La vie d'aventurier [Teaser : les Odysséales]

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Pegues
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La vie d'aventurier [Teaser : les Odysséales]

Message par Pegues »

Perdu, il était complètement et irrémédiablement perdu. Ses pas l’avaient mené loin de chez lui, dans un voyage sans but, un objectif stupide d’adolescent rêveur qui, désormais, le laissait sur la touche sans une once de remords.
Pire, il n’y voyait pas à cent mètres. Une brume épaisse comme une purée de pois environnait l’air et seule son ouïe le faisait continuer sa marche. Oh, plusieurs fois il s’était questionné ; devait-il s’arrêter et attendre que ce brouillard tombe ? Devait-il faire demi-tour, mais auquel cas dans quelle direction ? Pour ce qu’il en savait, il pouvait très bien tourner, tourner et tourner depuis des heures dans le même périmètre sans même s’en rendre compte. Ici, les arbres se ressemblaient, la rivière s’écoulait sans jamais la voir et peu d’animaux osaient révéler leur présence. Non, il était seul… En apparence.

Car il ne pouvait l’avoir rêvé. Il avait bien entendu ces discussions, ces murmures, ces pas pressés qui s’étaient rapprochés dans sa direction pour s’évanouir plus loin. Mais, si des individus étaient passés, il n’en avait vu aucun. Aucun…

Ses jambes étaient ankylosées à force de marcher, il tirait sur ses muscles à chaque nouveau pas sans réussir à avancer aussi rapidement qu’il aurait voulu. Il avait froid, sa tête bourdonnait et ses yeux semblaient chercher un moyen de se fermer sans son accord. Bref, une catastrophe. Ses vêtements lui collaient au corps, humides qu’ils étaient, ses chaussures prenaient l’eau et son mouchoir de tête ne le protégeait que trop peu. Son cœur fit un bon lorsqu’il entendit un bruit étrange, semblable à un squelette faisant des castagnettes. Fort heureusement, il ne s’agissait que de ses dents qui s’entrechoquaient pour passer le temps.
Soudain, il songea à ses parents, qui n’avaient pas accueilli d’un bon œil son départ. Tant pis, encore une fois ils avaient raison. À croire que c’était le propre des parents, ça ! Énervant au possible.

Ses pensées se heurtèrent brusquement à un mur de pierre. Rassemblant ses esprits, il fronça les yeux et resserra son mouchoir sur sa tête. Un établissement de grande taille, doté de plusieurs étages, lui faisait face. Où était-il donc tombé ?! À l’intérieur, un brouhaha incessant perçait à travers les fenêtres, la lumière chaleureuse l’appelait, mais la buée gâchait sa vue. Il tenta bien d’essuyer un des carreaux, mais la condensation semblait perler à l’intérieur même de la pièce ! Il leva les yeux et aperçut, soudain, un panneau de bois. Il s’en approcha précautionneusement et allait déchiffrer son contenu lorsque deux individus le bousculèrent.

« Oh pardon, je ne vous avais pas vu dans tout ce nuage !
_ Entrez, entrez ! » s’exclama le second.

Les deux êtres étaient de petites tailles, les cheveux bouclés et la redingote bien ajustée. Des hobbits, à n’en point douter. Ils poussèrent une porte, dissimulée un peu plus loin, et firent de grands signes au jeune garçon. Rassuré, il s’engagea à leur suite.

Lorsqu’il entra, la chaleur et le bruit l’étouffèrent. La lumière abondante l’aveugla et il tenta de papillonner des paupières en vain. Après s’être peu à peu habitué à l’environnement, le jeune aventurier en herbe ôta son mouchoir et sa veste, les déposant sur un portemanteau contre le mur. Ils étaient quasiment tous pris et il peina à se trouver une place. Et pour cause ! Lorsqu’il eût enfin le loisir d’observer la pièce, la peuplade présente le laissa bouchée bée. Car jamais, jamais, il n’avait vu une taverne aussi bondée. Près du cantou, un cochon de lait tournait sur sa broche à coup de manivelle, actionnée par un hobbit joufflu. Tout à son affaire, il discutait en brayant avec un groupe de mages et un colporteur qui tentait de convaincre l’assemblée de lui acheter ses dernières babioles.

Une serveuse zigzagua entre la foule pour aller servir une table de marins qui chantaient et gueulaient à qui mieux mieux, montrant leur tatouage à qui voudrait les voir. À leur côté, un chevalier désespéré tentait d’expliquer les préceptes de son dieu à son écuyer, tout en l’invitant à terminer son gruau. Quelques marchands avaient réservé une immense tablée et s’entretenaient avec une assemblée forestière, composée de rôdeurs, de druides et d’une amazone. La porte claqua derrière lui, le faisant sursauter. Un groupe de soldats, menés par un guerrier à la masse gigantesque, venaient de faire leur apparition. Ils alpaguèrent l’aubergiste en réclamant des chambres avec leur accent sudiste. Se détournant de la scène, le garçon commanda une assiette de gruau et une bière, tout ce qu’il pouvait bien se payer avec ses quelques sous. Il s’installa dans un coin de la pièce, observant la suite des évènements.

Peu à peu, l’auberge avait continué de se remplir. Elle était, en fait, pleine à craquer. Certains étaient assis dans les escaliers qui menaient aux chambres, d’autres sur les rebords des fenêtres. C’était, à dire vrai, un capharnaüm complet. Une nomade, venue tout droit de Balamoun, peinait à se faire comprendre des miliciens à qui il s’adressait. Un barde à la livrée richement travaillée semblait en plein débat avec un saltimbanque dont l’hermine de compagnie était juchée sur l’épaule. Tantôt, ils discutaient comme de grands philosophes, tantôt ils se balançaient des piques comme de véritables chiffonniers. Un Ts'Raal faisait glisser sa langue le long d’une table, tentant d’attraper sournoisement un morceau de porc commandé par un prêtre à la chouette. Un homme-chat s’était même permis, sous le regard courroucé de l’aubergiste, de faire ses griffes sur l’une des poutres centrales de l’immense taverne. Illusionniste pouilleux, lettré hautain, archer en balade, bref, l’univers entier semblait s’être mis d’accord sur un lieu de rendez-vous.

Soudain, une clameur s’éleva dans la salle et deux serveurs, peinés et les joues bouffies de rouge, s’avancèrent tant bien que mal au centre de la pièce. Ils tenaient un gâteau comme jamais le garçon n’en avait vu. Immense, à plusieurs étages, il était composé de vingt bougies grossières et enflammées qui oscillaient au rythme des pas incertains des porteurs.

Tirant la manche d’un voyageur encapuchonné, l’adolescent demanda :

« Mais que fête-t-on ? Je suis étranger en ces terres et… »

L’encapuchonné le foudroya du regard. Le gamin relâcha sa prise et son interlocuteur haussa finalement les épaules.

« On célèbre les vingt ans de l’établissement », révéla-t-il dans un murmure.

Tant de gens pour une taverne ? Le nouveau n’en croyait pas ses yeux. Il se pencha une seconde fois vers l’encapuchonné, n’ayant cure de toute prudence.

« Autant de gens pour une simple taverne ? »

Un regard malicieux s’inscrivit sur le visage à demi dans l’obscurité et l’autre voyageur ricana.

« Tu n’es encore jamais venu ici ?
_ Non…
_ Bon bah… Bienvenu. Et ouais, y a du peuple. Mais c’est pas un simple troquet.
_ Ah bon ?
_ Macache, petit. C’est la meilleure taverne. La meilleure ».

Méditant sur ces propos surprenants, le jeune homme s’enfonça dans son siège. Déjà, l’aubergiste s’évertuait à découper des parts pour chacune des personnes présentes. Voilà pourquoi un si grand gâteau, songea le garçon.
Un sourire inconscient élargit peu à peu ses lèvres lorsqu’une créature au pelage de loup lui tendit une assiette de gâteau. Timidement, le blanc-bec le remercia et en prit un morceau. La fête battait son plein et, dans son coin, il songea soudain qu’il prenait part à un évènement dont il ne connaissait rien, dont il était étranger et qui était bien plus grand que lui. Mais on l’avait accueilli avec les honneurs, il y faisait chaud et tous avaient une place. Peut-être était-ce tout simplement le début de son aventure.


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Oyez, oyez !

Très bientôt, les Odysséales se tiendront sur le forum. Il s'agira d'un concours HJ participant à ce grand évènement qu'est l'anniversaire du jeu (20 ans d'aventures, tout de même, ça se fête !).

Les détails et les modalités du concours arriveront très prochainement sur le forum (genre très très prochainement).

Wait and see !
Pegues, MJ Gadoue

"On dirait qu'ça t'gêne de marcher dans la boue ?!"
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