L'attaque de l'oratoire de Te Danann

Par Ange

Depuis quelques jours, il régnait une atmosphère de fête dans l'oratoire de Te Danann. En effet, un chargement de vin (appelé vin de messe par les fidèles) avait été déposé à l'entrée sans que personne n'en connaisse la provenance.

Les chants des prêtres étaient de plus en plus forts et, ce soir-là, ils atteignaient leur intensité maximale. Une fois épuisés par les chants et le vins, les trois prêtres (Koenig, Ulméar et Antinéa) décidèrent qu'il était temps de faire une dernière prière à leur déesse avant de rejoindre leur couche.

Un grand silence se fit à l'intérieur du temple et les prêtres étaient entièrement plongés dans leurs prières lorsque la porte s'ouvrit avec fracas. Le druide Koenig ne put qu'apercevoir une silhouette se découpant dans la nuit et levant une arbalète vers lui avant d'être frappé par plusieurs carreaux. Puis, alors qu'il allait succomber, l'arbalétrier tourna son arme vers Antinéa, l'élue de Te Danann. Celle-ci eut le temps de voir un visage ravagé par une fleur de lys, avant d'être elle-même frappée par plusieurs carreaux.

Puis, l'assaillant dit d'une voix froide, qui laissait percer son mépris pour les personnes présentes :
“Je ne vous achèverai pas dans ce temple, mais prenez ceci comme un avertissement : ces lieux sont dangereux, ne vous avisez pas de quitter le temple ou vous mourrez par ma main ou celle d'un autre.”

Puis l'homme quitta le temple, laissant les trois prêtres étonnés, et tremblants d'avoir frôlé la mort de si près, se ressaisir.

Antinéa, quand à elle, avait rapidement repris ses esprits. Elle avait entendu parler des sévices subis par un des premiers colons qui s'était rapidement révélé faire partie des pires criminels, et il ne fit aucun doute pour elle que l'assaillant au visage ravagé était Ange, le seul habitant de cette terre qui avait dû subir l'amputation totale de la main droite. Folle de rage, elle se précipita à l'extérieur du temple, bien décidée à faire ravaler ses paroles à cet imbécile.

Ange, plutôt content d'avoir calmé ces damnés prêtres qui lui cassaient les oreilles depuis plusieurs jours, eut tout le loisir de regretter son geste.
En effet, Zaël l'attendait et, en quelques attaques, l'assomma proprement afin de lui faire payer ce sacrilège.

Lorsque Antinéa le vit au sol, Zaël à ses cotés, sa rage était si grande que Zaël lui-même eu un mouvement de recul. Ange, quand à lui, dut subir ses coups, jusqu'à ce qu'elle se calme et se rende compte qu'elle était en train de frapper un homme déjà à terre.

Puis Zaël le prit sur son dos et le porta jusqu'à la grotte d'Osgoroth où il le jeta par terre sans plus de ménagement.
Ange ne put plus qu'entendre les murmures de désapprobation des elfes sombres présents avant de s'évanouir pour de bon. En effet, sa conduite avait blessé l'honneur d'Osgoroth, garant de sa conduite, et avait donné l'occasion à son frère Zaël de le critiquer publiquement.

Le lendemain matin, alors qu'il avait un moment de lucidité, Ange entendit Ulméar, qui s'était placé sur le seuil de l'oratoire, clamer qu'il fallait prendre en pitié les hommes soumis au dur entraînement d'Osgoroth. Gravement blessé par cette insulte déguisée, Ange se leva tant bien que mal en murmurant qu'il allait raser ce satané temple une bonne fois pour toute.
Alors qu'il s'avançait péniblement, suivi par plusieurs elfes sombres, une main se posa sur son épaule, et l'élu d'Hécate lui dit :
“Ange, tu sais très bien qu'Hécate ne souhaite pas de guerre ouverte avec Te Danann”.

Comprenant qu'il s'était emporté, Ange perdit toute l'énergie que lui avait fourni sa colère et s'évanouit.
Osgoroth ordonna alors : “Toi, porte-le à sa couche, ces humains sont décidément trop impulsifs.”

Ulméar se tut brusquement lorsque Antinéa sortit du temple. Elle expliqua à tous que le temps de la confrontation n'était pas encore venu, puis se retira, suivie d'Ulméar, pendant qu'Ange délirait : “Non, pas ma main, tu me le paieras Torless, toute la Baie me le paiera…”