« Le voilà donc qui git enfin,
sur son lit de mort on dit qu’il s’est converti,
le pieux débauché.
Avec moi, point de demi-mesure je le crains,
donnez moi une bouteille, je la boirais et la jetterai
en cadavre aux plus grands de ce monde.
Montrez-moi vos dieux à l’agonie,
j’irai piller leurs autels pour nourrir mes catins.
Me voilà étendu, m’éclipsant de ce monde,
ma bave toute fraiche souillant les écrits sacrés.
Je contemple ma vie, mon gâchis, et j’en ris,
car combien de vies ai-je vécut en une seule ?
De ma destinée je n’ai monnayé ma liberté,
contre pouvoirs et forfanteries accordés par le bon vouloir de dieux stupides
mouillant leur froc de leur semence devant la misère humaine et leurs espérances bafouées.
En cette heure, est-ce que vous m’aimez ?
M’aimez vous ?
M’aimerez vous ?
M’aimerez vous lorsque l’ordalie des dieux ne sera plus et que tombera la grande gabegie ?
Homme, pour toi je me relève car nul dieu ne me mettra à terre.
De ce remugle tiède et glissant de jouissance au creux de ses cuisses,
jusqu’à la froide et morbide heure du trépas qui nous guette,
de maîtres vous n’aurez et alors vous cracherez à leur face décatie de dieux…déchus ! »