Les moinillons s'interrogent...

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Sekuan Na Akindo
Lion Souriant
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Enregistré le : 07 oct. 2010, 22:41

Les moinillons s'interrogent...

Message par Sekuan Na Akindo »

Sekuan vaquait à ses occupations, traversant la cour. Il y avait déjà quelque temps qu'il était fixé au monastère, partageant son temps entre entrainements, leçons aux novices et recherches personnelles. Or depuis quelque temps, on le voyait fort occupé, partageant son temps entre la bibliothèque et le jardin, délaissant un peu le dojo.
C'est pourquoi quelques moinillons se relayaient, plus ou moins discrètement, aux abords de la cour, guettant son passage. Justement, vers la fin de la matinée, le Lion Souriant, l'air pensif, traversa la cour, en direction de sa cellule. Deux moinillons faisaient le guet.
Le plus petit l'aperçut en premier .
« Regarde, Pô, voilà le maitre ! Tiens, c'est curieux.. pourquoi est il tout trempé ? Tu croit qu'il s'est baigné ?
- Je ne sais pas, Shifu, mais en tous cas, son kimono est tout sale..il a même des tâches d'herbe, des traces de terre, et de la vase dans les dreadlocks... Tu crois que ça a quelque chose a voir avec les curieux bruits d'eau que l'on entend jusque dans la chapelle ?
- Ça, j'en sait rien, mon vieux. Mais Jet Chan était en embuscade tout à l'heure, et il m'a dit qu'il avait vu la Furette Fougueuse, et qu'elle ne valait pas beaucoup mieux. Il prétend qu'elle aurait pu poser pour le poster de Miss Kimono Mouillé, mais bon, tu le connais, il faut toujours qu'il exagère.... Aller, viens, on va lui demander. »

En trottinant, les deux petits novices rejoignirent le moine guerrier. « Sensei, sensei ! On peux vous parler ? »
Le moine d'ébène s'arrêta, et un large sourire illumina son visage tandis qu'il reconnaissait les moinillons. « Tiens donc ! Bonjour vous deux, et puisse Furrinus vous éclairer. En quoi puis-je vous aider ? Si c'est pour un cour au dojo, ne m'en veuillez pas, mais je suis un peu occupé. »
Comme d'habitude, ce fut Shifu, le plus petit, mais le plus hardi, qui prit la parole.
« Non, non, c'est pas pour ça.. quoique ça nous manque un peu, mais.. Il paraît qu'il y a un grand tournoi a Brumevent, avec des combats et tout.. Pourquoi vous y allez pas ? Vous et le frère Moloch, vous pourriez tout gagner, on en est sur, nous ! Y'en à qui disent.. enfin... vous savez, quoi... comme quoi vous craindriez d'y aller.... »
Pô le dodu prit le relais de son camarade, qui commençait à être gêné. « On dit pas que vous avez peur, hein... mais ça aurait été bon pour l'image du monastère, hein.. et pis, vous auriez pu chanter.. nous on aime bien quand vous jouez du tambour. Paraît qu'il y a un concours sur ça aussi. »
Le Lion éclata d'un rire joyeux devant l'air empressé des deux jeunes moines, puis il repris vite un air sérieux. Levant un sourcil d'un air courroucé, il prit son ton le plus sévère. Peine perdue : les deux moinillons voyaient bien la malice démentir toute gravité... Sans compter le négligé de sa tenue et le « floutch floutch » humide et sonore qui accompagnait chaque pas...« Alors comme ça, il se murmure dans les dortoirs que vos senseis ont peur de se rendre à un tournoi ? C'est intolérable ! Allez, au dojo et plus vite que ça, il va y a voir de l'explication dans l'air, et des échines vont souffrir, bande d'insolents ! »

Poussant les aspirants kaichas devant lui, Sekuan pris la direction du dojo. Il y trouva les moinillons les plus assidus, futurs moine guerriers en plein entrainement.
« Yame ! Et asseyez vous, il semblerait que j'ai à vous parler. » Il parcouru les visages essoufflés tandis que les élevés prenaient place.
« Alors comme ça, des rumeurs circulent sur notre non-participation au tournoi de Brumevent ? » il sourit soudain. « C'est vrai, ni le père abbé ni moi ne participeront. Est-ce à dire pour autant que nul moine ne s'y rendra ? Peut être pas.. Nous ne sommes pas les seuls. Et nous aurions peut être dû nous expliquer. » Il croisa les mains dans le dos et marche, tout en devisant. « Tout d'abord, sachez que le père Moloch, la sœur Coriolis et moi-même sommes fort occupés, engagés dans des recherches nécessaires pour tous. Donc, il nous aurait fallu de toute façon mettre ce tournoi de coté, quelles que soient nos autres raisons. Ensuite, réfléchissez un peu. Pourquoi nous battons nous ? Ou plutôt, pourquoi préparons nous notre corps et notre âme au combat ? S'agit-il de choses sérieuses, ou d'un simple concours ? Certes, je vous l'accorde, le tournoi de Brumevent est un évènement important, une occasion pour un guerrier de faire étalage de sa force et de son talent. Une chance de promotion pour un groupe, un ordre, une caste. De nombreux combattants ne vivent que pour cela. Les gladiateurs de la baie, les vaillants chevaliers, les suivants de Kain.. et même les soldats du fort. Mais nous autres, les moines, quel serait notre intérêt ? »
Il laissa flotter un moment de silence, un temps de réflexion pour les jeunes cervelles en ébullition. « Notre voie est celle de l'Harmonie, de l'Équilibre. Il est inutile, et même contraire à notre philosophie, de vouloir s'opposer à nos alliés dans le simple but de savoir qui est le plus fort, de comparer nos talents. » Il sourit encore plus largement. « Bon, certes, un concours ne génère pas toujours du ressentiment, et cela même renforce parfois les liens entre guerriers, mais l'essentiel n'est pas là : notre entrainement nous pousse vers le non-combat, la victoire sans l'affrontement, l'Équilibre plutôt que l'opposition... »

Il soupire puis quitte tout air sérieux. « Bon d'accord, tout cela n'est que baratin, j'avoue. La vérité nue est qu'autant le père Moloch que moi avions projeté de nous y rendre, mais nous sommes empêchés par nos devoirs. Mais il reste le frère Ladril.. Le connaissant, il doit certainement déjà y être. » Comme certains murmures et regards amusés commençaient à circuler parmi les moinillons, il leva un sourcil sévère et un doigts péremptoire. « Je sais ce que vous pensez, bande d'insolents ! Et je vous interdit de seulement imaginer une telle chose : non, notre frère, qui est votre supérieur, je vous le rappelle, ne s'y rend pas uniquement pour bénéficier de repas copieux et gratuits, entre deux concours de tartes aux pommes, tas de petits mécréants irrespectueux ! »
Il frappa dans ses mains, avec toutes les marques de la colère. « Et reprenez tout de suite l'entrainement, petits scarabées effrontés ! Pour la peine, vous passerez une heure de plus sur le tatami. Hajime ! »

L'air grave et fâché il quitta le dojo. Ce ne fut que lorsqu'il atteint la solitude de la cour qu'il se permit d'éclater de rire. « Des tartes aux pommes ! Pauvre Héron ! »Et ce rire se prolongea jusqu'à ce qu'il rejoigne les jardins.
Pourquoi nous nous battons? Pour préserver l’Equilibre et apporter l'Harmonie.
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