out à coup, la porte de la grande bibliothèque s'ouvrit à la
volée, et de violentes bourrasques de vent s'engouffrèrent dans
le temple du savoir. Aussitôt, de nombreux parchemins se firent
aspirer dans les airs, virevoletant au gré du déchaînement des
éléments, tandis que des grimoires tombaient au sol en faisant
claquer leurs pages dont quelques une s'arrachaient sous la
force des courants.
C'est à ce moment-là qu'un jeune homme d'une trentaine d'années,
les cheveux courts et le visage écorché, s'envola littéralement
dans les airs, comme happé par une main géante. Il fut projeté
par la porte bailante, et un violent et bruyant éclair vint
percuter le pauvre hère. Les plus attentifs avaient remarqué que
celui-ci, seul dans son coin, s'était entrainé à la pratique des
arcanes, osant faire couler le sang en ce lieu sacré.
Le vieux gardien des lieux leva alors les bras et cria :
" Par Furrinus tout-puissant ! "
Il contempla avec un air paniqué le désordre sans nom qui s'était
emparé d'un instant à l'autre de sa chère bibliothèque, et
commença à pousser les gens présents vers la sortie en disant :
" Allons allons, sortez tous d'ici ! Quelle catastrophe, quelle
catastrophe ! Je vais tout devoir ranger tout seul, cela va me
prendre un temps fou... Les jeunes n'apprendront-ils donc jamais
le respect ? "
Déjà, les premières personnes étaient poussées à l'extérieur,
projetées par la vigueur insoupçonnée du vieux Moine...
***
Voyant que personne ne l'écoutait, le vieux Moine s'assit sur une chaise,
et observa toutes les personnes présentes piétiner parchemins et grimoires,
au milieu d'une ou deux personnes ramassant des grimoires écornés et sens
dessus-dessous. Il avait l'air effondré, et resterait probablement muet de
la sorte jusqu'à ce que tout le monde ait quitté les lieux, comme il
l'avait demandé.