Chant liquide

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Silence

Chant liquide

Message par Silence »

Curieux et étrange aspect que celui de ces forêts où se groupent tant d'essences diverses.
Ici des arbres contournés, déjetés, grimaçants, et là des fûts droits, espacés, dénudés jusqu'à cinquante et soixante pieds au-dessus de leurs racines, des troncs sans défaut, qui étendent comme un plafond leur verdure persistante. Peu de broussailles ou d'herbes enchevêtrées à leur base.
De longues racines, rampant à fleur de terre, semblables à des serpents engourdis par le froid. Un sol tapissé d'une mousse jaunâtre et rase, faufilée de brindilles sèches et semée de pommes qui crépitent sous le pied. Un talus raide et sillonné de roches cristallines, dont les arêtes vives entament le cuir le plus épais. Aussi le passage est rude en certains endroit, surtout lorsqu'on veut se désaltérer à l'un des mille ruisseau qui sillonnent la foret.

C’est un coin de ruisseau où fleurit le chardon
Aux berceuses de l’eau tout doucement répond
Le craquement des joncs et le vol d'une mouche,
Qui prudemment s’abrite à l’ombre d’une vieille souche.

Pourtant, le temps ici semble suspendu. Il manque quelque chose, il manque quelque chose......c'est un murmure qui parcourt la canopée, qui sourde par le sol, qui fait trembler les haies, murmurer les halliers.
Il manque quelque chose...quelque chose ne va pas...
L'angoisse sourde par le sol, c'est comme une peur diffuse, un sentiment inégal, un caillou dans son esprit.
Les druides sont les premiers à sentir.

Dans son sommeil glissant l’eau se suscite un songe
Un chuchotis de joncs de roseaux d’herbes lentes
Et ne sait jamais bien dans son dormant mélange
Où le bougeant de l’eau cède au calme des plantes

La rivière engourdie par l’odeur de la menthe
Dans les draps de son lit se retourne et se coule
Mêlant ses mortes eaux à sa chanson coulante
Elle est celle qu’elle est surprise d’être une autre

L’eau qui dort se réveille absente de son flot
Ecarte de ses bras les lianes qui la lient
Déjouant la verdure et l’incessant complot
Qu’ourdissent dans son flux les algues alanguies. *

La nature retient son souffle.


* Claude Roy
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