Le Masque d'Hécate

Par Sysyphe

Masque d'Hécate

Sysyphe était plein d'appréhension.

Cela faisait si longtemps que le châtiment d'Osgoroth pesait sur sa solitude. Sa patrie, n'était plus qu'un vague souvenir, il ne savait même pas ce qu'étaient devenus ses compagnons d'enfances. En avait-il jamais eu ?
La seule chose qui lui avait permise de revenir en sécurité chez lui, fut ce statut d'ambassadeur de la Tour, arrivé de nulle part, par la nécessité de défendre un des derniers bastions du chaos contre l'oppression du Fort et de ses alliés.

Après avoir traversé la forêt, berceau de son peuple, il eut du mal à franchir les derniers kilomètres, tant il dut refouler de lointains et déchirants souvenirs, qu'il croyait enterrés.

Un elfe noir ne devait pas se laisser aller à la mélancolie.
Pour oublier son humeur présente Sysyphe partit chasser, il lui fallait retrouver son sang froid, et redevenir un prédateur, avant de se présenter à Osgoroth et à Hécate.

Dans l'ordre naturel les Elfes Noirs sont au sommet de la chaîne alimentaire, dans sa rage il lui fallait réaffirmer cet état de fait ou sa survie n'aurait plus aucune importance.

Retournant dans les sous-bois dont il appréciait les nombreuses possibilités offertes par la végétation, tant pour surprendre une proie que pour l'observer en toute impunité, il se souvenait que jeune il aimait traquer les animaux les plus alertes, et bien qu'échouant la plupart du temps, il arrivait parfois qu'il puisse violer leur intimité en toute impunité. Là il essayait de garder le contact le plus longtemps possible, ne faisant qu'un avec les sous-bois, et s'il gardait l'avantage, il bondissait sur sa proie et mimait la mise à mort puis la laisser le plus souvent partir.
La fraîcheur du soir et l'humus exaltaient ses sens, aimant sa douce pénombre, qui le préservait du redoutable soleil, qui le rendait nonchalant, et repérable.
C'est en se rappelant ces souvenirs, qu'il croisa un arbre où la plupart des branches basses avaient été arrachées. Il caressa son écorce et vu que quatre larges plaies l'avaient blessé en son sein. Un ours était venu pour marquer son territoire.

L'un d'eux était de trop.

Sysyphe coupa alors une belle branche et en fit un épieu, qu'il consolida avec un feu de feuilles et branches mortes. Il repéra le terrain et trouva une clairière où aurait lieu l'affrontement. Ici la mort prendrait son du.
Il alla plein vent vers l'animal, puis attendit que celui-ci s'aperçoive de sa présence, leurs regards se croisèrent assez vite, en cet instant magique tout deux se jaugèrent et comprirent qu'ils n'étaient que les acteurs d'une pièce déjà écrite. Il leur fallait jouer leur partition et ne pas faiblir.
Sysyphe tira un carreau d'arbalète sur l'animal. Celui-ci perdit son contrôle et se mit à courir.
Il ne cessait jamais d'être surpris par la rapidité de cet imposant animal, et lui échappa que par sa connaissance du terrain. Il tacha de ne pas se laisser distraire par la peur qui l'étreignait, et il se sentait plus vivant que jamais.
Se jetant sur son épieu il se mit debout attendant la charge de l'ours, et lorsque celui-ci se leva pour frapper, d'un mouvement vif Sysyphe mit le genou à terre et cala l'épieu dans une pierre.
Lorsque l'ours s'abaissa à sa hauteur son propre poids l'empala sur l'épieu.
Dans son agonie les deux prédateurs s'observèrent comme pour se raconter l'histoire de leur vie, comme deux vieux amis qui ne s'étaient pas revus depuis longtemps se racontant le récit de leur jeunesse où il guerroyait à tout va.

Puis Sysyphe s'en fut.

Arrivé près de l'Arbre, au sein du marais, par un soir sans lune, l'eau se mit à bouillonner.
Une imposante statue de marbre noire représentant Hécate, sombre déesse de la nuit jaillit de l'eau marécageuse.
Elle ressemblait à une femme d'une beauté sans égale, aux traits tellement fins qu'on put croire qu'il s'agissait d'un être vivant. Ses deux mains étaient jointe comme si elle portait une coupe, et désirait s'abreuver, et Sysyphe fut étonné de ne pas la voir bouger.

Sysyphe n'était pas vraiment habitué au surnaturel. Pour lui, Hécate était plus une façon de vivre qui s'était imposée à lui par nécessité, mais il était loin de se faire à l'idée que ce ne fut pas qu'une philosophie, mais bien une personne, qui plus est, sa Déesse.

Hécate désirait quelque chose, mais Sysyphe n'ayant jamais participé à un rituel, ne connaissant rien à la symbolique de son peuple, il dut s'asseoir et rationaliser ses pensés pour interpréter cette apparition.

Certes il y avait l'attaque du Fort, qui, si de prime abord pouvait sembler être une lourde menace pour l'Arbre, Sysyphe sut fort bien que le Fort prenait un gros risque, exposant ses flancs à l'ennemi, pour tenter en vain de s'en prendre à ses frères, qui ne devaient tenir que suffisamment de temps pour permettre à ses alliés de harceler ses maigres troupes laissées au Fort. De plus les actions résolument offensives du Fort, favorisaient le rapprochement des différentes factions chaotiques, ce qui fut un point plutôt favorable.

Après mûre réflexion, Sysyphe comprit que sa Déesse désirait un champion. Sur quels critères elle le choisirait, seuls les préceptes qui régissaient sa vie pouvaient lui montrer le chemin.
Ne sachant pas exactement quoi, Sysyphe décida de prendre une initiative pour l'honorer selon ses principes. Le sang de nos ennemis allait couler à flots, donc elle désirait autre chose, frustré de tourner en rond dans sa tête Sysyphe se résolut à tenter quelque chose, il devait agir…
Ayant besoin de certains éléments indispensables, il tacha de ne pas croiser Osgoroth, et s'infiltra dans la grotte, sachant bien qu'il serait plus qu'improbable qu'on le laisse s'occuper d'Hécate, tant sa position fut des plus précaires avec ses frères.
Sysyphe partit en quête d'une coupe en argent noircie, l'argent symbolisant le reflet de la lune sur l'eau, et l'oxydation pour la douce lumière de l'obscurité.

Son idée fut de faire un offrande à sa Déesse dans le mince espoir qu'elle l'éclaira sur ses désirs.
Ne rien faire était la certitude de ne pas échouer, mais tel ne fut pas son tempérament.

Pour accomplir ce sacrifice, il fallait trouver une proie symbolique, selon des critères empiriques.
Il n'est pas subtil de massacrer les ennemis d'Hécate, juste pour lui montrer son dévouement, il fallait se montrer rusé et non affronter sa proie de face, car c'était adorer quelqu'un d'autre qu'Hécate.

Tant sa présence fut malvenue partout il alla, il vécu seul, et trouva refuge dans la forêt, qu'il connaissait et chérissait. Il avait pour habitude de voler ou de commercer avec des villages reculés ; îlots d'humanité dans un océan d'arbres et de vie sauvage.
Il les savait replié sur eux-mêmes, inaptes, et fortement handicapés par des mariages consanguins, isolés tant géographiquement que sous le fardeau de la superstition, où la forêt s'érigeait en une barrière infranchissable, empreinte d'une peur viscérale.

Afin de respecter le premier principe d'Hécate, où toute créature inapte à la survie devait être éliminée, sa préférence alla à un enfant abâtardie par des relations consanguines, pétri d'innocence, pur, et inapte à survivre.

Un prédateur n'étant en rien sadique, et il ne devait frapper que sa proie. Il ne commettrait donc pas de carnage. Le prédateur ultime c'est celui qui peut frapper sa proie sans que celle-ci ne sache jamais qui l'a frappé, un prédateur n'est pas forcément puissant, mais rusé, dès lors il évite le combat lorsque cela est possible.

Il partit donc à la recherche d'un de ces nombreux villages de paysans, qui luttaient quotidiennement contre la forêt, reliés au monde extérieur par de rares sentiers, et croupissant dans leur ignorance et leur superstition, cultivant la maigre terre qu'ils arrachaient à la forêt. Il savait que cet enfant inapte à vivre, rejeté par la communauté, n'était qu'un fardeau pour elle.

- N'épargnes jamais la vie d'un être trop faible pour se défendre seul.

Mais sachant leur phobie de la douce nuit, il sut qu'il n'aurait aucune difficulté à attraper sa proie. Certes un bon prédateur sait optimiser ses chances, mais il se devait de lui laisser sa chance, et le soumettre à la loi naturelle.

Il se dévêtit pendant la nuit, ne gardant que son arbalète de poing et la dague de sacrifice. Puis au niveau d'un abreuvoir pour s'imprégner de l'odeur des animaux et se rendre invisible à leur odorat, il se recouvrit de boue. Le tout serait agrémenter d'un peu de paille et de foin. Certes ce camouflage fut d'un rare inconfort, mais sa volonté devait être la plus forte.
Ce village de masures, avec ses toits de chaume et boue, avait de sombres ruelles boueuses, rarement nettoyées, tellement le travail harassant des paysans leur rendait cette tâche impossible. L'hygiène et l'urbanisme étaient bien leur dernière priorité. Parfois le désir le prenait de faire un carnage, mais à quoi bon, malgré leurs défauts, et son dégoût ils avaient su perdurer.
Il attendit donc, patiemment allongé sur un toit, immobile, connaissant chaque ruelle, la venue du jour. Il voyait ces loques s'affairer sans savoir qu'un prédateur les observait en toute impunité. Grand fut son plaisir.

C'est là qu'il vit cette misérable créature, issue des entrailles d'autres non moins misérables. Un être au visage difforme par sa langue pendante d'où un flot de bave coulait en permanence. Quasiment nu il jappait dans le village et courait en tout sens, personne ne faisait plus vraiment attention à lui. Pourtant il devait se sentir bien seul pour trouver un peu de réconfort avec les quelques animaux vivant ça et là.

Pour laisser une chance à l'enfant et montrer ses capacités à la déesse, il devait laisser au village la possibilité de pouvoir sauver l'enfant. Le but était que la proie et le prédateur se mesurent l'un et l'autre. Il rampa vers une masure, où un être ayant un certain ascendant sur le groupe, vociférait à qui veut bien l'entendre que la nuit est maléfique, et que seule la lumière de Vénéra, pouvait les sauver d'Ananké. Certes l'humain n'était pas à l'aise la nuit, mais cet être méprisable profitait de la crédulité des siens pour vivre comme un prince au royaume des gueux. Lui aussi était un poids mort pour le groupe et un lâche:

“Tue tous ceux qui s'opposent ouvertement à la nuit.”

Il savait que sa mort le ravirait contrairement à celle de l'enfant, et qu'elle causerait les troubles suffisants pour que le chaos engendré en plein jour lui rende la tâche très difficile. Là il se prit à remettre en doute son désir de sacrifier l'enfant. Mais il lui fallait être impitoyable, un prédateur ne regrette rien d'autre que sa propre mort.

Le “moine” improvisé de Vénéra trônait sur un monticule de boue et d'excréments et se délectait à la vue des siens qui se tuaient à la tâche.
“Impies vous êtes, Vénéra vous observe, vous devez saigner pour purifier cette terre sauvage, et la rendre à la lumière, oh Vénéra! Arrgh”, un carreau termina sa phrase.
Il s'effondra. Sysyphe dut lutter contre son désir bestiale de rugir de plaisir à la vue de ce déchet retourné sur son tas d'ordures.
Au village tout ce sut en quelques minutes. Certains pleuraient, d'autres hurlaient leur colère. Il attendit que certains partent à sa recherche pour que la partie commence vraiment. Malheureusement jamais ils ne levèrent la tête, l'enfant s'était caché dans la remise, un seul coup dans les côtes flottantes et il s'effondra sans un soupir.

Il n'avait pas souffert, Sysyphe avait atteint son but. Il commença à lui arracher le coeur, quand il perçut un toussotement dans un coin de la pièce. Instinctivement il lâcha un carreau, ce qui fit déguerpir un autre enfant. Il devait l'appréhender au plus vite pour qu'il n'alerte pas les autres.
Il lui dit “arrête-toi” en humain, et contre toute logique c'est ce qu'il fit. Il laissa approcher la mort…

Il lisait dans les yeux de cet enfant une certaine intelligence, une grande maturité, il préférait affronter la mort que de lui tourner le dos.
Surpris, l'Elfe Noir retint son coup, dans son désir d'en finir, il avait bâclé l'attaque, car il avait omis de vérifier que la pièce fut vide. Pourquoi cet enfant devrait payer son erreur, ne serait ce pas là la nier. Sans plus réfléchir il lui dit “pars”. C'est ce qu'il fit, il ne comprit jamais pourquoi l'enfant ne donna pas l'alerte, mais en faisant cela il lui permit néanmoins de réussir son sacrifice.

De retour à la statue:

Sysyphe était contrarié, il savait qu'il avait été dans son désir de plaire à Hécate, présomptueux. Poussé par l'enthousiasme, il avait oublié une règle fondamentale pour un prédateur, on ne doit sans contrainte entreprendre que ce qui est quasi certain de réussir. Néanmoins il savait que Hécate l'observait, et c'est dans l'épreuve que se révèle la quintessence de l'être. Il pensa aux loups, qui échouent dans la majeure partie de leurs tentatives, mais finissent toujours par obtenir l'essentiel.

Pourtant Sysyphe brûlait d'être reconnu, car seul, banni depuis trop longtemps, il voulait trop et devait cesser de penser à la possibilité de devenir l'Élu, mais plutôt de servir Hécate.
Car elle attendait et nul doute, que Sysyphe fut insignifiant pour elle. Alors, lui promulguer son besoin refoulé de reconnaissance, était honteux et stupide.

Sysyphe était à un tournant de son existence et il devait en faire abstraction. Comment gérer cela ? Il devait être prêt à tout perdre pour montrer à sa Déesse ce qui importait vraiment pour elle, et non lui.
Prenant le cœur dans sa main, il le mit dans la coupe, sans trop y croire, et le plaça entre les mains de la statue.

Il prit la dague de sacrifice et se fit une douloureuse blessure, puis essaya de faire le vide dans sa tête, pour se concentrer uniquement sur la douleur. Faire abstraction de tout, ne pas hésiter, là est la quintessence d'un être dévoué à sa Déesse. Faire ce qu'il faut sans les louanges, sans désir de trop faire, juste faire.

Combien de temps s'est écoulé pendant cette méditation, est-ce qu'Hécate se soucie des secondes ?

Sysyphe fit le vide dans sa tête, mais il devait payer ses présomptueuses aspirations. Le rituel devait changer, il le savait, il se dénuda, et ne garda que l'essentiel : lui.
Un prédateur ne se mesure pas à ses armes mais à la façon dont il s'en sert.

Il commença sans l'ombre d'un doute le rituel de remise en question où Hécate le jugera apte à la survie ou indigne:

“Hécate usstan belabau ussta na'el wund dossta rahi, zithrelar ph' ustannen zhah vel'uss ph' uyl'udith gareth ulu dro'xun, jhal l' z'ress doer de' l' draevalus, lueth ussta vith de' dos roth zhah xuileb xusst. Usstan dos belbau l' dro de' nindel fol rothen ulu xuxun lueth l'usst.

Gobsul ulu dos de'U myrth ox zhal ussta k'lar: iz' dosst illithor, xor iz'rothen.

Dos tlu' jal a ussa, gaer zhal U z'ress, gaer zhal U yibinnen.

Dos zhaun veluss' usstan tlu', lueth dosst laoles U dos'plynn a us'kyorl de'en rothen, de'en rothen, dos U kyorl, usstan xun naut rath.
Usstan xun nindel vel'uss zhal tlu xun.
Wund dos rehi ukt ragar l' xukuth de'natha vassnti, roth ulu dro'xun, vel'bolen a dost myrthe, usstan inbal l' us'bwael de' elgg.

Wund usstaen rahi, usstan elgg a alur tlu, xor vashned.”

Traduction:

“Hécate je remets mon immortalité entre tes mains, nombreux sont ceux qui sont plus aptes à survivre, mais la force vient de l'expérience, et mon désir de te servir est sans faille, je te donne la vie de cet être inapte à survivre et la mienne, libre à toi de me dire où est ma place: comme ton serviteur, ou comme inapte.
Tu es tout ce qui me reste et tout ce qui importe, là est ma force, là est ma faiblesse.

Tu sais qui je suis, et t'implorer me mettrait au rang des proies, des inaptes. Tu m'observes, je ne te ferais point honte.

Alors je fais ce qui doit être fait.

Entre tes mains gît le coeur d'un innocent, inapte à vivre, que par ta voix, j'ai eu la bonté d'effacer. Entre mes mains, je meurs pour mieux disparaître ou renaître selon ton bon vouloir.”

Fin de la traduction.

Sysyphe se laissa tomber sur la dague devant la statue de sa Déesse et mourut.

Quand il se réveilla, il pensait avoir rêver, mais à voir le sang sur le sol, il comprit que sa Déesse lui avait laissé la vie. Malheureusement dans un songe où elle pleurait des larmes de sangs elle lui avait fait comprendre, qu'elle avait besoin de lui.

Sysyphe était malheureusement contraint de se présenter à Osgoroth pour ne pas à avoir à s'expliquer devant le conseil noir. Ce n'était pas pour Hécate qu'il était venu.
Pourtant on avait pris quelque chose à sa Déesse et il devait la retrouver.

Il se présenta devant cet être, dépositaire de l'histoire d'un millénaire, prédateur ultime et impitoyable: Osgoroth.

Son accueil pour un Elfe Noir fut des plus chaleureux, ce qui ne manqua pas de le déstabiliser. Il s'amusait de sa réaction. Il lui répondit maladroitement:

“Seigneur, je prends conscience par vos paroles, que l'exil auquel vous m'avez contraint fut plus motivé par votre désir de me voir faire mes preuves que par celui de me savoir loin de l'Arbre. Seule Hécate guide mes pas depuis le début, et si je sers Bargul jamais il ne la supplantera.
J'ai passé plus de 163 ans seul dans un monde hostile, et grâce à vos paroles réconfortantes je me rends compte que votre décision est à l'origine de ma force. Je vous en remercie.

Gloire à Hécate.
Merci Seigneur.“

Prenant congé, il alla compulser les livres de la bibliothèques pour comprendre et analyser le songe que lui fit parvenir sa Déesse.
Il lut que l'objet qui symbolisait Hécate et ses prêtres était un masque de velours noir, puis il apprit que le masque fut dérobé pendant les guerres elfiques il y a de ça bien longtemps. Déçu d'en apprendre si peu il fut interrompu par un regain d'activités au sein de la grotte. Zaël s'adressa à l'assemblée :

“Voici le châtiment pour le vol commis, je garde 2 de tes armes comme amende. Pars maintenant et ne remet plus les pieds en ce lieu…”

Le Sorcier lance un regard Noir à Dalzhel.
Ses mains commencent à luire, par 2 fois une pluie de feu s'abat sur lui, le laissant inconscient.
Puis il vint vers Sysyphe, et lui sourit. Il prit le livre de ses mains et le parcourut.
“Intéressant ce livre n'est-ce pas, j'espère que tu as bien profité de ma Bibliothèque.”

Il se retourna et en partant ajouta “Pour avoir lu mes livres sans me demander ma permission, tu méditeras quelque temps devant la bibliothèque”.
Il laissa Sysyphe pétrifié pendant une semaine. Ce dernier put à loisir méditer sur sa stupidité et son inconscience. Pétris de courbatures, il alla ensuite voir Osgoroth qui le surprit encore car il semblait l'attendre.

“Seigneur, je viens vous apprendre une triste nouvelle, notre Déesse la toute puissante Hécate m'a confié une mission. Elle a pleuré devant moi. Mon rituel de renonciation était dans le but de savoir si elle avait besoin de moi et si j'étais digne de survivre, mais la réponse positive à cette dernière requête ne me transporte pas de joie. Car Hécate souffre. Il me faut votre avis, bien que ma préférence est acquise au besoin impérieux de secourir ma Déesse : dois-je rester pour soutenir l'assaut du Fort où partir sur le champ pour trouver le visage de la nuit qu'Hécate n'a plus?
Sur ce je vous conseil de ne point divulgué la raison de la présence d'Hécate sous la forme de la statue, car ses ennemis impies pourraient en profiter pour nous la ravir.
Pourriez-vous aussi me préciser qui protégeait ce masque de velours noir. Avez-vous quelque indice quand aux mécréants qui l'ont dérobé, et puis-je au pire en créer un autre pour notre Déesse ?
J'attends avec impatience vos ordres pour savoir quoi faire. Gloire à Hécate.”

Osgoroth lui répondit qu'il était celui qu'Hécate avait choisi, et que Yorel ne l'était plus, c'était pourquoi Sysyphe continuait à recevoir des signes de la Déesse.
Il lui fallait trouver un être dénommé Aragorn qui, ayant participé à la construction de la nouvelle route entre la Forêt et Brumevent, aurait trouvé par hasard le masque en question.

Sysyphe disparut sur le champs et partit en quête.

(Note: le texte repasse à la première personne)

J'avais beau me hâter, je ne savais pas où vraiment trouver Aragorn, et je savais que par mon sacrifice, et l'action malencontreuse de Zaël, que Yorel Nalthar avait considérablement d'avance sur moi. Je me rappela alors un livre qui avait éclairé toute mon existence : le traité d'un homme de l'est lointain sur l'art de la guerre.
Je devais pour rattraper mon retard amener Aragorn à moi pour que ce soit au tour de Yorel de lui courir après.
Arrivée à la Baie je chargeais une connaissance de retrouver Aragorn et de le convaincre de me l'amener.
Je retournais à la forêt, au sein de la clairière et attendis patiemment plusieurs jours durant.
Aragorn arriva néanmoins assez vite et je fus grandement soulagé de ne pas voir Yorel à ses trousses. J'allai vers lui avec une démarche sûr et le regard d'un illuminé.

Sysyphe:

“Rassure toi, les choses sont parfois trompeuses et je ne suis pas de l'Arbre, car mes frères ont un tant soit peu oubliés les principes d'Hécate, à savoir que la violence est le dernier recours à l'incompétence. Car à ton expression, il me semble que tu ne fus pas des mieux traités dernièrement. Yorel et Zaël ont fait leur possible pour que je ne te retrouve pas, mais ma Déesse m'a soutenu et m'a guidé à toi.”

Je l'observais et guettais son expression. Il était un peu perplexe. J'espérais néanmoins qu'il goba mes mensonges.

Aragorn:

« Heu……………. J'croyais vous donner un message et qu'ça n'avait rien à voir avec Yorel Nalthar. Vous avez l'air d'quelqu'un avec qui on peut discuter plus cordialement qu'vec Yorel Nalthar. Si vous commenciez par m'éclairer un peu, ça m'aiderait à faire confiance… »

Je pris un air étonné, comme pour souligner que je fus surpris par le fait qu'il dut me rendre un message.

Sysyphe:

« Comment cela ? Bous avez un message pour moi ? Décidément Hécate a des moyens étranges pour guider les siens. Donne-moi ce message et ensuite si tu le souhaites j'aimerais te parler pour qu'ensemble on puisse éclairer les raisons qui nous ont réuni sous l'oeil bienveillant d'Hécate »

Aragorn:

« J'ai un message pour vous. J'vous l'transmets tel que j'l'ai retenu, mais j'suis sûr qu'm'a mémoire est bonne… »

Il me transmit le message fictif que je lui avais moi-même envoyé, faisant mine de m'y intéresser, puis il me cribla de questions, où j'essayais tant bien que mal de me donner un air affable.

Sysyphe:

“Laissez-moi vous expliquer. C'est assez long, mais je suis persuadé que seule la vérité pourra m'amener à vous convaincre. Notre rencontre n'est pas une coïncidence et je 'connais' celui qui vous a donné ce message de nom c'est tout.”

Sysyphe observait Aragorn et lui proposa de s'asseoir près d'un chêne, à la bordure de la clairière.
“J'ai été banni de l'Arbre il y a plus de 100 ans. Seul j'ai dû apprendre à vivre selon les préceptes d'Hécate, pas pour lui faire plaisir mais par nécessité, pour survivre.
J'ai erré seul comme un prédateur dans la forêt à la limite de la folie.
Puis Sergius est venu à moi et m'a pris sous son aile. J'ai intégré l'ordre noir, et j'ai très vite monté les échelons. Par ordre de mon Seigneur, j'ai dû me rendre à l'Arbre. Au moment exact de mon arrivée est apparue près de le grotte une statue de 3 mètres, à l'effigie d'Hécate.
Je ne connaissais quasiment rien des miens et de nos coutumes.
Ne sachant que faire j'ai décidé de rattraper mon retard vis à vis de ma Déesse et de faire un rituel où je mis ma vie dans ses mains. Le rituel fut un succès elle me laissa en vie et à deux reprises me parla.
Elle me fit comprendre qu'elle n'avait plus son symbole, et que sans celui-ci, le cycle naturel de la jour et de la nuit pourrait être gravement perturbé.
Je cherchais donc dans les livres et demandais à Osgoroth de me parler de cet objet. J'appris qu'Osgoroth l'avait perdu lorsqu'il fut banni de la forêt par les adorateurs de Te Dannan.

Yorel voulant depuis toujours être l'Élu d'Hécate, a réussi à savoir ce que j'avais trouvé. Et, aidé de Zaël, il me neutralisa pour un autre prétexte.
C'est là qu'il a retrouvé ta trace.

Sur ce Osgoroth, le favori d'Hécate vint me parler pour dire que notre Déesse me soutient encore, plus Yorel. Là il me dit que la Déesse te connaissait.
Tu as participé à l'élaboration de la route où Osgoroth aurait perdu cet objet, et Hécate m'a guidé directement à toi.

Sache que tout ce que je désire c'est retrouver cette objet. C'est tout. L'échec ne m'est pas permis, sinon je suis mort et damné. Mais je suis contre l'usage de la force, tu n'es pas une menace pour moi.
Peux-tu m'aider à trouver cet objet ou me l'échanger si tu l'as ?
Je suis prêt aussi à répondre à tes questions. »

En fait j'étais épuisé par mes pérégrination et je devais soit entretenir la conversation pour mieux cerner Aragorn et le tuer, un fois sur qu'il avait l'objet ou au mieux l'obtenir de son plein gré.
Apparemment Aragorn n'avait retenu que deux mots, le masque et Hécate. Et dans sa tête, Hécate signifiait la mort, donc le masque devait être un objet qui favoriserait la mort. Il se montra très retissant.
Je tachais alors de lui calmer ses réticences mais ne sachant rien de cet objet je nageais un peu dans le flou. Puis je tentais de calmer son sentiment qu'Hécate était le mal absolu.

Sysyphe:

“Maintenant pour Hécate, sache qu'Hécate fait partie, que cela te plaise ou non, de l'ordre naturel.
C'est grâce à elle que la nuit existe, sache que la nuit est une composante indispensable à la vie, sinon tout ne deviendrait qu'un désert, les plantes dépériraient, tout le cycle diurne et nocturne ainsi que le cycle de leur reproduction serait chamboulé. Hécate, même si c'est difficile à admettre, est un mal nécessaire, voire indispensable.
Elle incarne entre autre la loi de la sélection naturelle. Sache que là où il y a des prédateurs, les troupeaux de cerfs sont en meilleure santé et peuvent survivre.

Car ils sélectionnent sans haine et pour leur survie ceux qui sont trop faibles et affaiblissent l'ensemble du groupe. Si tu as des notions d'histoire, tu remarqueras que les civilisations qui avaient tout, et ne se remettaient jamais en cause ont sombré dans la décadence. Ne pouvant s'adapter, elles dépérissent.
J'ai de très nombreux exemples.
Le bien et le mal n'existent pas pour un adorateur d'Hécate, il y a surtout une adaptation aux lois naturelles, et une certaine indépendance.
Si tu me donnes ce masque je le rendrai à Hécate et je serai prêt à te venir en aide quand tu le désiras.

Sinon en-dehors des graves changement qui peuvent arriver, dûs à la montée en puissance du jour sur la nuit, sache qu'Hécate aidée de l'Arbre, arrivera à te retrouver où que tu sois. C'est un masque pas une arme magique.
Je te rappelle que ce masque appartient à Hécate depuis la nuit des temps.
J'attends ta réponse et tes autres questions. Si tu veux que je développe des points précis ?
De toute façon nous avons tout notre temps pour discuter, car personne de l'Arbre ne sait où tu es. Et pour moi, je n'ai rien d'autre de plus important à faire, car l'échec signifiera ma mort. Alors prends ton temps. »

Aragorn, à mon grand déplaisir, cherchait par tous les moyens une interprétation qui devait le convaincre du non fondé de ma requête.
En fin de compte, excédé, je m'énervai et lui fis justement comprendre, qu'il devait cesser sur le champ de se faire passer pour un être pur et dénoué d'intérêts, tant ses propos me confirmaient qu'il n'en était rien.

Sur ce j'étais exaspéré, je ne rêvais plus que d'une chose : tuer Aragorn. Mais à la forêt, en territoire ennemi, avec l'ordre noir qui avait perdu un combat contre les Druides non loin de là je savais que je ne pourrais pas aller très loin sans avoir une forte opposition.
J'avais beau être un bon prédateur, mes décennies de solitude n'avaient pas aiguisé mon sens du baratin et du langage, contrairement à Argorn dont j'avais sous-estimé l'intelligence, qui, lui, avait compris suffisamment de choses pour me forcer à agir ou à attendre son bon vouloir. J'étais d'ailleurs persuadé que j'attendrais toute l'éternité.
J'avais néanmoins réussi à réunir assez d'informations pour le suivre.

Ci-joint le dialogue entre Aragorn et moi, que tu n'es pas obligé de lire, mais comme preuve de notre longue rencontre.
Certain qu'Aragorn ne me faisait pas confiance, je le suivais en suivant ses traces de jour et de nuit en rôdant autour de lui. Laissant Aragorn dormir loin de moi. Je m'approchais en rampant vêtu de ma cape noire, de mon masque, sous le vent à un trentaine de mètres.
Me déplaçant à couvert, je faisais attention à ce que le feu de camp ne coupe pas ma ligne de vue. Prenant très peu de risque, pour minimiser l'échec, je savais que l'impatience me ferait échouer.
Grâce à mon infra-vision, j'observais le cycle du sommeil d'Aragorn. Une proie qui ne peut se réveiller que très difficilement est une proie facile.
Un insomniaque aura une préphase très longue et agitée, donc sa température corporelle resterait élevée, et il serait difficile de l'approcher sans risque.
Un gros dormeur lui serait vite en phase de sommeil profond.
Pour déterminer le cycle nocturne de ma proie, j'observais patiemment sa température corporelle, qui chuterait de plusieurs degrés, lors du sommeil profond où l'activité est minimale. Son spectre passerait d'un rouge vif, à rouge pâle bleuté. Répétant cela pendant trois jours en plus du voyage vers la forêt nord, j'étais vraiment épuisé.
Je ne dormais que vers quatre heures du matin et ne prenais souvent qu'un repas pour rattraper mon retard sur Aragorn et retrouver sa piste.
Malheureusement lors de ses bivouacs nocturnes, j'avais beau l'observer avec minutie, je n'apercevais toujours pas l'objet tant convoité. Si jamais il l'avait, il le portait sur lui. Il était constamment à ma merci mais une force inconnue m'empêcha de le tuer lors de son voyage.

Arrivé à la forêt je constatais que la Tour avait été défaite et je dus subir l'affront de voir Shrog maudit par l'archidruide. J'en fus contrit, et ne pouvoir agir m'était insupportable, mais je me ressaisis, car je voulais rentrer parmi les miens et leur annoncer le succès de ma mission. C'est pourquoi je ne fis pas de gestes inconsidérés. Je prétextai que la tour m'avait envoyé pour soigner les miens. Je savais qu'Eldoron m'avait à l'oeil et que ma marge de manoeuvre était des plus réduite. Qui plus est je n'étais pas un très bon magicien et le puissant sortilège des druides m'empêchait d'user de mes armes en cette période d'armistice.

Extrêmement énervé de mon impuissance, las d'être traîné par monts et vallées, arriva un dénommé Gilran, qui se disait mon apprenti envoyé par Glum. Il était soupçonné par l'ordre d'être un espion, et était très déprécié pour cela. Son arrivée augmenta alors considérablement mon irritabilité.

Il vînt vers moi me dit d'un ton nonchalant:

Gilran:

« Salut Sysyphe, Shorg avant sa, heu… transformation m'a indiqué que tu serais mon “parrain” pour entrer dans l'ordre noir. J'ai depuis longtemps réalisé toutes les épreuves mais apparemment la nouvelle règle veut que l'on soit chapeauté quelque temps… Alors me voilà. »

Je lui répondis un peu trop brièvement:
« C'est très simple pour l'instant fais toi tout petit, et suis-moi.
Je suis en mission, alors garde tes forces et attends mes instructions. J'aimerais néanmoins que tu me dises, pourquoi est-ce que tu veux rejoindre l'ordre, quel est ta vision du chaos, et qu'elle divinité pries-tu ? Au fait il se peut que je disparaisse, ne t'inquiètes pas.
Tu seras un guerrier noir quand je le déciderai. Sache que cela m'a pris beaucoup de temps. »

Sa réponse ne tarda pas à venir, il me regarda en serrant les mâchoires, mon entrée en la matière n'avait pas l'air de lui plaire et d'une voix froide me répondit :
“Shrog et Bargul m'avaient demandé d'être guerrier noir il y a déjà deux mois, mais j'avais à l'époque d'autre obligations, les choses ont changées à la Tour depuis. Puisqu'il faut que je te suives, fort bien je te suivrai, mais ne me traite pas comme un inférieur, sinon cela risque de mal se passer entre nous. Je pourrai te mentir en louant le chaos ou le reste, mais je m'en tape, je rentre dans l'ordre par amitié et reconnaissance envers Bargul, Shrog et certaines personnes y étant déjà comme Ivanhoé et Sukender. Et je ne prie personne…”

Décidément il ne désirait pas être guerrier noir où c'était un sot ce qui revenait à la même chose.
« Si je vous ai demandé à votre “Seigneurie” de vous faire tout petit, c'est parce que je suis en mission ultra confidentielle pour notre maître à tous les deux, et si je vous ai demandé de préserver vos forces , c'est que puisque vous m'accompagnez, il serait souhaitable pour notre ordre que vous puissiez le cas échéant achever ce que j'ai commencé, et au pire ne pas gêner cette mission.
Pour faire partie de cette ordre, il ne suffit pas de blesser quelqu'un, j'en suis à ma 6ème mission et j'obéis. Si tes relations te permettent de passer outre, alors je ne conçois pas pourquoi ces bons à rien t'ont envoyé. La plupart des problèmes que nous avons eu à la tour sont dus au fait que Bargul est laxiste et parfois agit comme un être de la Fournaise.
Nous avons trop accepté de personnes sur de simples critères martiaux et nous nous sommes réveillés un beau jour avec quatre espions. »

Là j'observais sa réaction, et désirais un peu sa perte, pour pouvoir rejeter ma frustration sur lui.

« Moi je suis là pour réparer, mais je commence à être las de tout cela.
Tu parles à un adepte du chaos, de l'ordre noir, de la magie noir, d'Hécate et Elfe noir, que tu suives l'ordre par amitié, c'est une position bien versatile.
Tu te moques des forces cosmiques qui nous gouvernent, mais sache que même si je répugne à tuer, si cela s'impose je le fais sans hésiter.
Alors fais moi plaisir et arrête de voir dans mes injonctions des ordre sadiques et supérieurs. Si je t'ai dit cela c'est que la situation l'exige, après on fera ce que tu veux, mais ne compte pas sur moi pour te parler tout le temps avec emphase, car je n'ai pas le temps. »

Je me ressaisis,

« bon pour l'instant je risque de disparaître si tout ce passe bien. Si tel est le cas, rejoins moi à la Tour, et nous partirons ensuite vers le nord. Dans le cas contraire je serais mort et définitivement enterré. »

Le pauvre avait avancé des éléments qui étaient faux, car il était loin de savoir l'opinion qu'avait de lui le conseil, je m'amusais à me faire passer pour un opposant à Bargul afin de voir ses réactions mais c'est une autre histoire. Il me répondit:

“Hum, tu es fier et passionné, j'avais mal compris tes premiers mots. Inutile de me parler avec emphase, je suis un guerrier, rien de plus, mais rien de moins.
Je suis aussi fier, mais ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour t'aider. De quoi as-tu besoin ?
Je t'obéirai donc et ne cherchons pas à comprendre nos motivations respectives… l'important est dans nos actes. Cependant je ne puis te laisser parler ainsi de Bargul. Il m'a accueilli quand la Justice de la Baie me poursuivait, Je lui suis fidèle et reconnaissant (ainsi qu'à Shrog) Je pensais qu'ils étaient les chefs de notre ordre. Plus de question sauf une : les espions… qui et où sont-ils ?”

Là, Gilran prit un air sinistre et froid.

Sysyphe:

“Bien garde tes forces, nous avons une proie à abattre qui détient l'objet de ma quête, il s'agit d'ARAGORN. Demain, je te dirais où nous lui tendrons une embuscade et si nous réussissons, ce sera un bienfait pour l'ordre.
Tiens toi prêt, grâce à toi je peux enfin réussir. Ne fais rien sans mon aval car ici il y a une trêve, mais bientôt nous l'aurons.”

Je lui souris et retourna prestement dans l'ombre, comme si le temps parut s'effacer.

Je cherchais la nuit venue une zone isolée, broussailleuse, assez loin du campement de Jaspe, et de ses acolytes. J'y creusais un trou, puis répandais des excréments d'animaux dans la terre meuble afin de masquer mon odeur. Je préparais un lit de feuillages, ainsi qu'une tige pour respirer. Cela représentait une retraite idéale.
Je laissais mon arbalète et, au milieu de la nuit, déclamais une prière à Hécate.

“O ussta Ilhar, ussta Quarvalsharess, ussta Orn! Usstan uil pholor har'droen ogglin lueth ulu l'z'ress naut shlu'ta inbau nindel vel'uss luent dosst.
Zhahn pholor inthigg xuil udossta lienth, doer pholor ussa, taga usstan nauquell tlu stree jhal meriados, lueth iz' l' ülf usstan plynn l'plane. Taga ussten suss rilvel'klar, taga ril'khel de ussen fhle'ss ph' uloth de felis, vel'uss plynn ilten rotha nint wu'suul vedriesh.
Usstan nauquell zhal tlu Drow jhal kharsh, velkynen en solen de l' Hazek il'n, xxizz ussa a plynn uk'nindel naukhel rothen vel'uss eza dosst nezen, whol taga uk dos tlu belb.”

Traduction:

” Oh ma mère, ma Déesse, ma volonté! Je suis en territoire ennemi et par la force ne peux obtenir ce qui est tiens. Alors en accord avec notre nature, viens en moi, que je ne sois plus intelligence mais instinct, et que tel le loup j'appréhende le monde.
Que mes sens rayonnent de toute part. Que chacun de mes gestes soient celui d'un félin, qui prend ses proies dans leur sommeil. Je ne dois plus être Elfe mais animal, invisible aux yeux de la forêt elle-même. Aide moi à approcher cet être indigne qui négocie ton bien, afin qu'il te soit justement restitué.”

Là, je m'approchais de lui sous le vent dès qu'il fut totalement endormi m'aidant de mes récentes observations. Je fis très attention à chacun de mes gestes, et je m'efforçais de bien réguler ma respiration afin de ne pas être à bout de souffle sous le coup du stress.
Faisant très attention au balancement de mon poids, je tentais de limiter au maximum le bruit de feuilles écrasées. Ne cessant de surveiller les alentours, pour ne pas être surpris, je ne ménageais pas ma peine pour repérer toute zone où je pourrai me cacher au cas où quelqu'un passerait à l'improviste.

Lentement, inexorablement je rampais vers Aragorn, tenant fermement dans ma main droite, ma Hache, coté inverse de sa lame, prêt à fracasser son crâne pour l'assommer, si jamais il faisait mine de se réveiller. De mon autre main je fouillais ses affaires. J'avais préparé un masque factice afin de le substituer pour me donner assez de temps pour fuir le courroux de Jaspe. Malheureusement le masque il l'avait sur lui. Là Eldoron à mon grand malheur passa par là, décidément il devait avoir une dent contre moi, mais lors de mon prompte repli je fus néanmoins satisfait de savoir que le masque fut en possession de ma proie.

Le lendemain, Aragorn ne s'était aperçu de rien, et semblait désirer à ma plus grand soulagement, rester en ce lieu. Là arriva, tôt dans la matinée un être en loques, marchant vers nous comme un zombie, tellement déplorable fut son état. Il ressemblait à un humain mais ses yeux étaient seulement deux billes d'un noir de jais. Revenant probablement d'un combat je me hâtais d'aller à sa rencontre. Après tout mon rôle officiel ici fut de soigner les blessés.

Il se nommait Feanor, et venait d'affronter et de survivre à deux guerriers du chaos, qui le pourchassaient pour le punir d'avoir soutenu Arkynia.
Nous discutâmes assez longuement et il me proposa son aide en échange de la protection de la Tour.
Comment expliquer pourquoi ce Démon m'a plu. Contrairement aux humains il n'essayait pas d'avoir une approche agressive, qu'ont ces humains constamment pressés en raison de leur faible espérance de vie. Il réagissait de façon pragmatique et ne discuta jamais les ordres que je lui donnais. Il me fournit à moi et à Gilran les armes pour détruire Aragorn.

Ainsi aidé, pour tester Gilran, et me permettre d'avoir une autre tentative ainsi qu'une couverture pour ramener le masque à l'Arbre, je suppliais Gilran de prendre l'initiative arguant que je n'étais pas en mesure de le tuer, n'ayant pas de sort offensif, ce qui fut bien entendu faux.
Sachant qu'il brûlait de prendre les devants je souris de compassion et me demandais comment les humains qui sont si facile à manipuler, peuvent être aussi nuisibles.

Feanor et moi allâmes nous cacher, pour préparer notre attaque une fois que Gilran aurait échoué et affaibli ma proie.

Contre toute attente Giran alla parler à Aragorn. Ma colère grandit, mais je dus m'esquiver car étant probablement un traître, s'il me dénonçait j'irais rejoindre sous peu la confrérie des batraciens.
Alors qu'Aragorn était tranquillement à l'orée de la clairière, Gilran l'harcelât de ses sorts…
Avant que ta vie ne brûle sous ses flammes, il s'arrêta.

Gilran à Aragorn:

“Si tu veux vivre” lui murmure-t-il “tu te tais et tu me suis, acquiesce juste de la tête. D'autres hommes te surveillent, à la moindre parole ils t'abattent…”

Je n'entendis bien sûr pas ses propos mais il m'en fit part par la suite.

Surpris mais ravi, il me tendit le masque d'Hécate. Je n'eus pas le temps de célébrer cette réussite et donnais déjà un point de rendez-vous à mes deux alliés.

Je suis encore surpris de la vitesse à laquelle je revins à la statue d'Hécate.
En une seule journée je la rejoignis et épuisé je me traînais à elle et remis le masque entre ses mains.
Celle-ci soudain s'anima. Elle se tourna vers moi, me contemplant. Je crois qu'elle me fit un sourire, puis disparut.
Entre mes mains apparut une arbalète noire comme la nuit. Je me rendis compte que j'étais l'Élu.

Une jeune fille s'approcha de moi… hésitante…mais très calme… et me sourit…

“Bonjour, excusez moi…
Je m'appelle Viny et je recherche Max Pedipoil… L'auriez vous rencontré récemment ?”

Quand elle s'approcha de moi, j'étais prostré.
Je me retournais lentement vers elle, mes yeux d'airain luisant de larmes, je l'observais en silence, puis tendis la main vers elle comme pour lui caresser la joue et répondis d'une voix douce:
“Il y a un peu moins de deux semaines, il était dans la grotte. Puis je suis parti. Peut-être que Lucilde pourrait mieux t'informer, moi je dois retourner chez les miens.”

background/histoires/masque_hecate.txt · Dernière modification : 18/08/2022 08:07 de 127.0.0.1
Haut de page
CC Attribution-Noncommercial-Share Alike 4.0 International
chimeric.de = chi`s home Valid CSS Driven by DokuWiki do yourself a favour and use a real browser - get firefox!! Recent changes RSS feed Valid XHTML 1.0