Un sommeil perturbé à Ombreterre

[Un songe étrange...]

HJ : Message légèrement modifié pour conserver un certain anonymat

Il y avait plusieurs heures que le groupe de "chasseurs"
progressaient dans les couloirs tortueux et menaçant des
profondeurs d'Ombreterre. Eclaireurs, Assassins et
représentants du peuple Gnome progressaient côte à côte,
silencieux et à l'affut dans ce désert de Ténèbres.

Lorsque l'heure de se reposer fut enfin arrivée, le groupe avait
déjà parcouru une bonne distance, et s'apprêtaient alors à
pénétrer dans les zones moins surveillées d'Ombreterre.
Ces personnages de l'ombre ne mirent pas longtemps à
s'installer. Les groupes restaient formés, les discussions
étaient brèves. Chacun profitait du repos avant la tempête.

***

Alors que tu commences à t'assoupir, confortablement
intallée entre Baragh Ghaun et son piwafi, tu fais un rêve...

Tout est noir. Tu ne vois strictement rien, comme si un voile
noir recouvrait tes yeux. Tu ne sens pas ton corps, mais tu
perçois ton sang partir de ton coeur pour aller irriguer ton
corps. A un rythme régulier au début, puis il commence à
accélérer, accélérer... Tu as chaud, tu es crispée, comme si
une sorte de colère faisait vibrer ton corps.

Dans le noir qui obscurcit ta vision, tu distingues maintenant
des arbres. Puis les détails se multiplient, jusqu'à ce que
tu voies parfaitement. Il fait nuit, mais tu vois. Ton corps
est élancé et habile mais robuste et musclé. Tes griffes sont
acérées et tu as soif de sang... Tu es une panthère, noire
comme le jais. Tu cours dans la jungle et aperçois un cerf, un
fier et beau mâle qui ne semble pas bouger. L'instant d'après,
tu sens tes crocs se ressérer sur ses muscles, puis d'un violent
mouvement du cou, tu lui brises la nuque et te repaîs de sa
chair et de son sang. Tu as aimé donner la mort, car tu es un
prédateur, tu as aimé cet acte sauvage et te délecte maintenant
de ton oeuvre.

Tu vois un crâne sanguinolent, avec quelques morceaux de chair
et une touffe de cheveux encore collés. Sa langue pend et est à
moitié déchirée. Tu veux vomir. La tête explose et tu vois au
loin deux silhouettes. Tu ne peux te tromper, ce sont là deux
elfes noirs, mais de statures différentes.

Tu es une magicienne. Ta puissance est phénoménale, et tu la
contrôles parfaitement. Tu marches un peu mais tu ne vois
toujours rien. Tu sens que tu maîtrises tous tes gestes, que tu
domines ton corps et que ta technique est parfaite. Tu te sens...
puissante ? Tu regardes tes mains, et sens un flux magique
parcourir toutes tes veines, tu ressens parfaitement la
puissance qui est en toi. Alors, tu lèves les yeux au ciel. Tu
vois la nuit. Tu te sens bien, dans un état presque extatique.
Tu aimes quelque chose, tu crois et as foi. Une sensation
d'équilibre te parcourt, tu sais que ton corps et ton esprit sont
autant des atouts que des armes. Tu laisses s'échapper quelques
larmes, des regrets d'antan peut-être.

Tu es dans un couloir, un couloir d'Ombreterre, sombre et profond.
Tous tes sens sont aux aguets. Ton corps est fort, mais renferme
peu d'énergie. Tu marches, marches et marches encore, mais au
loin, toujours le même tunnel. Tu continues d'avancer, dans
l'espoir de trouver quelque chose, mais tu ne vois rien. Le même
tunnel, encore et encore. Puis un monstre atroce qui te saute
dessus en poussant des cris démoniaques, il ouvre la gueule et
t'arrache la moitié de la tête, et puis plus rien.

Tu es morte. Ton âme dérive doucement, tu ne penses à rien. Alors,
tu revois les deux mêmes silhouettes. Cette fois, ils semblent
s'entretuer. Le petit a des entailles béantes sur le torse, et
tient ses entrailles pour ne pas qu'elles tombent. Son autre main
est coupée. L'autre a la peau craquelée et fissurée, et n'a plus
qu'une jambe. Sa langue sort de sa bouche et il ne semble pas
vouloir la rentrer. Puis le décor se coupe en deux. Chacun des
adversaires reste sur un pan. Tu regardes à droite. Tu vois Baragh.
Beau, grand, dans la force de l'âge. Un corps sculpté et une
mémoire ancestrale. Tu as envie de le rejoindre, tu aimerais y
aller mais tu ne peux pas. Tu regardes à gauche, et vois
*****. Plus petit, moins musclé mais tout aussi beau. Tu
ressens son aura magique dans tous tes membres. Sa puissance
t'enivre, mais sa dureté te repousse. Un des plus hauts gradés
d'Ombreterre, mais froid, tellement froid... Tu regardes les
deux alternativement, et chacun te sourie. Tu observes Baragh,
avec toujours la même envie d'aller le rejoindre, puis
*****... jamais tu n'avais vu un tel sourire sur ce visage.
Cet Elfe ne te semble pas être un Assassin, mais plutôt un...
simple Elfe ? Tu observes les deux mâles qui te fixent en te
souriant, tu les regardes et te poses des questions... Tu ne sais
plus... Tu veux en sortir et cris très fort, tu te concentres et
cris, cris jusqu'à en perdre haleine.

Tu ouvres les yeux, et tu perçois dans la pénombre que
***** a le regard posé sur toi. Il continue à te fixer
quelques instants, puis ferme les yeux en esquissant un rictus.
Tu repenses à ton rêve. Tu repenses à *****. Tu t'imagines
un instant en Assassin, tu te vois presque. Une pensée arrive
alors à toi, alors que tu réfléchis à beaucoup de choses en même
temps : un Maître Assassin ne va pas chercher ses élèves, c'est
même précisément l'inverse. Tu te demandes alors si tu ferais
véritablement une bonne Assassine. Tu sens la chaleur de Baragh
et son souffle sur ta peau. Tu regardes à nouveau l'Elfe
Noir, assoupi, sans l'air menaçant qu'il a lorsqu'il parle à ses
subordonnés. Il te rappelle celui que tu avais rencontré il y a
longtemps de çela, à *****. Tu te demandes alors s'il était déjà
Assassin, à cette époque. Tu serres contre toi le bras de Baragh
et ferme les yeux pour trouver le sommeil...