Triste retour

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Moloch

Triste retour

Message par Moloch »


La journée était grise, froide et humide, calme brouillardeuse et morne.
Les conversations des rares voyageurs, ombres indistinctes, se résumaient
à des monosyllabes péremptoires grommelées au détour d'un chemin.
Puis, la bruine s'était installée, tirant hermétiquement les rideaux du monde.
Le long des murailles du monastère, désormais boueuses, se faufilaient
des silhouettes grises et brunes, têtes rentrées dans les épaules d'un air de chien battu.
Le gardien était absent. Du feu accueillant que Brutus laissait habituellement flamber,
il ne restait que cendres froides, éparpillées.
C'était un jour pourri, rongé jusqu'au trognon par le ver de la morosité.

Demeurant un instant immobile entre les portes entrebâillées,
Moloch contempla d'un air sombre la place vide qu'occupait le Portier de son vivant.

« Tous les hommes naissent condamnés, disent les sages. Tous tètent le sein de la mort.
Tous s'inclinent tôt ou tard devant ce monarque silencieux. Ce souverain
des ténèbres lève un doigt; une plume volette et se pose à terre.
Nulle raison dans son chant. Les « bons » partent jeunes, les « mauvais » prospèrent. »
L'Equilibre ?
Moloch secoua la tête et se courba pour pénétrer dans l'enceinte du monastère.

Ses épaules supportaient l'invisible poids du doute et de la culpabilité,
l'indicible fardeau des « et si ».
Après un dernier regard en arrière, il se détourna du fantôme de Brutus,
laissant l'immense porte se refermer en claquant derrière lui,
sonnant le glas d'une époque désormais révolue.

Stupeur et tremblements ( :p )

Adieu calme et volupté

Message par Stupeur et tremblements ( :p ) »


L'immense porte du monastère claqua, sonnant le glas de la quiétude
monacale. Depuis, des tremblements incessants et réguliers secouaient
le lieu entier. Ressentis jusque dans les catacombes, les secousses se
faisaient de plus en plus fortes à mesure qu'elles se rapprochaient de
la bibliothèque. A chaque coup, le sol tanguait un peu plus fort, les
vitraux vibraient plus dangereusement et les étagères gémissaient un
peu plus. La poussière commençait à se déverser abondamment des livres
et des papyrus accumulés depuis des années dans ce lieu de savoir.
Les particules en suspension dans l'air dansaient un ballet fascinant.
Les rais de lumière filtrant du plafond éclairaient leur chute
infinie. Puis, tout se stoppa soudainement. Les grincements cessèrent,
les trépidations aussi. L'origine de ce tout dérangement semblait
s'être arrêté dans la chapelle...
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