commode, tout juste s'il me grogne pas dessus:

-"Il est surtout possible de travailler l'arcane et d'en tirer ses enseignements, pas de distribuer à tout va sortilège pour qui n'y connait rien, alors t'es chanteur, tu chantes, tu récoltes des pièces d'or et tu trouves des bibliothèques qui dispensent cela, malheureusement, ici j'enseigne, je n'en fais pas commerce... Bonjour"

J'ai beau reformuler ma demande de manière plus... diplomate disons? Rien à cirer pour autant, il m'ignore. Fait chier, on verra plus tard avec ces foutus arcanes. Cap sur le village!

Sur le chemin je compose une nouvelle petite chanson, qui se fredonne facilement:

Moi quand j'étais gamin, j'étais un petit con,
Maintenant je suis enclin, à prendre le melon

Moi quand j'étais lardon, je charmais les pucelles,
Maintenant j'ai du pognon, c'est toute une ribambelle

Moi quand j'étais sal' gosse, je faisais des caprices,
Maintenant je roule ma bosse, et nage dans le vice

Moi quand j'étais minot, elle était pas bien grande,
Maintenant j'suis hidalgo, elle bande sur commande

Moi quand j'étais morveux, je vous faisais les poches,
Maintenant je suis heureux, c'est dev'nu trop fastoche

Moi quand j'étais bambin, je braillais tout le temps,
Maintenant j'suis baladin, c'est un aboutissement

Moi quand j'étais bâtard, je branlais jamais rien,
Maintenant je suis flemmard, un très bon comédien

Moi quand j'étais merdeux, je buvais en cachette
Maintenant je suis honteux, accro à la piquette

Moi quand j'étais enfant, j'aimais bien la musique,
Maintenant je suis bruyant, c'est vraiment dramatique

Moi quand j'étais poupon, je disais des gros mots,
Maintenant je suis bouffon, pile poil dans mon crédo

Moi quand j'étais mouflet, j'avais trois poils au cul
Maintenant je suis minet, un vilain moustachu

Moi quand j'étais moutard, je mentais tout le temps
Maintenant je suis peinard, toujours l'air innocent

Moi quand j'étais pupille, je trichais chaque fois
Maintenant je resquille, le prince des bourgeois!

Tralalalala....lalalalala.....lala!"


Futur succès, j'en suis persuadé. Quelques heures plus tard, je fais une entrée remarqué dans le tripot. Ça fait un bail que j'y ai pas traîné mes guêtres. Dévisageant une à une les quelques beautés présentes, je m'arrête finalement sur la tenancière, et me dirige droit vers elle. Tirant ma plus belle révérence, je ne peux m'empêcher de lui baiser la main sans lui demander son avis, et prendre la parole, le ton guilleret:

-"Bien le bonjour Mademoiselle, vous devez être l'aussi célèbre que charmante Anathemna. Je dois dire qu'Azelun a su vous décrire avec la parfaite justesse du poète. Je me présente... la plèbe me nomme La Mano, ménestrel pour vous servir. Je ne pouvais pas lever l'ancre une fois encore sans faire étape ici, et puis...c'est à la taverne, entre deux fonds de verre, qu'on apprend toujours les meilleurs potins n'est ce pas? Bref, j'ai pour projet de remplacer cette vieille mandoline, au moins aussi vieille que nôtre bon archimage. Pour cela, j'ai besoin d'un luthier. Ce serait y pas un comble de pas en trouver un dans la contrée des bardes, vous en conviendrez hein. Du coup...mmmm....vous sauriez où je peux en trouver un? Naturellement, je ne suis point rustre, et vous promet sur l'heure une petite représentation de derrière les fagots en échange...."

J'ai pris un ton avenant un brin roublard, elle me laisse parler en me souriant, et quand j'ai finit, elle me claque le beignet d'une gifle retentissante. La garce! J'adore!

-"Ça, mon gars, c'est pour t'apprendre à ne jamais toucher une femme sans son consentement, que ça te serve de leçon."

Et là voilà qui retrouve le sourire, déconcertante:

-"C'est une bien bonne idée que tu as là, c'est en effet dans les tavernes que l'on peut exercer son art, et aussi que l'on peut trouver quelques piécettes. Quant à ce luthier, certes, en cherchant bien dans le village, tu
devrais pouvoir en trouver un. mais as tu seulement le matériel pour qu'il te le fabrique, ton instrument, tout cela n'est pas gratuit! En attendant, qu'est ce que je rajoute à ton ardoise, que tu épongeras
en réjouissant mes clients par tes talents? "

La scène semble amuser Uzul, que j'ai déjà croisé à la Biche d'Or. Je ne perd pas contenance pour autant, et même si j'ai été surpris, je garde moi aussi le sourire:

-"J'ai toujours préféré les femmes de caractère héhé. Euuu...bref...je perd le fil là...ha oui! Donc vous dites que je pourrais trouver un luthier au village, parfait! Mais on verra plus tard, vous m'avez piégé très chère, mon éthique m'interdit de me dérober devant une boisson proposée en échange d'une ritournelle! On m'a vanté votre hydromel, alors goûtons y voir!"

Je monte sur une table pour dominer mon auditoire, et leur joue la chanson qui m'a valu de gros soucis à la Baie. Un souvenir cuisant à effacer? Ma prestation passe pas inaperçue, et c'est le foutoir immédiat. J'esquive successivement une tomate, un œuf, puis une patate, sans oublier un poireau qui passait par là. Manquait plus grand chose et je pourrais faire un pot au feu!

Une petite cuillère percute ma mandoline. Surpris, je relève la tête juste à temps pour me payer un pot de terre cuite en pleine poire, qui éclate en mille morceaux. Un peu sonné, sous le choc, je me tiens la tête un moment. Fort heureusement pour moi, les contestataires vident les lieux sur le champ, laissant la place à des clients ravis, qui me relèvent, et me refilent une vingtaine de pièces d'or. Quelques projectiles, une gifle et une bosse pour une telle somme! Un peu que ça vaut le coup! Oubliant la boisson, je fais ma révérence et lance à la dérobée:

-"C'est pas tout ça, mais faut que j'aille à la pêche au luthier moi!"

Un petit clin d’œil plus tard, pour Anathemna...

-"Très chère, ce fut un plaisir...m'sieurs dames..."

Un peu plus tard, je retrouve nôtre luthier au village, qui habite une masure délabrée. C'est un vieil homme au visage buriné, dont le regard bon et bienveillant me frappe. Alors que je approche de lui, je remarque les rides de sagesse sur son visage et les sillons sur ses mains. Dans le fond de son habitation, je vois un violon dont il manque les cordes, un luth quelque peu délabré, une clarinette. Avec un regard doux, le vieil homme me salue et me dit:

-"Salutations, jeune homme. Je crois avoir entendu que vous cherchiez un luthier, hé bien c'est moi même. Cela dit, cela fait bien longtemps que nul n'a fait appel à moi. Comment pourrais je donc vous être utile?"

"Haaaa, enfin je vous trouve mon brave! La tenancière de la taverne m'avait vaguement parlé de vous."

Le jeune homme se peut s'empêcher de jeter un coup d’œil curieux, un peu plus appuyé, vers le fond de la cambuse, avant de revenir vers le vieil homme.

-"Mais j'en oublie les convenances pardonnez moi....on m’appelle La Mano, jeune ménestrel des Brumes."

Dégainant ma vieille mandoline, je la tend au luthier.

-"Comme vous pouvez le voir, je joue de la mandoline, et celle ci n'est plus toute jeune. Je cherche donc un artisan de talent, capable de m'en fabriquer une nouvelle.....mais pas nimporte laquelle. Je cherche
à acquérir un instrument spécial, original, magique. J'y mettrai le prix qu'il faudra, bien que je ne sois pas encore un riche dandy. Vous pouvez aussi compter sur moi pour vous ramener les matériaux nécessaires à sa confection. En tant que baladin, aller par monts et par vaut ne me fait pas peur, bien au contraire!"

Quelque peu emporté par mon enthousiasme, je finis par me calmer, et attend sagement les doléances de l'artisan. Il me répond simplement:

-"En effet, réparer cette mandoline, assurément, je le pourrais, mais si tu veux te lancer dans le métier, tu ferais mieux de te trouver un bel instrument. Je peux te fabriquer une mandoline neuve, et pour un prix d'ami. Mais il va me falloir du bois d'un arbre de bonne qualité, du noyer, ou du merisier, pourquoi pas, ou ce que tu trouveras de qualité équivalente. quant à la quantité, comme il me faut tirer le meilleur de chaque instrument, trois planches seraient l'idéal. Avec, il me faudrait du cuir, plusieurs lanières, et du chanvre. et tu auras ton instrument."

Je suis toujours sur le seuil de la demeure à discuter avec le vieux, lorsqu' Uzul se pointe. Je lui indique la route à suivre pour trouver le castel, et répond au luthier:

-"Et bien ma foi, je suis déjà dans le métier, et c'est bien un nouvel instrument que je veux, magique, du plus bel acabit! Cette mandoline m'a bien servit, mais elle a fait la guerre.....je compte bien surpasser un jour les plus grands, Azelun n'a qu'à bien se tenir héhé! Alors même si la bure fait pas toujours le moine, autant mettre toutes les choses de mon côté n'est ce pas? Comptez sur moi pour vous rapporter tout ça, et plus encore si je peux! Mon bon monsieur...je vous salue bien bas. Au plaisir!"

Exalté de me lancer ainsi à l'aventure, je m'incline largement devant le luthier, fait un clin d’œil à Uzul, et m'éclipse, fredonnant un air guilleret....
Simoc Mougie
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Re: [Roman]Carnets de Routes

Message par Simoc Mougie »

Excellent, j'adore.
De quand date le debut?
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La Mano
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Enregistré le : 15 juin 2011, 20:39

Re: [Roman]Carnets de Routes

Message par La Mano »

Salut, le début date de 2011, et là j'ai compilé environ 6 mois. Bon par la suite j'ai fait une pause de 2 ans, et j'ai eu des moments bien plus calmes aussi, donc ça devrait accélérer.....ceci dit encore pas mal de choses à raconter. J'en profite pour remercier tous ceux qui m'ont félicité et encouragé à continuer, ça donne du baume au cœur! La parenthèse HRP mise à part...on y retourne!

VI.Promenons nous dans les bois

Me voilà partit sur la route d'Orlhan. Jamais mis les pieds de ce côté plus jeune, mon vieux me l'avait formellement interdit. Trop dangereux qu'il disait, et pour une fois peut être qu'il avait pas totalement tort. Jusqu'aux premières futaies, le temps est radieux; mon pas leste, mais à peine entré sous les premiers hêtres, que je tombe nez à nez avec un elfe..demi elfe? Et Uzul, qui m'avait suivit, et raté l'embranchement.....à croire qu'il me suit partout. Je lui indique son erreur, il s'en retourne, et je fais face au nouveau venu:

-"Dis-moi, pourrais-tu m'aider a trouver une amie? Elle s'est égarée près d'ici."

Je lui ai demandé mon chemin avant, mais ni bonjour ni merde, avec le recul j'aurais du lui faire remarquer ça, et qu'il s'est même pas présenté non plus. Mais la curiosité est forte...

-"Ma foi, pourquoi pas, surtout si tu répond à ma question. Qui recherche tu?"

-"Une amie à moi, elle est facile à reconnaître, sa peau est noire! Elle devrait être par ici."

Il me montre une direction, et s'y dirige prestement:

-"Suivez-moi s'il vous plait, une fois au chablis, nous avons été séparés, elle ne doit en être bien loin, mais qui sait dans cette forêt, je vous récompenserai si l'on réussi à la retrouver!"

Tout en le suivant, je remarque qu'il pressé et nerveux, j'aime pas ça. Arrivé vers le chablis, je lui intime de rester là, et me laisser chercher. J'emprunte un petit sentier, et au détour d'une mini clairière, découvre un......homme, ou quelque chose, encapuchonné, sombre, et qui pue la charogne à des mètres à la ronde. La pestilence me saisit à la gorge.....une telle odeur, il devrait être mort, pourtant il bouge. Heureusement il a pas sentit mon arrivée, car mon petit doigt me dit qu'une telle rencontre, ça pue les ennuis. Et si.....c'était un piège?
Je commence à me demander si le demi elfe m'a pas dirigé exprès de ce côté pour me faire les poches avec son acolyte à moitié mort. Alors je recule, prudemment, et tombe sur lui en revenant sur mes pas:

-"Il y un type bizarre vers les buissons de pin, pas là bas...on dirait qu'il pionçait, pas pu voir qui c'était sous sa capuche, mais bordel...il puait le rat crevé. J'ai préféré rebrousser chemin. Sinon vers les arbres par là bas, il y a personne.....Bon, j'sais pas trop comment ni où chercher. Je connais pas la forêt moi. Une récompense...pourquoi pas, dites voir laquelle?"

Surtout ne pas lui montrer que j'ai de gros soupçons. Ignorant ce que je lui dis, il me montre pile là d'où je viens:

-"Allons voir près, dans les alentours du chablis, par ici!"

Ben voyons, cette fois c'en est trop, tu m'auras grand dadais aux oreilles pointues.

-"Pas de réponse à ma question sur mon chemin, ni pour ma potentielle récompense. J'ai pas l'habitude qu'on me prenne pour une truffe l'ami. Trouve toi un autre pigeon."

Et je le plante là, bras balants. Je pense avoir éventé sa ruse, mais je préfère ne pas lui laisser le temps de réagir, et traverse les fourrés à toute berzingue. Comme du temps où les gardes me courraient après pour les vols à l'étalage, quand je crevais la dalle sur les pavés. Ouf, semé...Mais j'ai aucune idée d'où je suis. Comme la nuit porte conseil, je me planque dans un fourré, et me tape une bonne sieste. A mon réveil, je retrouve rapidement un sentier, qui semble aller vers le nord, d'après la position du soleil. C'est ainsi que je tombe sur un petit groupe un peu plus loin. Parmi eux Stiwel, un comparse menestrel dont j'ai fait la connaissance récemment à la cour.

-"Bien le bonjour chers amis...je cherche la scierie, ou bien à défaut l'oratoire, l'un de vous pourrait m'en indiquer le chemin s'il vous plait? Ha! Tous les chemins mènent au rhum, ravi de te revoir Stiwel! Qu'est ce qui t'amène dans le coin?"

Un homme et un elfe l'accompagnent. Le sylvestre est mal en point c'est un fait. Recroquevillé contre un arbre, il est encore plus palot qu'à l'accoutumée. C'est moi, où il a livré combat il y a peu? Je ne lui pose pas la question, m'approche de lui, et impose la paume de mes mains sur son ventre, qu'il serre en tremblant. La douce chaleur que j'y canalise semble lui faire du bien, il hoche simplement la tête en signe d'assentiment. Une fois que j'ai terminé, Kisdas, c'est son nom, me remercie, et s'ensuit un long débat entre mes trois interlocuteurs pour savoir par où je dois passer, pour me rendre à Boisdoré ou l'oratoire. Au moins à présent je saurais mieux m'orienter. Nous devions un instant avec Stiwel des derniers événements à la cour de Brumevent, lorsque tout à coup, son visage se décompose. Et le voilà qui se jette dans mes bras, et hurle son désespoir à Odyssée tout entière.

-"Qu'est ce qui t'arrive vieux?"

Ca parait con comme ça, mais parfois on sait pas quoi dire. Il pleure dans mes bras, je finis par lui tapoter le dos de façon fraternelle. Comme si ça suffisait pas, Kisdas à côté s’exclame:

-"Il est devenu fou, tu devrais partir !"

Mais enchaîne directement:

-"Arrête de dire n'importe quoi , il a du faire un mauvais rêve."

J'ai rêve où il se parle à lui même en se contredisant?

-"Mais à qui tu parles toi?"

La voix entremêlé de pleurs, Stiwel répondit le premier:

-"Porté disparue. Ma douce, ma belle, mon ange... Elle a disparu! Mon cœur, ma joie, ma vie... avec elle! J'ai perdu ma Muse, elle a disparu, personne ne sait où elle est! Si je suis partit sans attendre mon intronisation c'était pour la retrouver. Si j’étais si pressé c'était pour ma promesse! Je lui avais promis une vie d'aventure avec elle, je devais aller la rechercher! Je
lui avais promis ... je lui avait promis ... C'est à elle que j'ai offert mon foulard... mon symbole, elle m'avait offert son collier, ce collier."

Il désigne un collier à ras de cou qu'il porte, orné d'une onyx brillante d'un éclat sombre. Mon regard soupçonneux se tourne alors vers l'elfe, qui semble gêne:

-"Je parle à personne! je...je me fais une réflexion à moi même. Sinon ce n'est qu'une femme , tu n'en as pas besoin! Oublie là, c'est mieux pour toi et surtout pour nous ..."

-"Non ce n'est pas qu'une femme, c'était ma Muse, mon inspiration. Mais elle n’as pas pu disparaître comme ça, c'est impossible. On me l'as enlevée c'est sur.

-"Bon et bien peut être que on la retrouvera sur notre chemin! En attendant il faut rejoindre Mellimac !"

Avec tout ça j'avais même pas remarqué que le troisième larron avait levé le camp.

-"Oui nous allons partir bientôt, mais qui as bien pu m'enlever mon ange?"

"Je ne sais pas moi , peut être les soldats d'Ananke... je n'en ai pas la moindre certitude ! Sur ce,je vais rejoindre Mellimac ! Rejoins nous dès que tu peut! Ravis de t'avoir rencontré La Mano! J’espère que nos chemins se recroiseront très bientôt, bonne chance pour la suite."

-"Ananke...Ananke! Je vais devoir vous laisser, vous me pardonnerez mais j'ai un destin à accomplir"

Il a pas pu s'empêcher de s'égosiller, au moins toute la forêt sait à présent. Drôle de rencontre, mais à présent je sais vers où me diriger. Remontant le chemin sur quelques lieues, je finis par tomber sur un croisement, où sont attroupés quelques marcheurs qui campent. Je reconnais Lorak, décidément j'ai le chic pour le recroiser lui aussi. Avec lui, une femme magnifique, à moitié à poil, avec un arc, serait ce une amazone? Et enfin, deux rôdeurs, dont le plus âgé semble être ni plus ni moins que le grand Ascorium en personne, dont j'ai déjà entendu parlé. Ils me proposent leur hospitalité, en échange des nouvelles de Brumevent. Je leur en donne, et leur parle du but de mon voyage, de mes rencontres. Ascorium sourit et me fait la réflexion:

-"Oula, je vois que vous êtes aussi bavard qu'Azelun à ses débuts..."

-"Héhé, ouais j'ai pas la langue dans ma poche, je préfère la donner aux chattes, et croyez moi, elle est aussi bien pendue!"

Son sourire prend un air plus inquiet:

-"Les Démons de la Fournaise se baladaient dans le coin il y a peu, j'espérais qu'ils soient partis."

Je prend conscience qu je l'ai échappé belle, et de peu. Notre bonne humeur s'en est allée. Il poursuit:

-"Azelun m'a demandé de vous prendre avec moi si on se croisait. Mais j'imagine que oui, vous pouvez continuer à faire vos courses, puis nous pouvons nous retrouver à l'Oratoire à la fin du Haut Conseil. Par contre, j'ai bien peur de vous annoncer une bien mauvaise nouvelle: la scierie a été détruite, et le maître d'oeuvre tué par les Fournaisiens...nous sommes arrivés tard. Il vous faudra alors voir à Boisdoré si l'ébéniste à de quoi vous fournir en bois. Concernant les Druides, ils seront présents au Haut Conseil. Vous pourrez donc les rencontrer là bas et je tacherai de vous aider."

Je prend congé pour ce soir, ils partiront à l'aube. Pour l'instant, je ne dors pas. Ces bois m'inspirent une toute nouvelle création, que je fredonne sur la route le lendemain:

Il y a Lilou le hibou,
et Claudette la chouette,
et Hugo le corbeau,
et Marie ange la mésange,
et Bernard le busard,
et Ninon le héron,
et Diego le moinot,
et Lisette l'alouette!

Les oiseaux se réunissent dans la clairière de la Forêt, décident de
faire un banquet, comme casse croute, encore meilleur que du pâté en
croute:

Il y a Pat le mille pattes
et Chloé l'araignée,
et Lily la fourmi,
et Mireille le perce oreille,
et Victor le doryphore,
et Dudule la libellule,
et Pascale la cigale,
et Muriel la coccinelle!

En chemin, le ventre plein, ils se posent l'air ravi, histoire de
faire une pause pipi, et trouvent un groupe de nouveaux amis!

Il y a Gaston le hérisson,
et Mario le blaireau,
et Daphné le sanglier,
et Sophie la souris,
et Florian le faisan,
et Lulu la tortue,
et Ginette la belette,
et Marine la fouine!

Vla t'y pas qu'ils traversent la rivière, et entre deux pierres,
qu'ils tombent encore sur de nouveaux amis. Comme c'est mimi!

Il y a Jakouille la grenouille,
et Roger le brochet,
et Janisse l'écrevisse,
et Suzon le saumon,
et Léo le barbeau,
et Raymond le triton,
et Aldo le crapaud,
et Cassandre la salamandre!

Un petit coucou, dans le lac juste en dessous...

Il y a Mariette l'ablette,
et Lison le goujon,
et Tara le poisson chat,
et Laurent le flamant,
et Arsène le chevesne,
et Coralie le courlis,
et Manon le vairon,
et Bertille l'anguille!

Merde on était pas partis de la Forêt pour faire la Révolution!? C'est
Te Dannan qui l'a dit d'abord, alors allez au turbin! Vous voyez cette
ferme, alors allez voir là bas si j'y suis! Là bas....

Il y a Pascal le cheval,
et Simon le mouton,
et Firmin le lapin,
et Samson le cochon,
et Aglaé le baudet,
et Alonso le taureau,
et Philémon le dindon,
et Maximilien le chien!

Arrivés cahin cahant vers l'Océan, ils sourient car ils font
connaissance de nouveaux amis!

Il y a Germaine la baleine,
et Gabin le dauphin,
et Zora l'barracuda,
et Baudoin le requin,
et Suzette le crevette,
et Gaspard le homard,
et Martine la sardine,
et Leslie l'otarie!

Comme c'était un peu trop humide, cap sur la Pyramide. Nouvelle
direction à peine choisie, et voilà qu'ils rencontrent de nouveaux
amis!

Il y a Gunther le dromadaire,
et Silvio le chameau,
et Léonard le guépard,
et Chantal le chacal,
et Richard le lézard,
et Etienne la hyène,
et Danielle la gazelle,
et Françoise la gerboise!

Pas très à l'aise, ils se dirigent vers la Fournaise, et parlent avec
des méchants animaux ennemis, mais qui deviennent vite de nouveaux
amis!

Il a Léon le scorpion,
et Chrystal la mygalle,
et Herbert la vipère,
et Salomon le frelon,
et Oscar le cafard,
et Eric le moustique,
et Moustapha le rat,
et Yvon le démon!

Ha merde, vous vous appelez pas Yvon mais Merzbow? Ha zut alors,
saperlipopette mille excuses! On va pas se faire prier hein, au
plaisir. Quoi? Prier Ananke? Et vous voudriez pas qu'on saigne Samson
le cochon sur sa statue aussi? Si?...ha...et on cherche la sortie vers
le Monastère, vous sauriez pas où la trouver? Et vous auriez pas cent
pièces d'or et une chariotte de trésors aussi? Non....alors vous
dérangez pas, c'est pas tout ça mais on y va, parce que perché là
haut...

Il y a Hector le condor,
et Eloi le chamois,
et Charlotte la marmmotte,
et René l'épervier,
et Lucien le bouquetin,
et Timon le moufflon,
et Amour le vautour,
et Carole le campagnol!

Retournant dans le sud, vers un climat moins rude, ils tombent nez à
nez avec le Haut Conseil des animaux qui suent, turlututu qui puent du
cul:

Il y a Geoffroy le putois,
et Juliette la moufette,
et Blaise la punaise,
et Annouk le bouc,
et Meriadec le fennec,
et Caspar le renard,
et Salomé le furet,
et Maximilien le chien!

Mais qu'est ce tu fous là encore sale cabot?! Une fois par chanson on
a dit! Putain de corniaud, meilleur ami de l'homme? Vous rigolez,
juste bons à être des toutous à leur mémère et pis c'est tout! Toute
façon moi j'aime pas les roquets qui ont une grande gueule. Souvent
c'est les meilleurs ratiers? On s'en tappe, moi j'aime pas les clebs,
je préfère les chats. Ouais les catamiaous! Comment ça il y en a pas
dans ma chanson? Merde avec tout ça j'ai perdu le fil, bordel à
cul...ha....si....maintenant faut qu'on aille voir les autres, mais
d'abord on va se reposer...oui oui...et sous l'Arbre. Quoi j'suis con
à bouffer du foin? Pfff regarde plutôt autour de toi:

Il y a Arsène le chêne,
et Zoé le chataigner,
et Barnabé le noyer,
et Alizée le pommier,
et Julia le lilas,
et Bruno le coquelicot,
et Viven le sapin,
et Marianne la gentiane!

En poussant jusque chez les hobbits, qui riment avec petite
...amanite....oh encore de nouveaux amis! Vous êtes toujours pas
assouvis?

Il y a Odette la rainette,
et Junon le pigeon,
et Gunnar le canard,
et Marion le griffon,
et Damien le ragondin,
et Flavie la chauve souris,
et Mamadou le loup,
et Gerd la boule de merde!

Shanya soit louée! Au secours! Je veux revoir maman à Brumevent!
Comment c'est possible une boule de merde qui marche? Parce que
dessous....

Il y a Gégé le bousier,
et Louison le papillon,
et Dino l'escargot,
et Véronique le lombric,
et Odilon le grillon,
et Victoire l'ours noir,
et Rocco l'asticot,
et Otton le morpion!

Ben quoi fallait bien que je termine par une note un peu grivoise!
C'est la Nature m'sieurs dames, s'cusez pour les tits zenfants et
pardon aux familles toussa toussa hein. La morale de cette histoire?
Les petites bêtes sont nos amies, y faut les aimer aussi.


Je finis par trouver le cercle de pierres qu'on m'a indiqué....l'oratoire. Il semble calme, et je sursaute de surprise, remarquant au dernier moment celui qui est sans aucun doute l'Esprit de la Forêt, mi elfe, mi arbre. Une créature à taille humaine, à la beauté unique, qui me toise d'un œil perplexe.

-"Je...bien le bonjour, vous êtes l'Esprit de la Forêt?"

Mais quel con je fais! Ben non j'suis Aerox, connard, doit il penser etc. J'essaye de garder contenance, et me présente tel un véritable diplomate. Puis je lui explique le but de ma visite:

-"Je suis ici car j'ai besoin de bois. Du bois d'essence magique, de préférence. Comme vous le voyez, ma mandoline est fatiguée, et j'ai comme projet de m'en faire fabriquer une nouvelle, la meilleure qui soit! Je compte bien sur me rendre au marché de Bois Doré pour du chanvre et des lanières de cuir, mais pour le bois....."

Marquant un temps d’arrêt, je pèse mes mots avec soin:

-".....voyez vous, je ne veux pas faire nimporte quoi. Je sais que la Forêt, avec ses arbres, ses plantes, ses animaux.... est chère à ses habitants, donc je souhaite ne prendre de ce bois qu'avec vôtre aval, et juste en quantité qu'il me faut, ne cherchant pas les ennuis. J'aime la nature vous savez, d'ailleurs j'en ai fait une chanson joviale en traversant vôtre belle Forêt...enfin bref, je suis prêt bien évidemment à faire quelque chose pour vous en échange."

-"Sois le bienvenue brave ménestrel, tu as notre aval pour ta demande, mais...si tu doit couper ou faire du mal à un arbre, s'il te plaît, Prie Te Danaan pour lui demander son pardon, et si tu le peut, plante
une graine en guise d'offrande."

La main de bois de l'esprit me tend des graines et le dépose dans ma paume ouverte. Ça c'est une affaire rondement menée. Je le remercie pour cette autorisation, et reprend ma route vers le nord. Cap chez les petites gens!
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La Mano
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Re: [Roman]Carnets de Routes

Message par La Mano »

VII. Marchand de tapis

Me voilà arrivé à Boisdoré, ça tombe bien, c'est jour de marché. Partout des étals se montent, et les hobbits circulent dans ce bric à brac dans la bonne humeur. Pour sur j'ai bon espoir de trouver ce que je suis venu chercher. Flânant de stand en stand, je suis finalement interpellé par un marchand. Lui expliquant les raisons de ma présence, il m'invite à m'approcher de son magasin:

-"Bien sur, mon cher sire ! De la corde de chanvre de première qualité, combien de mètres en voulez vous? De sa longueur dépendra son prix ! Et des lanières de cuir, j'en ai aussi, mais de combien avez vous besoin? C'est 2 pièces l'unité. Par contre, non je n'ai pas de bois à vendre ici...vous avez regardé du coté de la scierie?"

-"Mmmmmm...alors pour les lanières de cuir, je vais en prendre cinq, comme ça je suis sur d'en avoir assez. Pour la corde de chanvre, un rouleau de cinq mètres fera l'affaire j'imagine. Par contre pour le bois, Ascorium m'a conseillé de venir ici directement. Il m'a dit que je trouverais certainement un ébéniste sur le marché. Je serai bien allé à la scierie, c'est ce que je voulais au début, mais le problème, c'est qu'elle a été rasée par les démons de la fournaise, il y a de ça quelques jours. Tireas a été tué....du coup me voilà."

Adoptant un sourire malicieux, je reprend avec assurance:

-"Contre un petit supplément en piécettes sonnantes et trébuchantes, je suis sur que vous saurez me dégoter ce bois.... non?"

Le marchand me sourit de toutes ses dents:

-"5 pièces la corde alors. Quant au bois, je voudrai bien mais on n'est pas trop porté sur le bois sur le marché hein....Il y a un ébéniste au village, il s'appelle Job, tu devrais peut être voir avec lui. Va fouiner du coté des trous hobbit, les échoppes des artisans sont par là bas."

Il se frotte les mains, satisfait.

-"Donc 5 lanières à 2 pièces, et une corde, ça fait 15 pièces en tout."

Fort bien, plus que le bois à trouver. Mais d'abord, ce fameux Job que tout le monde semble connaitre. Un hobbit dans la foule finit par m'indiquer où il se trouve, et deux minutes plus tard, me voilà face à lui:

-"Bien le bonjour, avec votre si joli tablier d'artisan....vous devez être Job j'imagine? Un hobbit du marché m'a envoyé vers vous pour une course, j'ai besoin de bois. Mais la scierie a été rasée par ces enflures de la fournaise il y a peu, son maître bûcheron tué, d'où ma présence ici....car j'ai absolument besoin de trois jolies petites planches de noyer ou merisier. Vous pourriez me fabriquer ça?"

Ce faisant, je tâte ma bourse à la ceinture pour appâter le poisson, la soupesant en faisant tinter mes pièces.

-"Mon bon m'sieur, ce n'est pas le genre de travail que je fais habituellement mais pourquoi pas, je peux vous les faire. Par contre il me faudrait un bon tronc d'arbre pour pouvoir les tailler."

-"Arf! l'ennui c'est que je suis pas bucheron, Maitre Job, donc j'ai pas les outils pour ça, et je suis pas plus une brute épaisse avec des muscles noueux, si vous voyez c'que j'veux dire, à ma dégaine ça crève les yeux, non? Peut être pourriez vous vous charger de trouver et tracter le fameux tronc de merisier ou de noyer? Contre une somme supplémentaire, cela va de soit. Ou bien je puis également vous assister dans cette tache."

Il me répond d'un air tout étonné:

-"Bien je n'sais pas comment j'pourrais trouver c'tronc moi même. Avant j'allais a la scierie mais vu qu'elle est détruite je n'sais pas comment faire. Peut être pourriez vous voir si quelqu'un peut vous aider dans sur la place ou dans la taverne?"

Fait chier, vas falloir que je trouve quelqu'un pour le faire, surement à l'auberge comme il dit. Alors je prend congé, en lui disant que je reviendrai sous peu. Pour obtenir mon du, vas falloir faire une belle entrée. Je choisis la principale, en annonçant la couleur de suite. Mais pour être sur que ça fonctionne, je leur chante ma chanson sur les bestioles, histoire de tester un peu son succès, et me remplir les poches. Bon choix! Le public aime beaucoup, et je finis acclamé par les petites gens, une belle somme en poche...C'est alors que j'apperçois Jarm le vagabond, qui transperce la foule:

-"La Mano, toi ici hahaha. Tonnerre ! Tu ne fais pas honte à ta réputation, mon ami ! Te rendre service me comblerait de joie, cependant, comment venir à bout d'un vaillant merisier sans hache ? Ton artisan ne pourrait-il me prêter deux hachettes ? Car sans doute, un ami à moi pourrait m'aider, et l'on te ramènerait un fort beau tronc d'arbre bien rapidement... Ceci dit, peut-être qu'un vaillant bûcheron se cache parmi nous, en ce cas, je tirerai ma révérence, pardi !"

-"Héhé salut l'ami, c'est sur qu'il faudrait une hache, du coup faudrait ptet demander à Job. Au pire doit bien y avoir un gusse dans ce patelin qui pourrait nous en louer une. Pas'que c'est pas avec mon cure dent de
carnaval que je vais arriver à couper un arbre, ça c'est clair. Et pis tu me connais, je suis trop dandy pour ça haha! Mmmmm enfin t'as raison, voyons si un bucheron se manifeste...sinon, je suis sur qu'un prince de la débrouille comme toi saurait quand même me faire ça, non? Surtout pour quelques piécettes de plus, non?"

Nous considérons la foule un instant tous deux, à l’affût du chaland. Devnel le tavernier, surgit et pose une lourde chope de bière devant moi, pleine d'un mousse épaisse et blanchâtre.

-"C'est la maison qui offre ! s'exclama-t-il avec entrain. Voilà longtemps que l'on n'avait point déversé chant si cocasse dans mes vieilles oreilles..."

Un type nommé Galnor vient s’asseoir à nos côtés, et me glisse:

-"Bravo, Bravo. Il y en a une autre comme ça? "

Je lui répond en me balançant sur ma chaise, prenant mes aises:

-"Haha ça c'est rien encore, vous avez rien vu, je peux faire nettement pire! Et.....je sais pas si ça serait du meilleur gout pour la comtesse Orphandilia...C't un secret mais je travaille sur la grivoiserie du siècle, vous voyez l'bousin? Un truc à vous défourailler les entrailles qui parle de flûte à trou, de faire coulisser l'andouille dans l'cresson, tisonner l'fourreau, exploser le nénuphar, faire baver la limace, galvaniser les escalopes. Enfin...tout l'bastringue quoi, mais que de manière imagée hein, c'est tellement plus poétique. J'espère juste que Shanya m'en voudra point de trop...."

Observant la mine surprise des personnes qui l'écoutent, je finis par éclater d'un rire bruyant, et reprend, à peine plus sérieusement:

-"J'doute qu'un clampin se manifeste pour faire ce boulot. Tant pis pour eux hein....et pis, échange de bons procédés entre filous Jarm. T'avais été mon premier client, aujourd'hui on inverse les rôles. Mmmmm....bon dis moi, c'est quoi ton prix vieille racaille? Fais gaffe j'suis un véritable marchand de tapis ambulant hahahaha."

Un certain Deem, que j'avais déjà croisé, nous rejoint pour papoter, bientôt suivie d'une certaine Elinor. Sa tête me dit bien quelque chose. Je finis par piger où je l'avais croisée. Normal, la dernière fois, c'était avec Azelun, quand on a reluqué son derrière au tribunal! Elle salue ma prestation. C'est là qu' Uzul choisit son moment pour sortir de sa boite:

-"J'suis pas bûcheron, juste fermier, mais une hache, j'ai!"

La dernière fois l'étais pas partit pour le village des Brumes lui? Sauf qu'il s'était perdu en route. Tant mieux héhé.

Jarm s'écrie:

-"Ami, vous nous rendriez bien grand service ! Serait-il possible que vous me prêtiez, gracieusement, votre hache, afin que je puisse couper quelque arbre ? Je vous laisserai ce chapeau durant ce temps,
qui m’est très cher, ce chapeau, très cher ! Enfin, afin que vous soyez certain de ma bonne parole ! Et puis, foi de Jarm, je suis probe, et que les Cieux me foudroient si mon âme n’est point pure ! Votre arme, je vous la ramènerai intacte, rutilante et bien propre, soyez-en convaincu Et puis, si vous êtes réellement rude en affaire, je puis vous payer la location, enfin, du mieux que je pourrai, car je suis fort pauvre à sincèrement parler. Ou vous rendre quelques services en contrepartie, selon vos volontés! Ordonnez, j’obéirai. Contre un petit prêt de hache, naturellement. L’avenir de notre barde en dépend, et a fortiori celui de ma bourse."

-"En fait, je peux même aller vous aider; je pense qu'on s'ra pas de trop de deux si y a du bois à ramener. Vous compter aller où ?"

-"Mon bon Uzul, tu me sauve la vie! ...bon les gars, faut vraiment que j'aille à l'oratoire, alors voilà ce que je vous propose. Vous me coupez un joli merisier ou noyer. Vous trompez pas hein, et vous l'apportez à
Job. Aux dernières nouvelles il était sur la place du village. Je vous propose...mmmm......15 pièces d'or chacun pour ce boulot si vous le faites ensemble.

-"Sois sans crainte, on s'en occupe de ton bois, nous ferons les choses bien."

Je leur fais confiance, alors que Jarm propose à Deem et Elinor d'aider, car ils ont visiblement des choses à se dire, s'étant connus à la Baie. Décision qui aura par la suite des conséquences dont personne ne soupçonne la portée à première vue. Mis à part probablement nôtre bonhomme au tricorne, et son fin sourire.
Quelques lieues plus loin, je retrouve Ascorium à l'oratoire, qui m'annonce qu'Azelun est déjà repartit. Quelques nuits de plus, et me revoilà au village face au luthier:

-"Le tout est neuf et arrive du marché de Bois Doré. Malheureusement je n'ai pas pu vous faire parvenir pour l'instant les trois planchettes de bois. La scierie a été rasée par ces salopards de la Fournaise, vous êtes surement au courant....alors j'ai du embaucher d'autres personnes, qui s’attellent en ce moment même à la tache. Enfin bon, voilà déjà de quoi commencer le travail, et je vous ferai parvenir le reste dans les plus brefs délais. Mais dites moi, puisque vous allez pouvoir commencer le travail, quel est vôtre prix?"

-"Ben, c'ta dire que sans le bois, difficile de dire combien j'va devoir te prendre... Bon, tu m'amènes les matières... Au moins 100 pièces qu'il va te falloir et sans les faux frais! Ah ben oui, c't'une somme j'sais bien, mais tu m'as dit que tu voulais du haut de gamme...et ça dépend du bois qu'tu vas m'amener hein...J'vais commencer le travail, mais j'veux 60 pièces d'avance. Ça te va ?"

-"Vous pourriez faire un geste, pensez à la bonne réputation que je pourrais vous faire, ou auprès de la comtesse....pour 70 pièces, avec 40 d'avance, ça vous irait?"

-"Vous m'faites rire v'zaut z'artistes... Ça vous dérange pas d'débourser 30 pièces pour 3 pov' planches en bois, mais vous trouvez trop cher 100 pièces pour l'instrument tout entier! Pis vous savez,ma réputation, hein; pour un r'traité, l'est plus à faire. 100 pièces, c'est 100 pièces, j'descendrai pas . Mais allez, j'veux encore bien descendre l'avance à 20 pièces, ça vous va ?"

-"Vendu!"

Le voilà donc au travail, et de mon côté, je m'en retourne au castel...
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La Mano
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Re: [Roman]Carnets de Routes

Message par La Mano »

VIII. Fenêtre sur Cour

Me voilà de retour à la cour. J'y retrouve ce cher Kleberscow, les trois rôdeurs rencontrés précédemment, Ascorium, Adria et Bringer. Et Lorak, qui a visiblement croisé Azelun qu'est déjà repartit. A croire qu'il aime filer comme le vent et poser des lapins celui là, je peux pas m'empêcher de râler un peu pour la forme. Damaleus, un chevalier que je n'avais jamais croisé, est là également. Je leur joue quelque ritournelle, alors que la comtesse , absente, se fait attendre. C'est Ascorium qui le premier vient me parler:

-"On dirait Azelun il y a quelques années. Même fougue, même suffisance, et même discours... Heureusement l'aède a bien changé, sinon je crois que j'aurais dû mal à le supporter !"

Le vieux rôdeur est mort de rire à me chambrer ainsi, c'est de bonne guerre, je le prend pas mal.

-"Vois-tu, Azelun d'Aexarn a de nombreuses affaires urgentes aussi. Certaines qui concernent la survie du monde. Il est pressé, et en l'occurrence c'est toi qui a besoin de lui, et non l'inverse. Regarde notre ami Lorak. Il a su être patient et a eu le plaisir de rencontrer notre barde voyageur. Je vais lui envoyer un message d'ailleurs pour voir ce qu'il trafique. Je vais lui rappeler à ton bon souvenir mais je doute qu'il puisse venir immédiatement..."

Alors qu'il murmure quelques mots à un ami invisible, une bourrasque fait lever quelques robes. Je ne peux m'empêcher de blaguer. il a voulu jouer à ça, allons y:

-"Avouez z'avez mangé des flageolets. Bon sang un vent comme ça y'a de quoi en être fier"

Le rôdeur hausse les épaules, j'en remet une couche

-"Allez revendiquez donc sa paternité, et faudrait penser a lui trouver un nom hehehe"

Tout le monde se marre, y a pas à dire je suis doué pour la gaudriole.

-"Et non, ce n'est pas un pet..."

Le rôdeur nous l'assure d'un air amusé, comme s'il y avait besoin.

-"Un sort qui permet de trousser le jupon de ces Dames? C'est trop beau pour être vrai, je vous en conjure maître rôdeur, faites de moi vôtre apprenti!"

A la cour on est pas toujours bien payés, mais qu'est ce qu'on rigole! Après cette ultime pique de ma part, la Comtesse choisit de faire son entrée parmi nous, s'assoit sur son trône, et nous invite à prendre la parole. Je lui donne les dernières nouvelles glanées lors de mon voyage, Ascorium lui rend ses hommages en présentant ses compagnons, et Kleberscow lui tend une missive venant des prédateurs, se posant quelques questions sur eux. Ascorium semble pressé de savoir de quoi il retourne:

-"Alors Kleberscow. Que se passe-t-il à l'Arbre ? Et que souhaites-tu savoir sur les Prédateurs?"

Dame Orphandilia répond à sa place:

-"Ainsi donc ils veulent négocier. Bien que cela soit louche, l'oratoire étant loin d'être un lieu neutre, nous ne pouvons nous permettre d'ignorer ceci. Mais cette requête est bien étrange, de quand date notre dernier
conflit avec ces... prédateurs? Même s'ils ont un sens de l'esthétique plus que douteux ce n'est pas une raison pour s'en prendre à eux. En tout cas il n'y a aucune raison de refuser cette entente entente. Qu'en dites-vous? Et y a-t-il des gens, dans cette assemblée, qui souhaitent figurer pour moi à ce rendez-vous?"

Kleberscow se montre volontaire:

-"Comtesse, si vous êtes d'accord, ce serait avec joie que je vous représenterai. Afin d'avoir une vision d'ensemble, les propos du rôdeur Ascorium sont à écouter. Pour le lieu neutre, je vous propose l'arbre a ce sujet si vous m'acceptez comme votre voix."

Damaleus s'exclame alors, puisqu'on l'invite à donner son avis:

-"La dernière fois que j'ai entendu parler de ce groupe, ils venaient d'agresser et de tuer un Chevalier des Brumes. Qu'est-ce qui nous assure qu'ils ne s'agit pas d'un stratagème de leur part? Et que Gérald le Preux m'arrête si je me trompe, mais suite à cette lâche agression, ils ont toujours en leur possession une des reliques de St Gérald."

Remarque pertinente, sur laquelle chacun médite. Ascorium prend alors la parole pour nous donner quelques informations:

-"Sachez tout d'abord qu'à l'origine, les Prédateurs n'étaient pas un groupe aussi ... démoniaque. Ils avaient une place de choix en Forêt et étaient notre bras armé. Malheureusement les choses ont changé avec le temps. Si je devais aujourd'hui les décrire, voici ce que je dirais... Les Prédateurs sont vils et menteurs. Ils ont tué et massacré, puis se sont repentis, puis ont recommencé, puis se sont repentis, puis ont
recommencé. Ils savent semer le doute dans les esprits, même en ceux en qui vous avez confiance."

Il laisse quelques secondes de silence et ajoute:

-"Cependant, ils sont venus une nouvelle fois faire amende honorable auprès du Haut Conseil malgré leur pillage de l'or de Boisdoré et des meurtres de plusieurs d'entre nous. Ils se trouvent que te Danann nous
est apparue. La Déesse a accepté leurs excuses, mais elle leur a donné un avertissement : c'était la toute dernière fois et s'ils venaient à briser leur promesse, alors la vengeance de la Mère serait terrible. De fait, et face à cette apparition divine, nous avons décidé de leur accorder une dernière fois notre pardon. Mais ils ont été largement prévenus sur ce qui se passerait s'ils nous décevaient. On leur a également posé une condition : ils devaient aller voir tous les peuples de ce monde qu'ils ont contrarié, c'est-à-dire tout le monde je pense , et faire en sorte de se faire pardonner. C'est donc dans cette optique qu'ils proposent un pacte j'imagine. Je pense donc que vous pouvez accepter, mais à condition que Sliver, ou un autre, se déplace ici même : qu'ils fassent quelques efforts quand même ! Qu'en pensez-vous ?"

Toujours utile de croiser les vieux routards. Un silence méditatif s'installe, que je romps avec enthousiasme:

-"Vous vous foutez probablement de mon avis, mais je vais vous le donner quand même héhé. J'suis d'accord avec Asco, difficile de faire confiance à de telles girouettes, mais bon, on a pas vraiment le choix si la déesse leur a remonté les bretelles, non? En tout cas, clair qu'ils ont qu'à se bouger le fion jusqu'ici eux même, c'est quand même la moindre des choses."

Ma réplique fait rire Dame Orphandilia:

-"Non, barde impertinent, nous ne nous "foutons" pas de votre avis! Si nous l'avons demandé c'est bien parce que nous devons agir dans l’intérêt de tous. Il est fort possible qu'il s'agisse de ruse ou d'autre chose dans ce
goût douteux, mais il serait fort impoli de rester sourd à cette demande. Nous comprenons bien votre requête, Ascorium. Grâce à vos éclaircissements, nous pourrons mener à bien ces négociations bien plus efficacement. Ils ont besoin de cet accord, bien plus que nous, et nous pouvons donc poser nos conditions. Il est vrai que les recevoir ici serait plus confortable, mais il faut tout de même les prévenir que nous les attendons. Kleberscow, puisque vous vous proposez pour négocier avec eux, êtes-vous également pret à nous servir d'émissaire auprès de ces Prédateurs? En tout cas, au vu de leur caractère retors, nous vous conseillons de ne pas partir seul les rencontrer."

Le chevalier acquiesça aux paroles des différents intervenant, et me glisse:

-"Toute remarque est bonne à prendre, jeune homme. Et la votre est loin d'être dénuée d'intérêt. Comme vous avez dit : la Déesse de la Nature les a mi à l'épreuve."

Puis il se tourne vers la Comtesse:

-"Toujours est-il qu'en tant que représentant de la Chevalerie, je souhaiterais que, si un pacte devait être passé, cela soit aussi associé à la restitution de la relique de Gérald le Preux. Si vous le souhaitez, je peux voyager avec Kleberscow. A moins que je ne sois appelé à d'autres missions suite à la réunion que nous aurons, Dame."

"Bien, qu'il en soit ainsi vous irez tous les deux."

La Comtesse se retire alors dans ses appartements. Je flâne au castel ici et là, puis revient le lendemain à l'heure des audiences. Entre temps, une rumeur de tournoi à Brumevent est parvenue jusqu'à mes oreilles. Je me permet de poser la question directement à Dame Oprhandilia:

-"Au sujet de ce tournoi, nous n'en sommes même pas aux préparatifs, il faut encore aménager les lieux, faire passer la nouvelle dans tout Odyssée, et réaménager les arènes qui commencent à dater. Il nous faudrait un nouveau terrain de joutes. Si nous avançons bien, nous pouvons nous attendre à voir commencer ce tournoi dans dix lunes."

Une opportunité est là, à saisir, je la rate pas:

-"Si vous permettez j'aimerai égayer le tournoi avec une soirée festive dédiée à ma musique, pourquoi pas celle d'ouverture ou de fermeture des festivités, avec une vaste représentation de mon récital. La plèbe j'en suis certain, serait ravie de s'amuser encore plus que de coutume, et moi même pourrait certainement en tirer quelque louable bénéfice pour payer le luthier. Qu'en pensez vous? Ai je vôtre appui pour cet événement?"

-"Bien sur, peut-être même pourriez-vous nous organiser quelqu'épreuve de rimaille? Ainsi on aura à ce tournoi non seulement les grands guerriers mais aussi les fins esthètes! Qu'en pensez-vous?"

Lorak appuie mon aidée, puis nous discutons des modalités, et je prend une décision, qui va changer mon avenir lors des prochains mois:

-"Ce serait un honneur d'y travailler pour vous, Dame Orphandilia."

"Oui, La Mano, si vous le désirez vous pouvez être responsable de la partie artistique du tournoi, et décider de la manière dont il se déroulera, éventuellement en comptant sur d'autres personnes pour vous aider. Songez aussi que cela serait alors mal venu que vous y concourriez, on risquerait de voir cela comme de la triche. Par contre rien n'empêche que vous ne vous représentiez à titre hors-concours."

-"Je m'engage donc à organiser le tournoi artistique, vous pouvez compter sur moi! Je vais réfléchir à la liste de matériaux, personnel, finances et victuailles qu'il nous faudra pour des festivités réussies, ainsi qu'aux modalités du concours. Au fait, où pensez vous l'organiser? Il nous faudrait un lieu dégagé pour que la foule puisse s'y masser, devant une estrade. Et je pourrais éventuellement prendre la route sans m'attarder ensuite, pour porter par delà les contrées la nouvelle du tournoi."

-"Puisqu'il faut une date, disons le jour des feuilles? Nous espérons que tout soit prêt avant, mais mieux vaut prévoir large. Quant au lieu, je vous laisse libre de faire votre choix, en vous rappelant que les berges du lac seront magnifiques en cette saison. Pour le tournoi martial, nous prendrons les arènes au village."

Nous discutons un moment des modalités, avec force détails des plus inintéressants, et enfin, j'ose:

-"J'allai oublier, j'ai également quelque doléance plus...personnelle à vous confier, si vous permettez, pourrions nous en discuter en privé?"

La Comtesse m'invite cordialement à la suivre, dans ses appartements privés. C'est une victoire pour un grouillot tel que moi, qui prend peu ) peu le chemin de la noblesse. Si mon daron me voyait il n'en croirait pas ses yeux. Tout ici respire la beauté, et un rossignol pépie sur le rebord de la fenêtre, en hommage à Shanya. C'est le familier de Madame. Mais je dois dire qu'en cet instant, c'est elle qui attire le plus mon regard, beauté digne de Shanya elle même. Je me sens tout petit à côté d'elle.

-"Ma Dame, je vous remercie de vous recevoir dans vos appartements. C'est un honneur pour l'humble ménestrel que je suis....."

S'inclinant légèrement face à elle, je préfère me calmer en jouant l'hidalgo musicien, et sort ma vieille mandoline. La comtesse est férue de barderies dans ses appartements, ce n'est un secret pour personne. Je commence donc à gratter les cordes, la mélodie est simple, douce, agréable, envoutante, j'improvise et c'est pas mal du tout. Tout en jouant, je poursuivis, plus détendu:

-"Concernant votre décision pour le lieu, je pense que vous faites le bon choix. Si vous le souhaitez d'ailleurs, je puis porter cette missive au général, puisque je ne tarderai pas trop à reprendre la route. Route qui me mènera donc au village, au Fort, à la Baie, dans la Forêt, et à Bois Doré...puisque je connais bien ces chemins. Je préfère en effet que vous dépêchiez d'autres personnes pour alerter les habitants de la Pyramide, de l'Arbre, du Monastère, etc."

Enfin, j'arrête ma musique, et ploie un genou à terre:

-"Ma Dame, je serai malhonnête si je vous disais que je fais tout cela de manière seulement désintéressée. Oh je vous rassure, je ne souhaite point vous dévaliser comme un vulgaire voleur, car même si j'ai grand besoin d'argent dernièrement pour payer le luthier, mon métier à présent me rapporte de quoi vivre aisément. Simplement, pour ne rien vous cacher, j'ai une certaine ambition, et j'aimerai avoir l'assurance de m'élever au sein de la hiérarchie de l'Ordre des bardes lorsque mon travail se sera achevé. J'aimerai aussi bénéficier avant mon départ ces prochains jours, si vous le permettez, des services de votre tailleur personnel pour la création de vêtements somptueux sur mesure, pour devenir un véritable dandy, toujours plus charismatique, digne de vous, de Brumevent, du rôle majeur qui m'a été dévolu comme messager, diplomate, organisateur pour ces festivités...."

C'est le moment que choisit Kiriun pour frapper trois grands coups sur la porte, et faire irruption dans les appartements. Grrrrr...il entre, et s'excuse:

-"Désolé de vous importuner, ma Dame, mais un courrier a apporté cette missive pour vous."

Il la dépose sur un meuble non loin de la porte pour ne pas s'inviter outre mesure dans la chambre. Un salut plus respectueux qu'officiel, puis il quitte les appartements.

-"Charmante musique que la vôtre. J'apprécie beaucoup cet air...Je comprends que vous vouliez une compensation, même si j'espérais que la renommée apportée par l'événement vous suffirait. Enfin, il ne sera pas dit que je délaisse les artistes talentueux. Si vous y tenez tant vous aurez ce costume. Je vous laisse voir avec Olivia ou Fermis pour prendre vos mesures, il devrait être prêt pour l'ouverture du concours. Bon, si vous le permettez, voyons cette lettre...mmm...oh un concours de cuisine, charmant! Lisez par vous même."

-"Bien ma Dame, je n'aurai pas l'outrecuidance d'insister sur ma seconde requête concernant mon évolution dans la confrérie. Je gage qu'elle se fera naturellement, et vous pourrez compter sur moi pour ne pas faire les choses à moitié..."

Hochant la tête, je me redresse tout en saisissant le pli:

-"Quant au costume, je verrais ça au plus tôt avec Fermis. Je tiens à vous remercier pour avoir accepté ce geste. Voyez vous, je suis un amoureux chronique du beau, qui aime être des plus soignés. Votre tailleur est des plus talentueux, ce sera un honneur de porter sa création..."

Un sourire malicieux aux lèvres, je lui fais face, et me plonge alors dans la lecture de la missive:

-"Un concours de cuisine?! Ma foi, je suis aussi doué pour faire la tambouille qu'avec une hache à deux mains, alors il vaut mieux que je fasse l'impasse sur ma candidature, histoire de ne point empoisonner le jury.
Mais je comptai me rendre sous peu à Boisdoré pour mon affaire de mandoline, en y démarrant les annonces pour le tournoi.....alors je puis y porter votre réponse, si vous le désirez, bien que j'ai encore du travail ici, et que nos hôtes hobbits aient probablement un messager attitré. Si ma présence est requise lors du concours, vous n'avez qu'à dire un mot, ma Dame, et je serai tout à vous...."

Je termine volontairement ma réplique ainsi, laissant planer un double sens sans pour autant le laisser paraître. La Comtesse me sourit, mais reste protocolaire:

-"Avant de pouvoir devenir un barde accompli, il vous faut connaître le monde, et montrer que vous savez l'observer, en tirer des enseignements. Peut-être qu'en revenant de votre voyage vous en aurez l'occasion, et pourrez faire montre de votre expérience. Nul besoin d'apprendre à cuisiner si c'est pour empoisonner ces charmantes petites gens, et vu cette lettre, vous risquez d'être très occupé par les préparatifs lorsque se dérouleront les premières épreuves du banquet. Transmettez-leur mon accord pour accueillir leur banquet, ainsi que pour faire partie de leur jury s'ils le souhaitent et me transmettent rapidement la date de leur concours. Il serait donc judicieux que vous passiez par Boisdoré. Prenez quand même votre temps. Comme pour le reste, un voyage trop rapide n'apporte pas grande satisfaction. Mais il vous faut d'abord passer voir le Fort pour savoir s'ils pourront assurer la sécurité des berges du lac pendant le tournoi. Il n'est pas besoin de parler des détails, comme le prix qu'ils demanderont surement, seulement de s'assurer que l'idée même de nous aider ne les heurte pas. Dans ce cas fâcheux nous seront contraints de renoncer à ce cadre magnifique. Si vous avez des préparatifs à faire, occupez-vous en donc. Certaines choses prennent du temps, et il faut les faire bien. J'apprécierai que vous soyez mon scribe pour l'occasion, et rédigiez ma réponse pour le Fort et Boisdoré. Je vous fais mander Fermis pour prendre vos mesures, je vous laisse."

Une entrevue profitable. La servante ne se fait pas attendre. Enlevant ma chemise de flanelle en prenant bien mon temps pour faire sauter les boutons un par un, je lui dis:

-"Dame Orphandilia m'a fait l'honneur de la création de nouveaux vêtements somptueux, sur mesure et à ma demande, pour mon prochain rôle d'organisateur des festivités."

Je lui offre la vue de son dos, mince mais néanmoins musclé, mes longs cheveux dorés recouvrant ma nuque et le haut de mon dos...mais faisant volte face vers elle, me rapprochant un peu plus que
nécessaire, mes yeux si clairs rivés dans ceux de Fermis, je lève les bras au dessus de la tête.

"Faites faites, je vous en prie..."

La servante ferme les yeux, soupire tout en disant:

-"Je pouvais prendre vos mesures habillé, enfin..."

-*Et prenant lesdites mesures avec une nonchalence calculée, elle essaye de casser l'ambiance que j'essaye d'instaurer, je suis pas dupe. Dommage, je l'avais aidée à essayer de retrouver le rossignol de sa Majesté, et j'espérais un peu plus.

-"Donc vous voulez un costume sur-mesure? Vous avez un couturier spécial en tête? Et parlez-moi un peu de ce costume, comment le voyez-vous?"

Pas folle la guêpe, je vois bien qu'elle est mal à l'aise, alors je préfère cesser mon manège. Haussant les épaules, je remet ma chemise, me détourne légèrement, et regarde au loin, en lui répondant sur un ton distrait:

"Ce costume sera naturellement en flanelle blanche de haute qualité, avec de la dentelle et de la broderie aux manches et au col, fabriqué par le tailleur de la comtesse en personne. Il devra être prêt pour les festivités du tournoi, en récompense de mon travail pour son organisation...."

Je me laisse faire à présent par la demoiselle, passivement, attendant qu'elle ait finit de prendre les mesures. Quelques minutes plus tard, je suis de retour à la cour et tombe nez à nez avec Elinor:

-"Ma Dame, c'est un illustre honneur que de contempler à nouveau votre beauté. Bienvenue au château de Brumevent..."

Je lui sourit et m'incline, mais elle semble marquée:

-"Salutations, Sieur la Mano. pardonnez cette triste mine, mais les conséquences de notre dernière rencontre furent des plus douloureuses, et il me faut vous les conter. Et à vous aussi Madame, quoiqu'il me semble que le juge vous en ait déjà informé. Rassurez vous, mon ami, vous ne fûtes pour rien dans mes malheurs, mais c'est par votre entremise, si je puis dire, que j'ai croisé l'individu responsable de mon préjudice."

Je fronce les sourcils, attentif:

Vous vous rappellerez certainement un individu du nom de Jarm s'étant proposé pour aller chercher le bois dont vous aviez besoin pour votre instrument, n'est ce pas? Avec un de mes amis, miliciens de son état,
Deem, dont vous vous souvenez peut être, nous avons décidé d'accompagner Jarm en forêt. Cet homme attendit que nous fussions au fond des bois et isolés avant de montrer son vrai visage: celui d'un répurgateur, un homme prônant le chaos et la destruction. il nous agressa, avec métal et feu, et malgré toute ma hardiesse à m'opposer à lui, je ne puis contenir ses assauts, non plus que Deem, qui succomba rapidement sous ses coups. la chance me permit de résister suffisamment longtemps pour préparer un repli stratégique et survivre à cet affrontement, et offrir cette même solution à Deem, mais celui ci n'est jamais revenu au sein de la Baie, et il ne me reste que peu d'espoir quant à sa survie. Ainsi, l'homme si courtois et si affable que nous avons croisé à la taverne, au verbe si aimable et au geste délicat, n'est rien d'autre qu'un assassin assoiffé de destruction, ayant tenté de commettre deux meurtres, et ayant probablement, parmi ces deux, réussi à en commettre un."

-"Jarm? Jarm le vagabond avec son fameux tricorne? Un répurgateur? C'est pas possible...."

J'ai peine à y croire, éberlué:

-"Je le croyais mon ami...il..il fut mon premier client...je sais pas quoi vous dire. Non seulement il nous as trompé, même des proches, et en plus ce pebron m'a roulé...."

Restant silencieux un moment, je reprend:

-"Mais dites moi, oui... je me souviens bien de Deem, mais il devait effectuer le travail avec le jeune Uzul. Qu'est il de ce gamin? Vous ne l'avez pas mentionné. Et puis tiens, pendant que j'y pense... Je connais pas très bien les répurgateurs, mais il me semble pourtant qu'ils combattent les vilains en général, ou par vengeance non? Du coup je comprend pas son acte, avez vous une explication à nous donner? Je suis curieux de
comprendre."

S'ensuit une longue explication sur cet ordre. Décidément, la cour est un bon endroit pour apprendre bien des choses sur ce vaste monde:

-"Sieur la Mano, jusqu'à notre rencontre à Boisdoré, j'ignorais tout des répurgateurs, mais ce fut grâce à Willy Folkhor que j'en appris beaucoup. et dire que nous parlions des répurgateurs, et que je me renseignais à leur sujet, tandis même que l'un d'un entre eux se trouvait à quelques mètres de moi, sans même que je m'en aperçoive! En tout cas, ce que j'en sais, je le tiens d'un hobbit. les connaissances que je vais vous révéler ne proviennent pas d'un discours manichéen, et ne sont pas celles qui sont enseignées à la Baie, où, parfois, l'enseignement qu'on y reçoit peut paraître aux étrangers quelque peu subjectif. Les répurgateurs, comme le m'a dit ce cher Willy, se sont d'abord considérés comme des ennemis du volcan, combattant aux cotés du fort, des brumes et des templiers le mal qui régnait à la Fournaise. Mais les méthodes entre les alliés divergeaient fort: tandis que les templiers, les chevaliers et les soldats respectaient les préceptes de Venera -et de Gérald!-, et restaient sur le chemin de la lumière, les répurgateurs, ou shainites, combattaient le mal par la mal, opposant flammes aux flammes, et surtout, ténèbres aux ténèbres, brûlant et massacrant tout aussi cruellement que les chaotiques."

Elle reprend son souffle, puis sa diatribe se poursuit:

-"A leurs yeux, tout homme, tout être, qui n'était pas décidé à aller aussi loin qu'eux était un corrompu et devait être abattu. Ce discours, violent et enflammé, séduit un temps à la Baie, et leurs partisans, au sein même de la cité blanche et du fort, augmentaient sans cesse. Jusqu'à temps que les répurgateurs tentent un coup d'Etat au sein même de la cité, après avoir consciencieusement fait disparaître tous ceux qui s'opposaient à eux. Et, une fois au pouvoir, ils révélèrent à tous leur vrai visage, et une chape d'ombre et de peur s'abattit sur la Baie. La population vivait dans la terreur, et n'osait se révolter contre eux, car quiconque s'opposait un tant soit peu disparaissait pour ne plus jamais être revu. mais la colère grondait néanmoins, et la libération vint de l'extérieur: ceux qui avaient réussi à s'enfuir rassemblèrent leurs forces et aidés par ceux qui étaient restés dans la cité, renversèrent les répurgateurs, dont la ténébreuse nature avait été révélée. les disciples de Shain furent alors pourchassés, et pour la plupart détruits."

Intéressant cours d'histoire, mais visiblement, elle n'en a pas terminé:

-"Jusqu'il y a peu, on pensait leur ordre disparu, et le continent libéré de cette menace. Comprenez vous mieux, maintenant, la philosophie de ces êtres? Oui, ils s'opposent au volcan, mais emploient les mêmes méthodes. et leur haine n'en est que décuplée à l'égard de la baie, des templiers, et de l'alliance du sud, qui a vaincu cette menace. les répurgateurs s'opposent en fait à tous ceux qui diffèrent un tant soit peu de leur conduite, et à tous ceux qui refusent leurs préceptes. leur existence est un mal aussi grand que celui du volcan, croyez moi, car plus insidieux, du moins à l'origine. Sachant cela, il n'est guère étonnant que l'occasion se présentant, il ait essayé d'assassiner deux représentants de la cité blanche, cette cité qu'ils haïssent tant."

Puis elle eut l'air soucieuse:

-"Mon ami, si vous me permettez de vous nommer ainsi, j'ignore si vous comptez entreprendre quoi que ce soit cet homme, mais ne le confrontez point directement, sinon point seul. Cet homme a une force terrible,
et des pouvoirs magiques impressionnants. Il a en quelques passes d'armes seulement mis à un terre un homme d'armes de la cité, et je n'ai rien pu faire moi même pour détourner ses flammes. J'ai néanmoins
réussi à lui tenir tête quelque temps en usant de ma dextérité au bâton, mais cela ne fut que temporaire, sa force et ses pouvoirs ont fini par l'emporter sur mon habileté"

Je me souviens plus très bien ce que je lui dis, si ce n'est qu'il est dangereux de crier au loup

Elle me coupe net. Visiblement qui dit lettré, dit bavard, un peu comme nous les bardes:

-"Vous avez parlé avec sagesse, il n'est sans doute guère raisonnable de clamer sans garde-fou le retour des répurgateurs, car cela ne mènera qu'à la panique et la haine générale, et en cela, nous ferions progresser leur ordre. vos paroles sont sages, mon ami. mais en revanche connaissant nommément l'identité de l'un d'entre eux, il nous faut avertir de sa vraie nature. je frémis à l'idée que le village de Boisdoré puisse accueillir de nouveau cet homme sans se douter de sa nature. qui peut nous garantir contre le fait qu'à l'occasion, il n'essaye point d'agresser l'un des enfants hobbits jouant sur la place?

Je lui souris, et répondit du tac au tac:

-"C'est bien la première fois qu'on me dit que mes paroles sont sages. Faut croire que je prend de la bouteille, à force d'en siffler."

Reprenant mon sérieux, je rajoute:

-"Je compte certainement pas le confronter de face, sauf s'il me tombe dessus sans crier gare. Je ne suis pas téméraire, ni courageux, simplement roublard. Courage!.... Fuyons! Hahahaha.... nan nan...vraiment, si besoin je compte bien lui faire croire que je connais rien de ce qui est arrivé si jamais je le croise, et l'embobiner si possible, voire l'endormir. Mais j'en suis pas là, et le devoir m'appelle, je dois rédiger deux missives pour le compte de Dame Orphandilia avant de prendre la route à autre chose."

Si elle s'attendait à ce que je le prenne en chasse c'est raté. Stiwel fait alors son entrée, accompagné de Kisdas, et de quelques vers sur Jarm. Il n'en sait pas grand chose, si ce n'est un élément nouveau:

-"Je sais juste qu'une prime de soixante-dix pièces d'or à été mise sur sa tête et qu'il est moustachu c'est tout ce que je sais! Ah oui, et il annonce le retour des répurgateurs"

Il a oublié le tricorne vissé sur sa caboche. Avec une telle somme promise, pas mal de charognards vont vouloir sa peau. Chacun son métier, j'ai d'autres chattes à fouetter. La Comtesse satisfaite de mon travail de scribe, je reprend finalement la route le lendemain pour accomplir mes nouvelles missions.
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Re: [Roman]Carnets de Routes

Message par Stiwel »

Ceci est une première, un ouvrage racontant la vie d'un menestrel.
Je dirais juste : "Perdu ! c'est pas une première." :roll:
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Tête à tête avec Odyssée pour la St-Valentin.
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