Une exécution sur la place de la Baie

(Daté d'Août 2009)

La place de la Baie

Par Odamar Weber

Voilà quelques temps que les portes du tribunal s'étaient refermées sur un jeune templier. Et lorsqu'elles se rouvrirent, ce fut pour laisser passer un guerrier, que les citoyens reconnurent rapidement…du moins pour ceux qui avaient déjà assisté au précédent bûcher.

“Oyé Oyé ! Citoyens de la cité Blanche, une exécution publique aura lieu sur la place ! Un corrompu recevra sa sentence, puisse son âme se purifier !”

Puis, alors qu'il faisait demi-tour pour pénétrer de nouveau dans la demeure de justice, un jeune adolescent le précéda en courant et en pleurs. Des cris désespérés se firent entendre, ainsi que des sanglots, puis le silence. Une ombre se démarqua sur le palier et le disciple de la lumière fit son apparition.

Pendant que les miliciens prenaient les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de chacune des personnes présentes, le représentant du temple s'avança vers la foule, alors que le guerrier extirpait lentement du tribunal un elfe enchainé.

“Peuple de la Baie, nous voici encore une fois réunis aujourd'hui afin de châtier cet ennemi qui ne cesse de nous harceler. Une nouvelle fois, il a tenté de s'immiscer dans notre chère cité sous les traits de cet elfe, cet être au coeur et à l'âme aussi corrompue que la plus sombre des nuits.

C'est par l'effort conjugué des forces des différentes castes de notre ville que cet hérétique a été mis aux arrêts, pour le triomphe de la justice. Car Justice sera rendue, citoyens de la Baie! ”

Le templier se rapprocha un peu plus de la populace avant de reprendre.

“Jamais tu n'autoriseras ni ne pardonneras l'usage de la magie ténébreuse et nécromantique!

Tu feras aux Infidèles une guerre sans trêve et sans merci et jamais tu ne reculeras face à l'ennemi!

Tu croiras en l'enseignement de Vénéra et observeras chacun de ses commandements sans qu'aucune ombre ne vienne entacher ta foi!

Tu ne mentiras point et seras fidèle à la parole donnée!

Tels sont les commandements de notre Mère à tous, tels sont NOS commandement à tous! Et par ce combat que nous menons chaque jour, ensemble, nous arriverons à vivre dans un monde de paix!”

Puis, tout en jetant un regard au prisonnier.

“Prions ensemble pour que cette âme égarée soit purifiée.”

Puis, alors que la sentence allait être exécutée, le jeune adolescent en pleurs surgit du tribunal, de plus en plus en larmes.

“Vous ne valez pas mieux que les Chaotiques !
Vous écoutez la parole de votre Dieu sans la remettre une seule seconde en question, vous n'avez aucun libre arbitre, vous êtes dépourvu de cerveaux et de coeurs, pire que cela, vous n'en faites pas usage ! Vous n'êtes pas des hommes mais des moutons ! Et les moutons font d'avantage preuve de solidarité et de pardon que vous ! Soyez maudits ! Soyez mille fois maudits !”

Ceci dit, il ne bougea pas et ne fit aucun geste pour sortir une arme.

L'exécution n'allait visiblement pas se faire sans accrocs…

Mené devant le lieu des dernières souffrances, l'elfe était durement hué par le peuple. Les masques de terreur laissaient place à la haine et certains mettaient la main au panier pour jeter quelques fruits pourris au visage d'un des serviteurs du mal. Souillé, porteur de corruption, âme impure tels étaient les mots qui franchissaient les lèvres du peuple déchiré par la guerre.

La boue et les pierres volaient mais les miliciens veillaient et nombre citoyens furent ainsi calmés avant que la cohue ne fut trop importante. Les trois marches montées, le condamné était enfin face à l'instrument de sa mise à mort : le gibet. Sommairement installé, la gorge libre du moindre pan de tissu afin de ne pas enrayer l'abattement de la lame de la hache du bourreau, il put apercevoir la foule s'agglutiner autour de la place.

Les yeux noyés de larmes, les mains jointes, le jeune adolescent se tenait là, observant la scène. Et, bien qu'il se portait garant de la pureté de l'âme du condamné, il ne pouvait que se résoudre à guetter ne serait-ce qu'un simple signe affirmant ses dires. De longues minutes s'écoulèrent, laissant place au silence précédant une exécution, un étrange silence pourtant où chacun abaissait les armes, jetait au sol les quelques légumes pourris qu'il comptait envoyer au visage du criminel. Les sentiments de haine laissèrent place à une certaine sérénité, notamment dans le coeur du jeune homme.

Un éclat doré, une brume lumineuse, un nuage de lumière s'approcha de lui avant de disparaitre aussi soudainement. Sur tous les visages se lut l'espérance qu'un jour le monde soit lavé de toutes ses impuretés et certains tombèrent en prière devant cette apparition… Mais était-ce réellement une apparition? En tout cas, un nombre saisissant de personnes virent là le réconfort apporté par la Sainte Mère de la Lumière à une âme égarée, indifférente au sort du condamné…

Par Nundhu

Nundhu entra en grande pompe sur la place, sortant lui aussi du tribunal. Il semblait être plus que le hobbit qui se tenait sur le perron du tribunal, une sorte d'envoyé d'une puissance céleste, il s'adressa à la foule d'une voix forte, en ces termes :

“Qu'ouie-je? Vous êtes sur le point d'exécuter cet homme?

Votre déesse Vénéra est donc à ce point dépourvue de coeur pour que vous vous en prenassiez ainsi à ceux qui utilisent des moyens différents des vôtres ?
Avez-vous cherché à savoir si cet elfe se repentait de ses actions, avez-vous cherché à être certains que ses paroles sont mensonges ?
Mais heureusement, Ylliandre a fait que j'ai assisté à cette scène, Ylliandre montrera si oui ou non cet individu mérite de mourir !

Ô Yllia! Onnilly! entend mon appel! fait la lumière sur cette incertitude!”

Alors qu'il prononçait cette dernière phrase, tout son être semblait tendu vers quelque chose de transcendant, comme s'il implorait Ylliandre de toute son âme de clarifier cette situation.

Par Odamar Weber

Avant que le hobbit ne sorte du tribunal, une des prostitués de luxe de la cité tenta d'approcher le jeune adolescent, afin de l'inviter à la suivre. Peine perdue.

La hache du guerrier était levé sur la tête de l'elfe alors que l'adolescent s'enlaçait au coup de ce dernier. Le bourreau attendit que cet âme faible, abusé par un être ténébreux, s'enlève du chemin de la justice. Il prit la parole d'un ton dur :

“Jeune homme, tu as été averti mais tu sembles persister dans la voie du chaos en reniant les lois des hommes et des Dieux. Une telle Hérésie ne sera plus tolérée ! L'être que tu protèges ici même vient de se reconnaître comme une âme chaotique en reniant et insultants la Loi.
Un monde sans loi est un monde où règne le plus fort et le chaos, un monde ou les faibles sont persécutés, est-cela que tu souhaites ?
Ne sois pas aussi stupide que lui et ouvre toi les yeux avant qu'il ne soit trop tard. Te voila averti deux fois plutôt qu'une, mais notre clémence n'est pas sans limite.

Écarte toi du chemin de la justice.”

La scène avait de quoi choquer et les passants horrifiés par le fait qu'un tout jeune adolescent veuille sauver la vie d'un corrompu se mirent à élever la voix.

“Faites taire ce jeune écervelé!
Purifions la Cité!
Le mal s'est-il propagé jusque dans le coeur de nos plus jeunes?”

Au milieu de la cohue, le disciple de la lumière s'approcha d'un pas rapide vers le jeune homme conspué et le tira sans ménagement vers l'arrière.
Ce ne fut un réel combat entre les deux jeunes hommes, la faible constitution de l'adolescent n'étant en rien un frein à l'action du Templier. Aussi, se laissa-t-il mener, malgré ses réticences, loin de la guillotine mais alors que le fidèle de Vénéra le prenait par la taille, une lame brilla dans sa main. Sans doute était-ce ceci que le templier avait aperçu plus tôt et, voulant éviter toute effusion de sang inutile, il avait prit garde d'éloigner l'importun.

S'adressant aux miliciens présents, il éleva la voix.

“Éloignez moi cet homme, et sécurisez moi le périmètre! Que personne ne passe! Personne!”

Les ordres étaient donnés et les miliciens ne prirent qu'une seconde pour se mettre au garde-à-vous et filer sécuriser le lieu. deux d'entre eux se tinrent près du fauteur de trouble pour éviter un nouvel évènement.

La foule semblait certes passive depuis la soudaine apparition mais les esprits s'échauffaient de nouveau et toute sérénité semblait rompue dès lors que le hobbit s'était allié aux défenseurs des corrompus. Les langues se déliaient enfin et chaque citoyen de la Baie hurla au scandale tandis que le nom de leur Sainte Mère de la Justice était ainsi trainé dans la boue.

“Mettez les au cachot! Comment ose-t-il insulter Notre Divinité protectrice?”
“Que leurs âmes soit purifiées!”
“Ames souillées, comment osez-vous fouler la terre de la Déesse de la Lumière”
“Comment ça s'fait qu'ils connaissent si peu de chose sur Not' Déesse ces jeunes! Faut pas les laisser corrompre les âmes des autres! Et nos pov' enfants ils les écoutent, eux et leurs sales paroles de corrompus!”

Les voix portaient aussi haut que les armes s'élevaient. Fourches, bâtons, baguettes chacun tenait en main une arme bien dangereuse et les simples paysans clamaient leur terreur en brandissant leurs instruments.

“Partez d'là, on vous veut pas chez nous! On veut pas d'souillure!”
“Sainte Mère protège nous du mal…”

Un spectacle déroutant de citoyens armés, prêts à fondre sur une proie malfaisante. La peur d'avoir laissé entrer un fervent d'Ananke, d'Hécate ou de Shain amenait les citoyens à agir de manière désordonnée et beaucoup se laissait tomber à genoux dans la boue, scandant le nom de leur matrone dans une fervente prière.

“Les Templiers ont vu qu'il avait d'la magie interdite. Nous on veut pas de ça ici! Et le jeune là ptètre que lui aussi il a une âme maudite.”

Tous les regards convergeaient vers les trois fauteurs de trouble et la panique se lisait aisément chez ce peuple qui prônait la lumière et ne vivait que par elle.

Alors que la foule s'unissait comme un seul être contre les fauteurs de troubles, le guerrier se mit à hurler.

“Au calme ! Au calme peuple de la Baie ! Lâchez vos bâton et laisser la justice opérer comme il se doit, ne vous laissez pas corrompre par ces impures! ”

Puis, fendant la foule, de nombreux miliciens s'approchèrent des fauteurs de trouble.
Empoignant l'adolescent ils le menèrent loin de la cohue avant qu'elle ne songe à le faire taire définitivement, ses paroles étant poison pour eux sur les terres de la Déesse de la Lumière. D'autres miliciens s'occupèrent de tenir le hobbit éloigné des fourches.
Ainsi, la foule fut légèrement rassurée, par les paroles de séide de la lumière et celles de recenseur, et l'exécution put se poursuivre sans autre heurt.

L'elfe qui faisait office de bourreau, ayant reçu le signe que tout était pour le mieux, se mit en position afin d'exécuter la sentence. Il prit le corrompu et plaça sa tête sur le billot d'exécution, le cou bien dégagé. Le guerrier saisit alors sa hache et calcula bien le coup, il ne voulait pas le rater et que les souffrances de cet être soient décuplées. Il voulait que la mort soit rapide et nette.
Une fois qu'il fut certain de la marche à suivre, il s'élança et mit toute sa force afin de trancher le cou du corrompu.

L'exécution enfin eu lieu. Levant son poing armé vers le ciel, le jeune disciple cria.

“Justice est rendue !!!”

Puis, il enchaina.

“Une nouvelle fois la Justice Divine a oeuvré. Soyez certains que ce combat que nous menons ne s'arrêtera jamais, même si d'autres incidents comme les derniers qui ont eu lieu se produisent. Que Vénéra vous garde, tous sans exceptions!”

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