Restitution

[Moloch]

Alors que la soldatesque fourbissait ses armes ou s'entrainait, une
ombre passa fugitivement devant le Fort, coupant momentanément le
champ de vision du garde.
Un instant plus tard, le "ding" de la porte d'entrée-pont-levis
aurait du annoncer un nouveau visiteur : un moine.
Un colosse dont chaque pas faisait craquer les solides troncs que
feu Gluk avait amoureusement joints ensemble il y avait de cela
plusieurs années.

Un grommèlement appréciateur monta de sa gorge. Le son guttural vibra
dans l'air aussi soudainement que s'arrêtèrent le martèlement de ses
pas sur le sol : "Hmmpf. Debout même pour entrer. Bonne chose."
Sa voix de basse aurait fait tremblé les pierre de taille de
l'enceinte si seulement il avait déserré les dents.

Derrière lui, une délégation le suivait. Deux jeunes femmes et un
moine frais émoulu. Il les laissa libres de leurs mouvements
cherchant vraisemblablement quelque chose ou quelqu'un du regard.
Planté au centre de la cour, les mains dissimulées dans ses larges
manches, il consentit enfin à briser le silence après de longues
secondes d'observation.

"Furrinus vous garde." fait-il en saluant ses hôtes d'une inclinaison
du buste.
Il plissa les yeux, regardant tour à tour les hommes du fort.
Il dégageait une aura de puissance contenue tandis qu'il jaugeait
les guerriers. Ils étaient peu. Trop peu. Etrange.

[...]

Sa puissante voix retentit à nouveau lorsqu'il sortit sa main de
ses manches immaculées pour saisir quelque chose dans son dos.
Il exhiba une arme à la pointe bleutée, légèrement luminescente,
et la brandit avant d'en planter la hampe dans le sol :
"Kaïn réclame sans doute sa lance. Lequel d'entre vous est le dénommé
"Dole" ? Chaz m'a affirmé qu'il me fallait la lui remettre.
Ou bien pourriez-vous m'indiquer où je puis le trouver ?"