[MÉMOIRES] La tempête du désert

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Dil'inthar
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[MÉMOIRES] La tempête du désert

Message par Dil'inthar »

Le parchemin est décrépit, mais les pages restent lisibles.

La tempête du désert

Chapitre V, tome 23, tiré de « Chroniques d'un Archer Mage par Dil'inthar, fils de Ro'inthar »


L’étendue de sable parcourait l’horizon à perte de vue. Des jours, des nuits que nous voyagions au milieu de cette mer désolée. J’avais beau me fier à ma vue, je ne décelais aucun des repères que cet homme du désert distinguait. Il s’appelait Faltigr. C’est lui qui guidait notre caravane et qui nous permettait de ne pas être encore morts séchés par le soleil brûlant. Pourtant, depuis quelques jours je commençais à croire qu’il ne savait plus lui-même où nous allions. Mais de toute manière, il était trop tard pour ne plus se fier à cet humain.
Depuis que nous avions bravé la tempête de sable, certains regards, certaines figures n’étaient plus les mêmes. Les traits étaient durs et les attitudes revêches. Les porteurs appelaient cela le baiser du désert. Faltigr, lui, avait vu venir la tempête et nous nous étions abrités à l’ombre d’une langue rocheuse que seul lui connaissait encore une fois. Toute la caravane n’eut pas le temps de se mettre à l’abri avant que ne se lève le vent violent et nous fûmes séparés.
Cet amas de pierre qui nous servait de rempart se révéla être l’habitat de tous les réfugiés du désert. Qui penserait trouver une telle faune dans cette mer de néant ? Notre première rencontre fut avec les canines effilées d’une panthère dent-de-sabre. La bête ne désirait manifestement aucun invité sur son territoire et n’hésita pas à le faire savoir. Le prédateur nous attaqua à contre-jour, nous empêchant de riposter avec nos arcs dans un premier temps. J’eus à peine le temps d’éviter ses griffes acérées. Mon vêtement, par contre, s’était paré de cinq rayures qui le rendait encore plus pitoyable qu’il ne l’était déjà. Mes flèches et celles d’Arondel eurent rapidement raison de l’animal, qui combattit sans faille jusqu’à son trépas. Dans le désert, il ne pouvait y avoir d’arrangement, seule la victoire, la survie comptait.

La tempête redoubla et nous fûmes obligés de nous cacher dans une des nombreuses cavités qu’offrait la colline rocheuse. Faltigr nous avait mis en garde, les cavernes étaient la demeure des scarabées géants. Et quant à leurs dimensions hors norme, ce n’était pas la coutumière exagération des marchands de Balamoun. Une fois que le mage Yazel eut éclairé la grotte d’un trait de flamme, nous remarquions atterrés que le sol était juché de bestioles mortes ou agonisantes. Le guide les nommait « ankharons », succulent qu’il disait. Frits, séchés, j’avais aperçu quelques-uns de ces insectes dans les ruelles du quartier des pauvres et je m’étais juré de ne jamais y gouter. Faltigr nous avait dit aussi que cette grotte était une ferme. Il fut rapidement clair que cette ferme était aussi le garde-mangé des scarabées. Un orifice plus petit s’opposait à l’entrée de la caverne et semblait se perdre dans les tréfonds de la roche creuse. Il ne nous fallut pas attendre longtemps pour entendre des bruits étranges, des cliquetis et des bruissements se propageant promptement contre les parois de roche. Le mage lança une boule de feu dans le trou et une fois que la lumière se soit perdue dans le néant nous entendîmes un cris strident. Les cliquetis redoublèrent. C’est là que nous découvrions une grille de métal rouillée à terre. De la dimension de l’ouverture, il nous fallait la remettre en place si nous ne voulions pas être submergés par les scarabées. Yazel maintint les bestioles à bonne distance grâce à ses flammes et nous laissa juste le temps de replacer la grille salvatrice. La caverne fut promptement prise d’une odeur de souffre et de cadavre brûlé. La grille tint le temps que la tempête ne se calma et nous permit de fuir cette endroit de malheur.

Nous marchâmes alors le long de ces dents de roche effilées par les vents et bourreaux des pieds et nous arrivâmes finalement au pic d’une falaise. Au loin de nouveau l’étendue de sable, au-dessous, une centaine de mètres et une chute mortelle pour les moins attentifs. La grille avait entretemps lâché et libéré les scarabées qui s’étaient lancés à nos trousses, telle une meute de loups affamés. Il eut donc peu de discussion et nous débutâmes la périlleuse descente. Les premiers scarabées maladroits tombèrent dans le vide, manquant de nous emporter avec eux au passage. Au milieu de la descente, des balcons de roche offraient un perchoir bienvenue, rapidement abandonné car déjà pris d’assaut par les insectes géants passés par les galeries sous-jacentes. Lorsque je posai finalement le pied à terre en dernier, ma corde tomba à terre, tel un serpent sans vie, sectionnée par des mandibules rancunières. Le temps et la chance avait été de notre coté cette fois-ci. Faltigr prit à nouveau les devants et nous marchâmes sans repère jusqu’à finalement retrouver le reste de la caravane, un miracle !
Cette même nuit, le vent se leva à nouveau. Un vent différent des précédents. Il emplit nos cœurs et nos esprits d’un savoir qu’à jamais nous croyions perdu. La magie avait fait son retour, même dans les profondeurs du désert. Comment, pourquoi ? Nous n’avions aucune idée, mais la nouvelle était plus que bienvenue pour le reste de l’aventure.

Comme je l’écrivais précédemment, la caravane était fatiguée et notre objectif se refusait encore à nous. Si nous avions de bons rapports avec le guide et les porteurs, il en allait autrement avec le noble qui nous accompagnait. Ptolémé, un riche héritier de quelques familles de marchands de Balamoun. Son embonpoint transpirait la richesse et la suffisance. Sa présence ici n’était pas moins étrange. Il disait vaguement chercher un héritage de famille. Il était accompagné comme son ombre par un mercenaire cynique, manifestement bien rétribué, à la vue de la nonchalance qu’il démontrait. Soupçonneux, je ne le perdait pas d’un œil. Mieux valait ne pas l’avoir dans son dos le moment venu.
Les heures de marche s’amoncelaient, ayant peu à peu raison des dernières conversations, des derniers gestes inutiles. Faltigr en avant de la caravane continuait à avancer, tel un phare bravant la houle s’abattant sans relâche. Il finit par s’arrêter. L’action nous sembla si inusuelle qu’elle laissa bon nombre hébété. Une fois que nous avions rejoint le guide pourtant, s’offrait devant nous un spectacle des plus étonnants. Une dépression de plusieurs kilomètres où s’étendait des ruines de pierre. Faltigr semblait satisfait et nous indiqua le lieu ou nous trouvions comme étant la vallée sacrée. La caravane s’accrocha à cette bonne nouvelle et avança avec plus d’entrain. Les discussions reprirent et la curiosité s’éveilla pendant que nous avancions au milieu des ruines.

Nous arrivâmes finalement devant un imposant portail de pierre, le mieux conservé, encore libre de l’emprise des sables. L’édifice semblait être l’entrée d’un tombeau, imposant sans nul doute. Le guide s’avança et passa la main sur la porte de pierre pour en découvrir d’étranges dessins gravés dans la pierre. Les détails avaient été effacé par le temps, mais ils conservaient tout de même une certaine harmonie. L’homme du désert paraissait en mesure de déchiffrer le texte. Son regard impassible jusque là, malgré les tempêtes, le soleil, les bêtes sauvages, se para d’un masque de terreur, pendant que son index parcourait les écrits gravés. Sa voix tremblante prit alors le relai.


« Dans l'ombre de.... la Mort.... reposent les fidèles.
A jamais ils.... observent, sentinelles éternelles,
les actions de.... leurs enfants courant.... devant eux.
L'éternité est.... le cadeau d'Horosis.
Mais seul en sera.... digne.... l'enfant qui, comme son père, appelera la Mort.... à trinquer avec lui."

« Tombeau Pharaon ! Pas entrer, sacrilège ! »


Pendant que Faltigr nous suppliait de partir, je parcourais du regard la porte. Des sculptures imposantes d’hommes à tête de serpent, à tête de loup, protégeaient ce qui devait être l’entrée, bouchée d’une pierre parfaitement scellée. A la gauche de la porte se trouvaient plusieurs trous, assez grand pour y passer un bras surmontés chacun de gravures d’animaux, chacal, faucon, scarabée, panthère, sphinx. L’un d’eux permettait certainement d’ouvrir la por…

Le parchemin est déchiré à cet endroit.

…nuage de poussière se leva pendant qu’un mécanisme millénaire faisait son œuvre. Lentement, la porte s’ouvrit et laissa la lumière pénétrer dans le tombeau. Nous nous apprêtions à entrer. Chacun avait fourbi ses armes, car personne ne semblait tranquille à l’idée de pénétrer dans la tombe. Un pressentiment qui s’avéra exact. Nous avancions dans un piège mortel. Heureusement que nous avions avec nous un sac de pommes…

Voir Le tombeau du Pharaon, chapitre VI, tome 23.
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