La bataille de la Fournaise

Par les Soldats Will Larcheen et Gerwulf (Daté de 2004)

Ananke

Kaïn

Fragments de journal de guerre écrit à l’occasion d’une campagne militaire contre les forces démoniaques de la fournaise.

Kaïn

Mon dixième mois au Fort fut marqué par mon départ pour la plus grande campagne d'éradication à laquelle j'ai participé jusqu'à présent.

Je n'ai pas vu notre départ du Fort, car j'étais lors en mission ailleurs. C'est Hrod-bercht qui m'informa du déplacement en masse des troupes. Je les rejoignis donc seul, et, repérant l'armée au beau milieu du marécage au Sud de la tour, m'arrêtai. Apercevant Wardlord parmi eux, et connaissant son passé sombre, je le signalai comme potentiellement menaçant, mais bientôt ce malentendu fut réglé et Wardlord put être considéré comme notre allié.

Après quoi le général ordonna le mouvement de sa voix grondante. En avant pour la Tour, donc.

A peine arrivés, les choses s'organisent: un groupe va partir en éclairage dans la Tour, l'autre vers le désert.

Gerwulf, plus rapide que les autres, ne tarde par à revenir de la Tour et explique:

“Rien à faire c'est bloqué. On peut juste descendre vers des escaliers qui mènent au sous sol, puis c'est bloqué par des éboulement.”

Pendant ce temps des soldats s'activent pour effacer des symboles d'Ananke dessinés sur les pierres avoisinantes. Mais quand un homme a une vision soudaine, on commence à se méfier. De toute façon, la Tour n'est plus un repaire du Mal, elle est toujours aussi abandonnée. L'Armée peut donc continuer sa progression vers le Nord.

Avant le mouvement, un chevalier errant, Seishiro, et Damaleus qui je crois est son écuyer, nous rejoignent. On assiste aussi au retour de la Caporale Leoctania, en pleine forme et prête à reprendre du service, ce qui mit du baume au cœur aux soldats.

L'armée s'apprête à avancer. Mais une silhouette est bientôt visible au loin.

Une forme haute et menaçante, qui semble observer et graver dans sa mémoire l’effectif qui s’est attroupé au pied de la Tour.

Mais aussitôt repérée, la créature impie disparait comme elle est venue.

On a tôt fait de l'identifier: le démon Kosh, seigneur de la Fournaise. Les épées sont tirées du fourreau en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, et nous nous tournons tous vers le Général, attendant l'ordre, qui arrive promptement:

“Nous avons assez perdu de temps soldats! En avant marche!

Direction le désert, ce maudit Kosh ne doit pas être bien loin.”

L'armée se met en marche, au pas de course. Mes bottes s'enfoncent dans le marais mais je n'y prends pas garde, je ne pense qu'à notre arrivée. Un démon! La dernière fois que j'en avais vu un, nous avions réussi à le ramener captif au Fort. Une nouvelle occasion pour nous d'envoyer au tapis un tel monstre me mettait dans un état d'exaltation surprenant.

Bientôt, la vase devient du sable: nous arrivons au désert de la pyramide. Nous nous arrêtons. Chacun guette l'arme au poing et avec impatience les alentours, espérant apercevoir une trace de l'ennemi. Mais il n'en est rien pour l'instant. Le général prend alors la parole:

“Patience soldats. Leo, Wardlord et moi même avons relevés des traces de pas en direction du camp nomade. Nous allons bientôt rejoindre ce camp et inspecter le coin.”

Il en fut ainsi. Bouillant d'impatience, je me précipitai vers là bas, derrière Gerwulf et le Caporal Aleksendr.

Arrivé peu après eux, je les rejoignis tout en ouvrant d'ors et déjà l'oeil, afin de ne pas laisser échapper le moindre indice du passage du démon Kosh.

Chercher des traces dans un tel endroit s'avéra plus difficile que prévu. En effet, nombre de personnes semblaient déjà avoir foulé les lieux de leurs pieds. Cependant, une tente brisée attira rapidement notre attention.

Ce pourrait-il que ce soit Kosh qui l'ai mit dans cet état?

Si tel était le cas, alors il était parti vers l'ouest.

Hrod arriva alors et expliqua qu'étant donné le temps qu'il fallait pour traverser le désert, Kosh avait forcément du se rendre à l'ouest, ce qui confirma ce que Gerwulf et moi pensions. Leoctania arriva alors, suivie du Général qui s'approcha d'Aleksendr et demanda:

“Avez vous retrouvé les traces du saurien ? Le temps presse Caporal, Frollo m'a informé que le monastère est sous les coups d'une attaque, certainement des fournaisiens, personne ne serait assez fou pour tenter d'attaquer tel lieu.”

Après que Gerwulf lui ai répondu, le Général ordonna, alors que les autres soldats arrivaient:

“En rangs, prêt à en découdre soldats. Nous faisons mouvement sous peu.”

Il attendit que les troupes se rassemblent en formation ordonnée, puis, son regard dur et ferme rivé vers l'ouest, il saisit sa lance runique et la brandit au dessus de sa tête.

“SOLDATS ! CHARGEEEEZ !!” cria-t-il en menant lui même l'assaut.

C'était la première fois que je participais à une charge de toute l'armée, et je dois dire que je recommencerai à l'instant même si j'en avais l'occasion!

Le démon était là. La rage s'empara de moi à la vue du monstre, j'avais déjà vu le mal, mais cette créature en était un concentré hideux.

Les soldats le submergèrent, l'encerclant avant de le harceler. Moi même je me plaçais à quelques mètres et m'apprètais a attaquer. A coté de moi, Iro était en pleine fureur, ses arcanes malmenaient le démon qui était balloté comme un lézard ridicule entre ce qui ressemblait à des sphères formées d'éclairs, que dirigeait le soldat à son gré et aux dépends de la créature.

Cet arcane fonctionnant à merveille, je l'invoquai moi aussi.

Frappé de toutes parts par la foudre, le sol tremblant et se fissurant sous lui, flèches et pointes se fichant entre ses écailles et des lames lui lacérant les flans, Kosh, siegneur de la Fournaise, régent du premier cercle des enfers, s'effondra lourdement sur le sable chaud en poussant un râle rauque.

Mon cri de gloire résonna en même temps que d'autres, mais je me rendis compte qu'il restait un autre ennemi. Laminoir, sorcier ténébreux. Déjà la Caporale est sur lui, enragée. Lance en avant, elle lui fait une belle estafilade dans le bras. Sans plus de cérémonie, je fonce moi-même à l'assaut et frappe d'estoc et de taille, par trois fois ma lame atteint son but. Une flèche de Celyndra transperce l'épaule de l'ennemi.

Guidé par son instinct de survie, le mage noir se mit alors à crier, cherchant à nous faire croire qu'il ne faisait rien de mal en compagnie de Kosh.

Après avoir félicité ses hommes pour être venu rapidement à bout du colosse de la Fournaise, Aerox lança à Laminoir:

“Ta présence aux cotés du Seigneur de la Fournaise est plus que suffisante pour prouver ton allégeance aux démons.

Tu mourras pour cette folie.

Soldats, achevez le.”

C'est alors que le caporal Aleksendr se fraya un passage vers lui. Il sourit, ferma les yeux, se concentrant apparemment. Lorsqu'il les rouvrit, il les avait intégralement noirs.

Poussant un rugissement rauque, il avança à pas comptés vers le sorcier qui tentait tant bien que mal de se protéger avec ce qu'il avait sous la main. Pour un tour de chauffe, Aleksendr se contenta de déchirer un peu de la peau du bras de son adversaire. Il se retourna ensuite sur lui-même et asséna un violent coup au flan de Laminoir, le faisant tomber à terre en crachant du sang. Un nouveau coup aurait dû être fatal, mais dans un sursaut, le sorcier parvint à en atténuer la violence. Alors, dans un dernier élan de rage, et un dernier cri puissant, Aleksendr transperça de part et d'autre l'humain déjà à terre. Il baignait dans son sang, désormais aussi inerte que Kosh.

Retourné auprès de Leoctania et du Général, et ses yeux redevenus normaux, Aleksendr lança une remarque qui me fit sourire:

“J'espère qu'on en aura d'autres bientôt, celui-là était un peu frêle.”

Il n'allait pas être déçu.

Alors que nous pensions en avoir fini et relâchâmes notre attention, un cri se fit entendre.

Comme chacun, je me retournai et vis le démon se relever péniblement. Apparemment il venait de s'attaquer à Celyndra. De nouveau sur ses pieds, il secoua sa grosse tête de droite à gauche puis ré-emboita son épaule gauche. Le bruit qui accompagnait la procédure m'aurait donné un haut le cœur si je n'avais pas été parfaitement stupéfait. La voix du monstre retentit:

“Je suis flatté de voir que tu as lancé toute ton armée dans la bataille.”

Bien que dans une condition physique lamentable et la respiration difficile, Kosh se fendis d’un large sourire et déclara d’un ton qui trahissait la folie furieuse qui l'habitait:

“Je vous attends messieurs.”

Situé assez proche de la bête infernale, Hrod-Bercht se tourna et lui fit face. Il enfonça rapidement sa lance dans l'épaule que le saurien venait tout juste de faire craquer. Le Lancier confirmé visa tout de suite après l'autre épaule. Les dégâts étaient importants. Sa Lance Étoilée déchiquetait la peau de Kosh comme le foin qui remplissait les mannequins lors que l'entrainement.

“Tu en veux plus!!! Regarde moi ca, tu va en avoir pour la peine vieux sale!”

Les soldats étaient de nouveau autour du Démon, mais Hrod semblait se débrouiller tout seul, nous ne fîmes que l'épauler. Il parvint en s'élançant puissamment à enfoncer sa lance en plein centre du torse de Kosh avec une force saisissante. La pointe ressortit dans le dos de Kosh, le perforant totalement dans un flot de sang sombre.

Il n'omit pas de faire tourner l'arme pour déchirer les entrailles de la créature avant de la retirer pour laisser place à son cousin. Une fois quasiment nez à nez avec le démon, Hrot-gar n'eut qu'à lui donner une poussée du revers de sa hache pour qu'il s'effondre au sol, pour de bon cette fois.

J'éprouvai un certain dégout à voir le Général s'approcher du corps inerte de Kosh, lever sa lance et l'enfoncer dans la base du cou du démon à plusieurs reprises, avant de positionner ses mains de part et d'autres de la tête et dans un mouvement brusque, arracher cette dernière.

“Cette tête aura son utilité en son temps.” expliqua-t-il à ses hommes.

Le combat était terminé ici, Gerwulf le clôtura en achevant Laminoir et en prononçant ces mots:

“Qu'un homme est méprisable à l'heure du trépas, lorsque, ayant négligé la seule chose importante, il disparaît en nous laissant ce reflet amer que même lui ignorait de son vivant…

Bref la sentence est tombée, que ses maux nourrissent à présent les

Ténèbres.”

Le ramassage des objets des deux cadavres et les soins apportés aux blessés, cela se fait rapidement. La suite sera plus rude encore: direction le monastère, nous allons porter assistance au domaine de Furrinus assaillit par la horde d'Ananke.

Les ordres sont lancés par la même voix grondante qu'à l'accoutumée:

“Leoctania prends avec toi les hommes qui te semblent avoir encore les ressources pour faire une marche forcée.

Vous allez vous rendre immédiatement au monastère en tête de pont. Ordre de pacifier la zone.

Les autres avec moi, rassemblement au roc. EXÉCUTION!”

Je partis avec la première vague, et arrivant sur les lieux, je découvris un champ de bataille où les chaotiques étaient déjà très décimés. La plupart des gens présents étaient moines, chasseurs de dragons, et les soldats arrivés avec moi. Restait un succube, que je tentai de prendre pour cible de mon sort de paralysie, mais je me ravisai en sentant sa puissance supérieure à la mienne. Je ciblai donc Argos, et cela fit plus d'effet. Quoi qu'il en soit, nous arrivions trop tard: les fournaisiens seraient bientôt maitrisés. Nous ne venions que porter le coup de grâce.

Mais contre toute attente, Moloch prit la parole au nom des moines qui attaqués par eux, voulaient cependant encore défendre les chaotiques restant. Mais seulement avec les mots, pour appliquer strictement leur concept d'équilibre, car en s'attaquant à eux, la Fournaise avait poussé le bouchon trop loin.

Ces belles paroles n'empêchèrent pas soldats et chasseurs de dragon de mettre à terre Argos et Regna (qui s'effondra, comme son cousin un peu plus tôt, sous la foudre d'Irostratus). Au final, un seul chaotique, Kräane je crois, réussit à s'éclipser en proférant menaces et promesse de vengeance. Personne ne prit la peine de le pourchasser.

La foule était plus importante de minutes en minutes, et l'on comptait désormais, en plus de toute l'Armée, quelques représentants de la forêt, et quelques Brumois dont Seishiro et Damaleus, arrivés avec nous, mais aussi le Sénéchal Wodahs en personne. Tous discutaient d'Equilibre et d'ennemis à combattre, et j'avais du mal à tout suivre. Celui qui parlait le plus était Moloch, bien que Brutus le gardien fasse une longue intervention après lui. Les moines désiraient, je crois, que nous laissions les chaotiques en paix quelques temps après la défaite qu'ils venaient d'essuyer. Le sénéchal brumois quant à lui se mit à parler de marcher sur l'Arbre tant que les représentants du Sud étaient réunis, idée que je trouvais très à mon goût.

Le Général prit alors la parole, appuyant Wodahs et Krumpf qui exprimait aussi la volonté d'avancer sur l'ennemi:

“Les épées du Sud ont été sortis de leur fourreau à l'unisson et nous n'allons pas les rengainer.

Mais nous ne trompons pas de cible messieurs.

La seule offensive que je cautionnerais, c'est la prise de la Fournaise…”

Il détacha alors une forme immonde qui pendait à sa ceinture: la tête d'un monstre aux crocs acérés, à la gueule béante et à l'haleine encore tiédasse… Nous comprîmes alors pourquoi il l'avait récupérée.

“Cette tête appartenait à Kosh, le triste Seigneur de la

Fournaise. Son âme damnée erre désormais aux pieds de son maître.

Le Volcan n'a plus de chef.

Et comme j'ai pu le comprendre ses troupes sont en pleine

Débandade. La prise du Volcan est à notre porté ne loupons pas telle occasion. Détruisons ce lieu.

Chevaliers, Hérauts, Prêtres de Kaïn, ex-répurgateurs suivez notre bannière. Volontaires faites-vous connaître.”

Quelques minutes de discussions, au terme desquelles la troupe qui partirait fut constituée.

Les soldats seraient accompagnés des Brumois présents (Alvarold Virden, le chevalier errant Seishiro, ainsi que le sénéchal lui même), d'un druide, Thor, et d'un moine, Wakim, ainsi que des deux ex-répurgateurs, Isatys et Wardlord.

Le Général sembla visiblement satisfait du retour de son appel au ralliement contre la Fournaise.

Il hocha la tête avec satisfaction avant de rajouter de sa voix grondante:

“Je suis heureux de voir que le Sud sait encore s'unifier comme au temps des grandes croisades contre le Volcan.”

Après quoi il parla, mêlant ordres à ses hommes et remerciements à ceux qui s'étaient portés volontaires pour l'assaut final. Et pour finir, nous ouïmes le cri désormais habituel: “EN AVANT SOLDATS!”

La Fournaise était droit devant nous, à portée de notre lame.

J'avance. Je suis les autres de près. Mes doigts tremblent d'excitation… la Fournaise! Le Berceau du Mal, et c'est là que la guerre me porte! C'est la que je répandrai la volonté de Kaïn et de Vénéra, là que j'annihilerai les démons qui hantent ces terres!

J'avance. Je n'ai jamais été aussi loin dans les montagnes. Nous passons le croisement de ce grand pic aisément reconnaissable, puis nous entrons dans une gorge qui semble se refermer sur nous comme la gueule d'un titan maléfique.

J'avance. Nous approchons du Volcan, nous voyons s'esquisser la Muraille qui entoure la forteresse qui symbolise le Mal dans nos contrées civilisées. Dire que là bas, quelque part, des villageois retournent leurs lopins de terres sous un soleil de plomb… Ici l'atmosphère est à peine plus claire qu'une crypte. Là bas, dans notre Sud, un elfe est occupé sans doute à façonner un nouvel arc ou une statuette à l'effigie de Vanedhan. Et moi je suis ici, devant la porte du lieu qu'évoquent toutes les légendes les plus terribles… Etrange que ce soit finalement cette voie que j'ai choisie… Moi qui ne me souciais guère de tout cela il y a quelques années encore… Etrange destinée, mais nécessaire. Nous devons pénétrer l'endroit.

Un poste de garde est vite repéré. Nous nous dirigeons vers lui, sur nos gardes. Toute la troupe n'est pas encore là, nous ne somme que le détachement de tête.

La caporale Leoctania entre d'abord dans le poste, son cri d'assaut immédiat nous fait comprendre que des ennemis sont à l'intérieur. J'entre, pratiquement en même temps que le sénéchal de Brumevent, et tandis que je déchaîne les forces célestes en un arc électrique puissant qui fuse sur le garde fournaisien que la lancière a déjà blessé, et l'envoi au tapis en quelques secondes ; Wodahs lui s'approprie le second homme-lézard et lui assène trois bons coup de masse qui lui brisent les os malgré ses protection et sa peau écailleuse.

Le Général entre à son tour et continue l'œuvre entamée par le Brumois, puis c'est au tour de Gerwulf, Asgard et enfin Krumpf de faire leur apparitions, mais alors les deux gardes reptiliens sont déjà à terre, et ne se relèveront plus.

Alors que d'autres personnes arrivent à leur tour, et que nous commençons à être un peu à l'étroit dans ce poste de garde, le danger invisible qui rôde cède rapidement la place à nos interrogations sur le meilleur chemin à emprunter pour se rendre au cœur de la Forteresse, le Général part prudemment jeter un œil dans un certain couloir, et au bout de quelques seconde Sybie décide de le suivre… Quand Aerox revient, c'est sans l'archère. C'est alors que Hrot-gar entre dans la pièce, s'inquiètant de ce que son cousin n'y soit pas. Nous ne l'apprendrons que plus tard, mais à cet instant Hrod-bercht était déjà mort, ainsi que Sybie, arrachés à leurs corps par les forces nécromantiques… tout comme Asgard.

Un frisson d'effroi parcourut chacun de nous lorsque son corps disparut subitement, sans bruit, sans que personne ne s'aperçoive de rien, telle une rafale de vent qui passe, ne laissant derrière elle qu'un souffle empoisonné. Gerwulf osa parler en premier, il exprima à voix haute ce que nous pensons tous: ces attaques étaient l'œuvre d'un nécromancien. Ambiance maléfique, présence malsaine en ces lieux infernaux… Je n'étais pas rassuré. Contre une force colossale, contre le feu, le fer et la haine, oui, mais je n'imaginais pas devoir lutter contre des ombres… Les mots de mon camarade firent écho à cette pensée:

“Regardez bien autour de vous, les ombres en ce lieux ne sont pas celles que l'on croit.”

La Caporale Leoctania n'intériorisait pas tant ses émotion, furieuse, elle pointait sa lance dans toutes les directions, cherchant à découvrir l'agresseur.

“Où se cache ce lâche ! Par Kain, je vais le réduire en bouillie !!

Qui a vu quelque chose ?!

Mon général, nous ne pouvons pas rester ici, à voir nos hommes tomber sous nos yeux et sans même pouvoir riposter.”

Pour ma part, j'avais de plus en plus de mal à conserver mon sang froid, je voyais ma mort à chaque mouvement, j'imaginais un spectre à chaque courant d'air sur ma nuque autrefois protégée par ma masse capillaire. D'ordinaire, je ne suis pas le genre à me perdre en vaines prières, mais je ne pus m'empêcher cette fois là d'adresser quelques mots à Kaïn, tout bas… Je ne pense pas que le dieu m'ait jamais écouté ni même entendu.

Soldat, pas prêtre de Kaïn… Soldat… je m'exhortai au courage, et parvînt je ne sais comment à me ressaisir. J'essayais de me convaincre qu'au moins, la nécromancie tuait rapidement, que je ne passerais pas des mois dans une fosse à me faire mutiler, cette fois…

Mon cœur fit un bond dans ma poitrine lorsque j'entendis “Te Danann”, mais ce n'était que le caporal Aleksendr qui proposait de tester une idée de Krumpf selon laquelle la lumière éloignerait les ennemis, en se servant d'un bâton béni par la déesse forestière… L'idée plut à Gerwulf qui approuva, ainsi qu'à Dukew qui la mit directement en pratique en invoquant la lumière sur Leoctania.

Je ne donnai pas mon avis quant à moi, trop occupé à 'essayer de retrouver le sentiment d'excitation à me trouver ici et combattre enfin le Mal à la racine, mais il faut croire que, sans un ennemi devant moi ou la perspective d'en avoir un bientôt, ma volonté de me battre m'échappe quelque peu…

Wardlord et Leoctania parlèrent alors de se rendre au cœur de la fournaise pour trouver l'ennemi, mais en passant par le flanc de la montagne, et le général acquiesça:

“En effet, empruntons donc ce foutu flanc de montagne, nous trouverons peut être une issue moins…exposée.”

Il sortit alors du poste de garde et la troupe restante suivit.

Nous sommes à découvert, nous avançons rapidement.

Je me mets presque à courir, cela me rassure, je sens que l'ennemi est au bout du chemin et ma lame ne demande qu'à visiter ses entrailles. J'arrive au sommet du cratère et le général m'envoie sur les pas d'Isatys, qui a repéré une chaotique dans une mine. J'entre dans la cavité, et l'atmosphère sulfurée y est encore plus irrespirable qu'à l'air libre. Je reconnais immédiatement la femme que nous sommes sensés interpeler, et n'en suis pas plus surpris que cela: depuis ma rencontre avec Salomé dans l'échoppe de mon frère, je la déteste cordialement. Ma rage de découvrir que Dono avait failli se laisser charmer par une catin d'Ananke m'empêche de me concentrer parfaitement, à moins que ce ne soit la puissance magique de la prêtresse du chaos qui soit en cause, toujours est-il que je ne parviens pas à lancer un sort convenablement, et quand je tente de l'attaquer, elle esquive mon coup avec aisance malgré les blessures que lui a déjà causé Isatys.

Malheureusement pour elle son répit sera court: Aleksendr arrive, sans se presser toutefois. Il agrippe sa lance à deux mains, et se lance à l'attaque. En quatre coups bien placés, il fait s'écrouler la femme sur le sol, baignant dans son sang. Krumpf, arrivé au même moment, demande un volontaire pour la transporter. Rageur et honteux de n'être pas parvenu à mettre à terre la femme, je décide de m'en charger. Je la soulève, puis la cale sur mon épaule, sans prendre garde à ce qu'elle ait la tête en bas ou non, comme un vulgaire sac de grain. Cependant je reste circonspect, il ne s'agit pas de la laisser reprendre ses esprits!

Ainsi encombré du corps inanimé, je retourne auprès du reste de la troupe réunie au bord du cratère, Aleksendr, Krumpf et Isatys sur mes talons.

A peine arrivés, le général jette un œil sur mon fardeau et dit froidement à Krumpf:

“Fais la tuer, pas de prisonniers sur ce siège Lieutenant.

Elle nous ralentirait plus qu'autre chose.”

Presque au même moment, la voix de Wardlord nous fait tourner la tête:

“Il y avait quelqu'un qui se tenait là tout près, il possédait une hache longue de Démon, mes amis on nous espionne!!!”

Le général regarde dans la direction indiquée par l'ex-répurgateur et gronde:

“Nous allons les faire sortir de leur trou. Soldats, préparez vous à faire mouvement!”

Je sentis un regain de vigueur à cette annonce: j'allai pouvoir effacer mon échec contre Salomé en cassant d'autres chaotiques. La peur que j'avais ressentie alors que nous étions cloitrés dans le poste de garde s'était évanouie totalement, et avoir un de ces nécromants sous la main m'aurait fait le plus grand bien. Mon regard se perdait dans la contemplation du paysage dévasté qu'était le cratère du Volcan: ça et là des volutes de fumée noire s'élevaient de quelque fissure, et le sol de basalte noir me faisait penser à l'épiderme d'un corps calciné… La température était anormalement élevée, et je me fis la réflexion qu'on aurait pu trouver meilleur endroit pour s'approcher de l'enfer et de la destruction…

Le général était parti en avant, nous ordonnant d'attendre un peu avant de le suivre, afin de surprendre les fournaisiens. La caporale paraissait nerveuse, et au bout d'un moment, elle dit à Krumpf:

“Je pense qu'il est temps de rejoindre le général, cela fait déjà trop longtemps qu'il est seul dans ce volcan.”

Alors nous partons, contournant crevasses et dégagements gazeux, et nous parvenons enfin devant la porte qui donne sur la cour intérieure de la Fournaise. Rapidement, chacun passe la porte. J'entre dans les derniers et en montant l'escalier, mon regard tombe sur un groupe de créatures misérables, les poignets enchaînés à un mur, qui paraissent aux limites de l'humanité. Sans leurs mâchoires s'agitant frénétiquement et leurs yeux vides d'expression mais fixés sur les miens, je les aurais pris pour des squelettes tant ils étaient maigres. Les ecchymoses et plaies purulentes qui couvraient leurs corps ne les rendaient que plus cadavérique encore. Comme un éclair douloureux, le souvenir de mon séjour en Foret me traversa l'esprit. Pas le temps de les aider immédiatement, mais je me fit la promesse d'y veiller une fois le lieu débarrassé de la présence des suppôts d'Ananke. Personne ne méritait d'être esclave, encore moins en ce lieu maudit.

En haut de l'escalier, nous débouchâmes sur la cour intérieure de la fournaise, et pûmes contempler l'architecture pour le moins horrible et sans la moindre logique des lieux. Nous pûmes la contempler car encore une fois, nulle trace de l'ennemi.

Les discussions commencent et, sous l'impulsion de Wodahs, un système pour surveiller les entrées du lieu afin de ne pas se laisser surprendre par les chaotiques est mis en place. Wardlord propose d'offrir la mort aux esclaves pour les libérer de leurs souffrances, mais le Lieutenant Krumpf est plutôt d'avis de les aider à rentrer chez eux après la bataille, idée que j'approuve, bien que dubitatif quand à leur capacité à retrouver une vie normale après leur traumatisme.

L'ambiance était tendue, chacun était sur ses gardes dans ce lieu sombre, à l'aspect tordu et discordant, mais calme… Si calme… Où étaient les fidèles d'Ananke?

C'est la question que chacun se posait. Pourtant mis à part les cliquetis d'armures du Fort, aucun bruit ne laissait présager d'une autre présence.

Mais une puissance ténébreuse était à l'œuvre, c'était certain.

Au moment où l'on commence de projeter d'aller détruire le temple d'Ananke, je tourne les yeux vers le Général dont la décision se faisait attendre. Aerox semblait en parfaite santé, mais… Mais son regard était changé, étrange. Derrière son lourd heaume de guerre il fixait chacun d'entre nous avec de grands yeux écarquillés. Il les ferma violemment, leva sa main ganté à la hauteur de ses paupières fermées et tenta de se gratter maladroitement les yeux malgré le handicap de son armure. Il les rouvrit, et dans ces yeux de nouveau grand ouverts, on put lire quelque chose ressemblant à de la malveillance. Les mots qu'il prononça le furent d'une voix faible: “Par Vénéra…”

Chose que je ne l'avais jamais vu faire, le général s'agenouilla. Il posa sa lance runique droite devant lui et appuya sa tête contre. Il priait Vénéra, sans aucun doute possible.

Après s'être relevé, il regarda ses gradés l'air un peu hagard et gronda:

“Ananke me joue des tours…Par Vénéra détruisez son temple sur le champ soldats ! C'est une question de survie!”

Il paraissait avoir le plus grand mal du monde à reconnaitre ses hommes. La situation était grave, mais nous n'avions pas encore eut le temps de réagir qu'un autre problème survînt.

Une ombre se dessina, celle-ci n'était pas vraiment décelable à l'œil nu, surtout que notre attention était plus tournée vers le général que vers les alentours.

Néanmoins les derniers évènements nous avaient rendus plus vigilants, et prêts à agir au moindre mouvement. Ce fut Gerwulf le plus prompt.

Sans réfléchir il prit sa lance et se dirigea droit vers l'ombre. Il attaqua presque au hasard en lui lançant :

“C'est toi la liche qui a tué nos camarades. Tu périras pour cela. Aux armes !”

Malheureusement ses coups ne firent que lacérer du vide, se perdant dans les mouvements perfides et incessants des tissus dont se vêtissait le nécromancien. L'insidieuse arcane ténébreuse de Sir Manse commença sur nous sa sombre danse, souffle maudit de sensations sinistres s'insinuant dans nos rangs et nous glaçant les sangs.

La Mort prit Dukew pour cible, mais la déflagration, provoquée par Leoctania juste à l'endroit où se trouvait Sir Manse l'instant précédent, envahit rapidement l'espace pour s'enrouler autour du soldat en une chaleur revigorante qui écarta le froid effrayant de la nécromancie.

En même temps, le chevalier Seishiro s'attaquait au seigneur liche, frappant d'estoc et de taille en des gestes précis qui parvinrent à blesser le mage de la Mort, tout comme les quatre flèches de l'archère Celyndra qui percèrent l'impie de part en part.

La gerbe de flamme de Leoctania tournoya autour de la silhouette noire, derrière laquelle une étrange déformation des ténèbres environnante se forma, prenant peu à peu la forme d'un vortex, un éphémère passage vers un lieu éloigné. Mais sous la rapidité et la puissance des coups qu'il avait subis, Manse s'écroula, et la porte dimensionnelle qu'il avait ouverte s'évanouit. Rapidement, Aleksendr s'approche et lève la main au dessus du corps (corps étant un bien grand mot, le nécromant étant apparemment constitué uniquement d'os, d'étoffe et de ténèbres… une forme noire vaporeuse flottait d'ailleurs au dessus du tas d'os, comme si son âme hésitait entre réintégrer sa demeure et fuir vers le royaume d'Horosis), qui est frappé par un éclair puissant. Le Caporal se baissa et prit sa couronne, qui nous servirait de trophée.

Tout cela avait été tellement rapide que je n'avais pu esquisser le moindre geste, je réparai mon erreur en me concentrant pour redonner de la force à mon camarade et au chevalier errant, qui tous deux avaient subi le toucher putréfiant de l'ombre maléfique.

Le Général semblait avoir recouvré ses esprits en se jetant dans la mêlée, mais quand le calme fut revenu et que seules les respirations, saccadées à cause de ce pseudo-combat, furent audibles, il réitéra l'ordre donné plus tôt:

“Détruisez le temple d'Ananke…”

Nous n'étions malheureusement pas au bout de nos peines, car à peine avions nous réalisé que nous venions de jeter à bas l'un des plus puissants adeptes de la magie nécromantique du continent, voilà que Hrot-gar sortit de nulle part et se mit à hurler en agitant frénétiquement sa hache dans les airs comme s'il ne pouvait s'empêcher de frapper.

“Au secours!! Ma hache est possédée! Je ne contrôle plus mes coups!!”

Alors que le sénéchal Brumois se précipitait pour immobiliser Hrot, mes yeux se portèrent vers un imposant démon, qui venait de faire son entrée dans la cour intérieur de la Fournaise. Alors qu'il lorgnait les soldats, je reconnus le sourire dément qui apparaissait sur son visage grotesque. C'était Bâane, celui que j'avais paralysé près de murailles de la Baie, quelques semaines auparavant. J'ignore si à ce moment les autres soldats l'avaient remarqué, mais lui en tout cas semblait avoir d'ores et déjà choisit sa cible… moi.

Son bras énorme se tendit vers son dos où il saisit une pique, puis il plongea sur moi. Le métal pénétra profondément dans mon pied droit, et je ne pus m'empêcher de pousser un hurlement de douleur et de rage. Déséquilibré lorsqu'il retira sa pique, je ne parvins pas à esquiver le coup qu'il me porta derrière le genou gauche et m'effondrai au sol.

J'entendis le grondement sauvage émanant de la poitrine du démon, juste avant que sa pique métallique s'enfonçait en moi en produisant un horrible gargouillis. Je sentis le fer se tordre dans mon abdomen et déchirer mes organes internes, et j'eus l'impression d'être totalement éviscéré lorsqu'elle jaillit de ma chair en même temps qu'un torrent de sang. Je sentis à peine le dernier coup, pourtant tout aussi puissant, qui s'enfonça dans mon épaule en m'éclatant la clavicule.

Gisant au sol, mon sang s'échappant, peu à peu remplacé par une haine sans limite, j'entendis à peine le démon saluer ironiquement mes camarades, et proférer des insanités à l'égard de la caporale.

Mon sang me fuyait… j'allais m'en vider complètement, j'allais mourir, c'était fini… je perdais ma force et mon liquide vital s'écoulait… qu'était donc cette chose qui bouillait en moi alors?

Douleur…

Vengeance…

Relève-toi… RELÈVE TOI!

J'y parvins. Je hurlais, j'ignore ce que je hurlais mais je m'adressai à Bâane. Il regretterait… On ne s'en prend pas à moi ainsi… La main que je tendis vers lui était rouge et visqueuse, tremblante de fureur. Ce n'était pas ma propre main. Plus rien n'était moi ici, il n'y avait plus d'armée, plus de soldat, plus de Will… il n'y avait que Bâane et la Haine. ON NE MUTILE PAS LA HAINE!!!

Les forces mentales se séparent et fusionnent, elles convergent et filent droit sur l'ennemi… l'ennemi est touché. Je suis victime de mon propre sort, mon cerveau s'engourdit et douleur et rage se voilent, s'atténuent, sont étouffées par la magie psychique.

Je retrouve ma rationalité, je retrouve ma volonté et ma nature même. Concentration intense. Fais abstraction de tes sentiments, abstraction de tes sensations, concentre-toi sur le but à atteindre.

Mon flux mental s'échappe et dévore l'espace entre moi et Bâane instantanément. Une onde de choc le frappe de plein fouet et mon esprit entoure son corps, l'entrave cruellement, le réduisant à une masse inerte.

Désormais le corps du rejeton d'Ananke était incapable de répondre à la volonté de son esprit.

Alors tout retomba, ma rage et ma force, ma volonté et mon corps enfin, qui ploya. Je sentis mon genou heurter le sol, et pour ne pas m'effondrer totalement, je me raccrochai à l'épée militaire que, par miracle, j'avais gardée en main.

Je crois que je réussis à demander des soins à mes compagnons, en tout cas je sentis bientôt des ondes de lumière me traverser et réparer sommairement les dégâts causés par le fer rouillé qui m'avait perforé.

Deux Brumois s'approchèrent du démon figé et commencèrent à le frapper de leurs lames, mais la peau de la créature semble assez résistante et Bâane reste debout, telle une statue hideuse.

Leoctania s'avança vers lui et lui dit, après m'avoir félicité:

“Même si tu es paralysé je suis sure que tu enrages. A ta place, je serais pareil. Se faire avoir comme un bleu, par le même homme, de la même façon, pour la deuxième fois…

Oui tu es ridicule si c'est ça que tu te demandes.”

Elle proposa ensuite au général d'achever d'abord le nécromant, afin qu'il ne puisse s'enfuir puis comme Hrot-gar gesticulait toujours, elle se dirigea vers lui pour prêter main forte à Wodahs dans sa tentative d'immobilisation.

Mais il ne semblait plus pouvoir lâcher sa hache. On pouvait voir la magie ténébreuse remonter doucement le long de ses bras… Il tremblait, s'agitait frénétiquement, furieux, possédé.

C'est alors qu'un cri de douleur se distingua du fons sonore de lutte. Le Général, qui s'était élancé vers Bâane pour l'empaler, semblait bloqué dans son geste et se saisit la tête entre ses mains gantées de fer. Les ténèbres allaient s'emparer de notre chef aussi…

Lorsqu'il écarta les mains, son regard rouge était dirigé vers Leoctania et Wodahs. Visiblement le fait de voir sa caporale et le chevalier s'en prendre à Hrot-gar l'énervait et nous le vîmes avec horreur tenter de protéger le lancier possédé en s'attaquant à Leoctania et au sénéchal.

Immédiatement après son attaque, le visage du Général se déforma, horrifié. Il recula en titubant et retomba à genoux, essayant pour la seconde fois d'appeler la déesse de Lumière à son aide.

Leoctania, qui essayait d'immobiliser Hrot à terre et lui enlever sa hache, n'avait pu esquiver la pointe du général, elle ne pensait sans doute pas devoir s'en préoccuper.

Le coup l'avait laissée avec une belle estafilade et une belle frayeur.

Elle regarda Aerox avec effroi, puis Hrot Gar, avec la même expression se demandant sans doute comme nous tous à quoi tout cela rimait. Son regard se posa sur la hache possédée et elle sembla se rendre compte de quelque chose que moi-même n'avais pas remarqué jusqu'à ce qu'elle le dise.

“La hache de Kosh !?”

Puis alors qu'elle tourne la tête vers le général, elle désigne la tête du même Kosh, dont le général s'était emparé plus tôt.

“ La tête du démon est maudite !!

Arrachez lui cette tête, c'est un ordre !!

Et achevez moi ce nécro !”

Gerwulf, qui était en train de retirer les armes du cadavre de Manse, réagit immédiatement et après avoir demandé de l'aide pour reprendre la tête de Kosh au Général, il fondit sur ce dernier. Irostratus envoya rapidement deux boules d'énergie céleste détruire ce qui restait de Manse et expédier son âme ad patres, après quoi il s'élança lui aussi vers le général. Wardlord abandonna lui aussi la tâche à laquelle il s'attelait (mettre à terre bâane en lui décochant des carreaux) pour aller tenir l'autre bras de Hrot-gar pendant que Leoctania tentait de lui retirer la hache.

Au moment où j'allais moi-même sur eux, je vis une ombre apparaître tout comme Manse l'avait fait précédemment, et ma Caporale s'écrouler a terre, vomir son sang, frappée par les ténèbres et la nécromancie de Merzbow. J'incantai alors de toutes mes forces pour la soigner, mais mes sorts se révélèrent inutiles: elle était déjà morte. Le nécromant traçait un pentacle d'ombre qui recouvrit le corps de la lancière.

Un raclement sinistre annonça alors l'arrivée d'un nouveau protagoniste sur ce qui devenait peu à peu un champ de bataille. Il s'agissait d'Injall, le chaotique cannibale, général des troupes d'Ananke, qui trainait derrière lui une lourde masse d'ébène, hérissée de pointes acérées. J'eus à peine le temps de me demander si je devais l'attaquer lui ou Merzbow qui venait de tuer ma supérieure, que la grande masse du chaos s'envola vers moi avec un sifflement grave. Je ne perdis pas connaissance au premier coup, je parvins même à rester debout, mais je sentis mes os se briser alors qu'il frappait de nouveau. Les pointes déchiraient ma chair, je fus projeté au sol dans des éclaboussures pourpres. Pire encore que la pointe de Bâane, la masse d'Injall m'avait détruit, me faisant oublier parfaitement ce qui m'entourait. J'étais incapable de me relever cette fois ci, et alors que le véritable combat débutait, que résonnaient dans ma tête les échos de cris de guerre des soldats, d'armes entrechoquées et de corps meurtris, je me sentis arraché à moi même, lentement d'abord, et enfin je sentis le tranchant d'une hache trancher ce qui restait de mon corps, et le mince fil qui y rattachait encore mon âme. Ce fut le noir complet, je ne me souviens de rien au-delà.

J'étais mort.

Kaïn

Au moment où Will ferma lentement ses yeux, étalé de tout son long sur le sol, la bataille continuait et les autres soldats tentaient tant bien que mal de résister aux charges conjugués des guerriers du chaos et des nécromants. Parmi eux Gerwulf était au cœur du combat et de l’action.

Malgré ma volonté et ma concentration, je ne pus m’empêcher de détourner mon regard de nos ennemis et de voir Dukew et Leoctania gésir au sol tel des pantins désarticulés. J’avais réussit jusqu’à maintenant à maintenir un bon état de forme, et à éviter d’être prit pour cible par les nécromanciens. Le hasard avait conduit à ce que je reste debout, je me devais donc de continuer et de réussir ce pour quoi mes camarades avait péris. Ce n’était pas la première fois que je venais à la fournaise ni que je me battais contre eux. Un lourd passé trainait derrière moi et je n’avais pas encore totalement coupé les chaînes qui me liaient à ma part de ténèbres.

Merzbow était apparu sans que personne ne puisse le remarquer, il avait envoyé la caporale Leoctania dans l’au delà avec une efficacité et une célérité redoutable. Tout comme je fus le premier à attaquer Manse, je me lançais sur Merzbow ne suivant que mon instinct pour le distinguer parmi les ombres. Quatre coups de lance l’atteignirent, sans qu’il ne puisse esquiver ou riposter. Mais alors que j’attendais une réaction du nécromant, ce dernier disparut dans un halo ténébreux, ce qui m’exaspéra car je voulais en découdre avec Merzbow à tout prix.

« Tu ne paie rien pour attendre. »

Se dit le soldat intérieurement tout en nettoyant sa lance machinalement avant de porter son regards sur les cibles restantes, Injall et Eltarion.

Pendant que j’étais aux prises avec Merzbow, je ne remarquai même pas que la masse d’Injall avait fait des dégâts dans les rangs. Will avait succombé.

Mais les soldats avait le comte du chaos à l’œil, en effet Krumpf s’empressa de mettre fin à l’assaut ravageur du guerrier du chaos et le blessa profondément de sa hache.

« Achevez-moi cet être, et TOUT DE SUITE !! »

Cria le lieutenant aux autres soldats. Irosratus s’y employa sans broncher, et lanca deux éclairs fulgurants sur Injall qui ne put faire autre chose que de se les prendre de plein fouet.

Le guerrier du chaos ne tenait désormais debout que grâce à un instinct de survie très intense et probablement lié à sa folie meurtrière. Voyant cela le chevalier Wodahs et profita pour achever Injall qui s’effondra dans une mare de sang.

Désormais une seule cible restait debout : Eltarion. Le prince du chaos avait envoyé Dukew au royaume des morts, et s’appétait à continuer sa funeste besogne. C’est alors que le caporal Aleksendr fit une entrée en scène digne des héros du fort. Il leva sa lance dans les airs et invoqua la magie du ciel pour foudroyer son vis-à-vis. Les attaques magiques conjuguées à la fureur du lancier avaient redonné le moral aux soldats qui voyaient en cette arrivée, une fin probable des combats. Mais même si se sentiment m’effleura l’esprit, je n’en demeurai pas moins concentré, bien que touché moralement par la violence du combat.

Cette accalmie fut de courte durée, car des bruits de pas se firent vite entendre. La désorganisation apparente des attaques chaotiques réussirent à m’arracher un sourire. Ils venaient un à un se lancer à l’attaque au lieu de conjuguer leurs forces, je voyais en cela les prémices du désespoir ou de la folie, mais peut importe la seule chose que j’avais à faire s’était me battre.

Les bruits de pas de révélèrent être ceux de Karataï, lui aussi guerrier du chaos. Ce dernier lâcha :

« Pour Ananke!! »

Avant de dégainer son épée dans un bruit morbide. Mais il se contenta de soigner certains de ses alliés.

Alvarold Virden profita de cet instant de flottement pour se ruer sur Eltarion, mais la maîtrise martiale entre les deux adversaires était déséquilibrée, et le brumois ne fit que blesser légèrement le prince chaotique. Au même moment un autre ombre inconnue, s’approcha de Warlord et tenta d’utiliser la magie ténébreuse, mais il échoua ! L’ancien répurgateur avait visiblement des antécédents dans ce domaine ce qui ne m’étonna pas. L’ombre en question s’avéra être Démonix, lui aussi nécromancien de la fournaise.

Après Alvarold se fut au tour de Krumpf, de se lancer sur Eltarion, l’expérience du vétéran du fort fit la différence et le chaotique mit un genou au sol. Après cela, Krumpf exhorta les soldats à l’achever, et Aerox fit de même. Ce dernier bien que grandement troublé par l’emprise du dieu maudit, avait quelques instants de lucidité qui lui permettait de lancer des ordres à ses soldats et de glisser quelques attaques dans la foulée.

Wardlord ne se fit pas prier et acheva les derniers chaotiques assommée grâce à sa magie.

Était-ce là la fin du combat ? Seul Karataï était désormais présent… Je dus vite oublier cette idée lorsque je vie un nouveau démon apparaître. Kraane, je ne l’avais jamais vu auparavant, mais il avait l’air redoutable. Le démon ne manqua pas aux bonnes habitudes et assomma directement un soldat lorsqu’il arriva, il maniait l’épée de façon si précise que je ressentis des frissons à l’idée de me retrouver face à lui. Le soldat assommé n’était d’autre que Krumpf, qui avait déjà subit plusieurs assauts auparavant et qui n’avait visiblement pas entièrement récupéré.

“ QUI VEUT ÊTRE LE PROCHAIN SUR MA LISTE… ”

S’écria le démon les yeux injectés de sang.

Si nous n’avions pas été supérieur en nombre, la peur aurait peut être finit par m’atteindre, car ce démon était une machine de guerre qui semblait d’une efficacité redoutable. Mais je restais concentré réfléchissant à qui serait ma prochaine cible.

Le cauchemar était loin d’être finit, un nouvel arrivant, Yarn, fit son entrée, il semblait être un nécromant. La situation devenait critique, parmi les soldats seul moi Aerox, Irostratus, Aleksendr, Celyndra et Hrot-Gar étaient debout. Heureusement, nombre de nos alliés étaient toujours présents, ce qui laissait présager un final qui tournerait en notre faveur.

Un duel se lança entre Alvarold et Yarn et ils s’échangèrent des coups avec violence, l’un utilisant son épée et l’autre la magie ténébreuse.

La priorité était de mettre au sol ce démon avant qu’il ne fasse d’autres ravages dans nos rangs. Le caporal Aleksendr le compris rapidement et usa encore une fois de sa magie pour mettre à mal le suppôt d’Ananke. Cela se révéla être judicieux car il fut touché par la foudre, sans pouvoir esquisser le moindre signe d’opposition. Le caporal dit alors :

« Dis-moi ton nom, que je sache qui j'exécuterai d'ici peu… »

Irostratus ne laissa pas le temps au démon de répondre et imita Aleksendr en envoyant des sorts de foudre sur le démon qui commençait à montrer certains signes de faiblesse du fait de ses blessures. L’intensité du combat était à son apogée si bien que je ne remarquai que difficilement qu’une guerrière du chaos avait fait son entrée : Morata Kemmler. Celle-ci étant inconnue au bataillon, je préfère l’ignorer et me concentrer sur les agissements du démon.

Bien que visiblement agacé du flux perpétuel d’ennemis s’engouffrant dans la pièce, les membres de l’alliance du sud n’en demeuraient pas moins affutés à l’idée d’en découdre une fois pour toute avec ces créatures abjectes. Seishiro ne se fit pas prier pour se lancer à l’assaut de Kraane, et de sa lame il pourfendit le démon qui était au bord de l’évanouissement. Des cris à vous glacer le sang se faisaient régulièrement entendre la pièce, ce qui contribuait à rendre l’ambiance morbide, d’autant plus que des nécromantiens pouvaient surgir à tout moment de l’ombre pour vous ôter la vie.

Dans un dernier sursaut de rage, Kraane trouva la force de se lever et de se diriger vers celui qui était le plus mal en point d’entre nous : Alvarold Virden. Il lui assena plusieurs coups d’épée et le brumois tomba lourdement sur le sol, laissant Yarn, son vis-à-vis, sans adversaire direct. Voyant cela, et malgré sa fatigue Iro lança un ultime sort qui fit faillir le démon… ce n’était pas sans mal que nous avions réussit à faire tomber cet adversaire.

« Allez, on y est presque !! »

Lança Aleksendr qui avait prit le commandement des soldats restant. Aerox, étant encore en train de lutter pour se défaire de sa malédiction. L’espoir ne m’avait jamais vraiment quitté mais de voir Kraane au sol me remonta le moral.

Pendant que nous étions aux prises avec le démon, Celyndra et Wardlord étaient eux aussi en plein combat. Le fruit de leur effort fut payant et l’ancien répurgateur fit disparaître les corps de Karataï et de Kraane avant de dire :

« Tuez, cette femme chaotique et cet apprenti nécromant avant qu'ils ne puissent mettre sur pied une quelconque machination… »

En effet, il ne restait plus que Moreta Kemmler et Yarn debout. Tout semblait rentrer dans l’ordre au moment ou je réussis avec l’aide d’autres soldats, à jeter la tête de Kosh au loin, pour mettre fin à la possession du général. De son côté Hrot-Gar avait réussit à se défaire de l’aura ténébreuse qui avait prit le contrôle de son bras.

Aerox avait repris connaissance et commençait à remobiliser ses troupes. Après avoir donné quelques ordres il jeta un regard sévère vers Moreta et Yarn, les pertes avaient été nombreuse, il fallait mettre un terme à cette bataille.

Le combat avait totalement cessé pour laisser place à des observations et des dialogues. Le moine Wakim suppliant l’armée de faire demi-tour sans achever les derniers ennemis qui semblaient être condamnés à une mort douloureuse. C’est à ce moment que le druide Thor suivit par le prêtre de Kaïn Erwin Tirmey arrivèrent sur le champ de bataille. Ils attaquèrent les deux cibles restantes, sans véritablement sentir une farouche opposition de la part de Moreta et Yarn. Erwin eu cependant du mal à toucher Moreta qui semblait avoir une force supérieure à lui.

Les deux dernières cibles ne firent cependant pas long feux grâces aux attaques de Celyndra et de Thor. J’exécutai moi-même Moreta d’un coup de lance.

Nous avions éliminé tous nos ennemis, ou tout du moins tout ceux qui avaient eu le courage de faire face à nous. Car il restait des nécromants, ombres impalpables et meurtrières. Et, au moment même ou cette pensée me traversa l’esprit, je vis le général s’effondrer devant les yeux effarés des gens présents. J’eus à peine le temps de distinguer son meurtrier : Merzbow. Ce dernier avait fuit lâchement.

Que dire sur la suite des évènements… ne voyant aucune issue dans cette bataille sans fin contre les nécromants, Aleksendr ordonna le retrait des troupes, ou tout du moins des survivants. Une course vers la sortie de la fournaise s’opéra alors. J’eu juste le temps de maudire une fois de plus le dieu maudit de la fournaise et de planter une épée militaire dans le corps de Kosh, qu’il fallait déjà se mettre en route. Ralentis par nos blessures, nous sortîmes difficilement des entrailles de la fournaise pour nous retrouver au monastère. L’on apprit plus tard que Hrot-Gar fut exécuté par un nécromancien pendant qu’il se repliait, et au final nous ne fûmes plus que trois survivants du fort.

Plus qu’une victoire, cette excursion marquait la fin de la menace grandissante qu’était le volcan, nous les avions vaincus au sein même de leur repaire. Certes, les pertes avaient été sévères mais l’honneur du fort était sauf. C’est la sensation que je ressentis en premier en revenant au fort, les armes de nos ennemis en main, et aussi le souvenir d’une bataille désormais marquée au fer rouge dans nos esprits…

Kaïn

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